Ça claque!

Je suis tout simplement impressionné par ce film.
Ce n'est pas tout-à-fait un film, pas au sens habituel du terme. C'est presque mieux que ça!

Je le snobais depuis un moment, car l'affiche ne m'avait pas emballé. Le jeune Spiderman au milieu a l'air bête, son araignée lui dessine une espèce de bouche moche. On dirait un méchant idiot.
J'ai fini par craquer, c'était le seul moyen d'arriver à concilier les envies de ma fille, qui voulait un dessin animé, et les miennes, qui voulait plutôt un film (j'adore les dessins animés mais en général j'ai vu tous ceux qu'elle veut voir -_- ).

Eh bien, je n'ai vraiment pas regretté.
L'animation est juste exceptionnelle, les effets BD sont super réussis, on s'y habitue dès le début: ils sont faciles à accepter car très esthétiques. Les couleurs, les traits, les compositions sont équilibrés, dynamiques. Un contraste étonnant règne sans cesse: très comics, très New York, très américain (dans mon imaginaire façonné par des films et des séries en tout cas). Ce contraste, qui pourrait nous écœurer, car il se compose sans cesse de couleurs criardes ou très fades, ternes au contraire, est tellement dynamique, tellement vivant, qu'il en est beau, rend belle même la laideur.

Des effets de flous étonnants, rappelant l'image 3D, bordent l'image: tout est flou, comme dédoublé, en dehors de ce qu'il faut voir, comme dans la vision réelle. Ils ajoutent à la fois de l'esthétisme, et aussi, je crois, rendent l'action plus dynamique, encore une fois: tout bouge sans arrêt en fonction du focus de notre regard, fixé sur le cœur de l'action. La caméra, comme les personnages, n'est jamais trop statique: chaque seconde est réfléchie, optimisée, travaillée. Excellent.

La musique accélère encore l'action trépidante, s'accrochant parfaitement à l'image. Comme tout le monde, je ne peux qu'admirer et louer les premières minutes qui m'ont convaincu de plonger avec enthousiasme dans le film. Cette introduction est pour moi parfaitement réussie: pleine de promesses, sans rien révéler de trop, vivante, galopante même, agréable autant par la musique que par les couleurs et les dessins, affichant avec fierté les points forts et originaux de l'animation.

J'avoue que cet intro m'a persuadé de balancer tous les préjugés avec lesquels je commençais le film. Terriblement déçu par la façon dont Spiderman avait chu dans le 3, je m'attendais encore à quelque chose de beauf. J'avais beaucoup aimé le 1 et le 2 dans mon adolescence, et le 3 m'en avait même fait passer le goût.

Le scénario est très sympa, rien d'original, mais tout de même sympathique: le personnage principal est attachant et les autres plaisants.
Et puis ce Spiderman saute avec légèreté le fossé qui commence à séparer cruellement les films de super-héros de ce qu'on attend aujourd'hui.
Un héros homme, blanc, aux yeux bleus, blond, fort, bon, aimé des femmes, des faibles, hétérosexuel... ça commence à être irritant. Surtout que bon... il y a beaucoup de héros comme ça. Trop peut-être?
Ce film a trouvé le moyen de faire un spiderman noir, un spiderman loser, deux spiderwoman, dont une japonaise de style manga :D, un spiderman rétro (bonne idée ça encore), et... un spidercochon! Encore une bonne idée le coup du héros animal, pris avec assez de sérieux même s'il reste clairement un personnage comique.
Donc voilà, les héros ne sont plus seulement des hommes: celui-ci est un petit gamin prépubère, c'est très bien.
Et même: feu le héros, merveille de l'anthropocentrisme: dès le début, Peter Parker se fait buter. C'est bien.

Bref, ce n'est pas tellement pour son scénario que j'aime ce film. J'aime ce film parce que bien qu'il repose sur un scénario un peu fragile, il dépasse cette faiblesse par une animation très belle, très dynamique, et assume clairement son époque en brisant les stéréotypes dépassés de ses origines.
Bref, un film qui réfléchit!