J’avoue avoir un certain intérêt pour les œuvres qui grattent le vernis des religions et de leurs dogmes.
Alors quand j’ai commencé à entendre parler de « Spotlight », notamment et comme bon nombre d’entre nous, via le buzz qu’il est en train de faire en récoltant un nombre impressionnant de nominations aux différentes cérémonies de remise de prix outre-Atlantique, mon cerveau d’agnostique s’est mis à frétiller.
Peut-être allais-je avoir des pistes de réflexions expliquant cette aberration qu’est la pédophilie par des prêtes (inutile de rappeler les valeurs qu’ils sont censés incarner) et sa gestion par l'ensemble des institutions de l'Église catholique (inutile de rappeler les valeurs qu’elle est censée incarner).
Ce n’est pas ce que j’ai trouvé dans ce film et ce n’est pas ce qu’il vend.
Le film ne raconte pas le scandale des prêtres pédophiles à Boston. Non, le film se concentre sur l’enquête de l’équipe du Boston Globe sur les prêtres pédophiles à Boston et pour relater le plus fidèlement possible l’histoire de ces journalistes, le film en adopte presque les codes.
Le travail sur le scénario et la réalisation est d’une propreté et d’une sobriété sans faille. Cela donne au film un réalisme quasi documentaire appuyé par une photographie vintage en évitant l’écueil d’être trop clinique.
Car oui, Spotlight a malgré tout une âme.
Et cette âme passe notamment par le jeu des acteurs, tous formidables, et le parti pris de ne pas faire dans le sensationnel ou le misérabilisme. Le réalisateur a compris qu’il n’est nul besoin de prendre en otage le spectateur, le sujet se suffit à lui-même. On suit donc avec fascination cette équipe d’acharnés incarnés par des acteurs à l’image du film : sobres, crédibles et touchants. Le film nous fait habilement et sans long discours sentir le poids qu’ils portent sur leurs épaules au fur et à mesure que l’enquête avance et que l’horreur s’impose ainsi que leur volonté de continuer, malgré les obstacles, ce qui se révèle être une croisade rappelant le « fondamentalisme » du journalisme.
Un film d’une grande justesse démontrant à quel point le journalisme, le vrai, est un sacerdoce demandant un savant mélange de dévotion, de professionnalisme, de ténacité, d’expérience et d’instinct.

mdehaene
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le 4 févr. 2016

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