Une famille pas comme les autres
C'est dingue ce que Delphine Chanéac est tout de suite plus jolie une fois ses yeux remis en place et ses cheveux poussés !
Vincenzo Natali, je l'aime bien. Ses films ne sont jamais parfaits, mais il propose des concepts intéressants. "Splice", ça faisait longtemps qu'il me faisait envie, mais j'avais de l'appréhension suite à plusieurs critiques lues. Je n'ai donc jamais été au bout de mon envie... jusqu'à ce soir.
"Splice", contre toute attente, est un film familial et non un film d'horreur comme on aurait pu s'y attendre. Cela a de quoi dérouter le spectateur qui comprend très vite que, même s'il y a une certaine tension dans le film, on ne cherche jamais vraiment à effrayer. L'on dépeint plutôt la vie d'un couple qui se sent plus ou moins prêt à avoir un enfant. Natali l'a bien compris, la science fiction et le fantastique sont deux genres qui servent avant tout à parler de problématiques réelles, ce n'est donc pas de la pure fantaisie spectaculaire. Il reprend alors le mythe de Frankenstein pour partir dans une autre direction.
Sa direction implique de faire plus ample connaissance avec la créature. Là, j'avoue que c'est ma corde sensible : quand on fait ami ami avec le monstre, quand on tente de le comprendre. C'est le cas ici. Mais le film ne s'arrête pas là. Natali veut avant tout raconter des personnages et met donc en avant le couple Elsa-Clive plutôt que leur curieuse progéniture. Une relation ambigüe qui va passer par différentes phases. La créature sert même de prétexte.
Si dit comme ça, le film semble parfait, il reste tout de même quelques problèmes au niveau de la structure scénaristique. Un début trop long, l'intrigue démarre trop tardivement à cause de quelques maladresses (on n'y croit pas du tout à ces recherches scientifiques pop), et une fin qui contient beaucoup trop de retournement de situations (spoiler en bas de page)*. Aussi, du fait qu'il ne s'agit que d'un film à 3 personnages qui parlent beaucoup, même s'il y a beaucoup de conflits, il est difficile de maintenir un bon rythme, et Natali échoue, malheureusement, à maintenir le niveau.
Outre les scènes de début et de fin qui sont maladroitement mise en boîte, la réalisation est assez réussie. Je m'attendais à quelque chose de plus contemplatif, tout au moins pour la première demi-heure, plus chirurgicale. Les effets spéciaux sont vraiment bluffant. Natali avait gardé son projet en gestation 10 ans avant de se lancer dans l'aventure, car il avait besoin que la technologie évolue suffisamment pour donner des résultats satisfaisants (un peu comme Star Wars episode 1, 2 et 3), ce n'est pas pour autant qu'il se lance dans une exhibition écoeurante de la créature ; conscient que le numérique a ses limites, l'auteur n'en fait pas trop, même si la créature est souvent à l'écran, l'on peut constater que bon nombre d'artifices mécaniques sont utilisés. Enfin les acteurs délivrent une très bonne performance. Poley incarne la plus méchante, la plus lunatique aussi, mais Brody se débrouille très bien aussi.
Bref, une belle petite série B sympathique qui part dans une direction inattendue mais plaisante. J'ai hâte de voir "Haunter".
*le changement de sexe était prévisible et important. En revanche, la mort de Clive n'était pas nécessaire et semble donc être un coup de théâtre inutile. De même que la grossesse de Elsa était prévisible, il était donc ridicule de vouloir créer un suspens en montrant le ventre au dernier moment...