Il est rare que les Américains fassent moins bien que nous mais je dois dire que le célèbre "Garde à vue" avec Serrault et Ventura a encore de belles années devant lui.
Après le fidèle remake "Suspicions" (avec Freeman en flic et Hackman en suspect), la réalisation nous propose ici une adaptation s'affranchissant du huis-clos, probablement pour permettre au spectateur "moderne", nourri à la culture du zapping et à la gesticulation, de ne pas ressentir l'ennui et la monotonie dus à l'utilisation d'un seul et même lieu.
Le film n'est pas raté pour autant, la tension suffocante présente dans l’œuvre d'origine étant délaissée au profit du mystère entourant le personnage de Guy Pierce, ici à l'interprétation convaincante, dont on ne saura pas pendant une bonne partie du film s'il est réellement innocent ou s'il s'avère être un dangereux pervers incapable de résister à la tentation de glisser sa main sous la culotte de ses étudiantes...
Brosnan n'est pas en reste et semble avoir atteint une forme de maturité et de sérénité dans son jeu, son allure de "boyz band" et son sourire de pub Freedent n'étant désormais plus qu'un lointain souvenir.
La mise en scène tente ainsi d’immiscer le doute dans l'esprit du spectateur, en disséminant avec parcimonie des (faux) indices lors de flashbacks nous décrivant les visions et souvenirs de Pierce, ce dernier semblant étrangement atteint d'un début d'Alzheimer et étant bien incapable de se souvenir avec précision de ce qu'il a fait les jours ou les semaines précédents la disparition d'une jeune fille.
Brosnan en fera logiquement son principal suspect suite au recueillement d'un témoignage et à la confusion des réponses apportées par Mister Pierce (Guy, pas Brosnan...), les preuves semblant s'accumuler et l'accabler.
Tout comme dans le film d'origine, le suspect présumé s'enfoncera de plus en plus jusqu'à se retrouver acculé et douter lui-même de son innocence tant sa mémoire lui fait défaut.
La valeur ajoutée de cette adaptation est de pouvoir apprécier les répercussions de ce sentiment de suspicion sur l'entourage de ce modeste prof de philo, dont nous partageons le point de vue, et sur sa femme et ses enfants en particulier.
Pierce (Guy, pas Brosnan...) sera en effet perçu comme un menteur et se retrouvera comme coincé dans une sorte d'engrenage infernal (d'où le titre du film, "spinning"!), où plus il tentera de se justifier et de se disculper, plus il sera suspecté.
La réalisation, sans faire preuve d'une réelle originalité, dispose tout de même d'un savoir faire permettant d'attiser notre curiosité, et nous sommes ainsi curieux de savoir si ce brave Guy (Pierce, pas Bros...) finira par s'en sortir dans ce joyeux bordel où tout semble réuni pour le confondre.
Malheureusement la fin déçoit dans la mesure où le réalisateur n'a pas osé s'affranchir du dénouement original, optant donc pour la sécurité et m'empêchant par ailleurs d'attribuer davantage de points à ce film.
Ce dernier reste toutefois un honnête divertissement à l'interprétation crédible et la mise en scène soignée et cohérente, à voir par curiosité si vous voulez par exemple le comparer à l’œuvre d'origine.
Je vous conseille aussi de vous précipitez sur le film de Claude Miller si vous ne l'avez pas encore vu, vous allez vivre un grand moment de cinéma!