Spotlight traite du travail colossal qu'on fournit une équipe journaliste du "Boston Globe" pour mettre en lumière les affaires de prêtre pédophile que l'Eglise a couverte. Des prêtres pédophiles, parlez-moi d'un scoop ! Le sujet semble sortir un peu de nul part et pourtant nous sommes pris pendant presque deux heures dans ce film-enquête.
L'élément déclencheur du film est l'arrivée d'un nouveau rédacteur en chef (Liev Schreiber). L'objectif de celui-ci est de faire grimper le nombre d'abonnés, cependant il décide de s’intéresser à l'affaire du viol d'un enfant par un prêtre catholique. Le sujet est confié à l'équipe de Spotlight, une équipe de journaliste travaillant de façon indépendante au sein du « Boston Globe ». D’abord sceptiques, leurs nombreuses découvertes mettre en lumière un système que beaucoup préfère ignorer.
Tout d’abord, ce film est un hommage au journalisme d’investigation, le vrai ! Celui qui permet de trouver la vérité à force de rigueur, de travail et de patience. Ce sont d’ailleurs ces vertus qui caractérisent Spotlight. En filmant ces journalistes d'élite du "Boston Globe" au taquet dans leur volonté de faire sauter ce système, le cinéaste les accompagne dans leurs recueils de témoignages, guettant les heures d'ouverture ou de fermeture des centres administratifs et des bibliothèques. En visitant les bas-fonds comme les hautes sphères de Boston, le film dresse un portrait peu flatteur de la ville dont les institutions sont toutes sous l'influence de l’Eglise catholique. La preuve en image avec des églises partout dominant les maisons, les administrations… et les jardins d’enfants. Malaise du côté des personnages, malaise du côté des spectateurs.
Dans le traitement des personnages, l’Humain est délaissé, on préfère mettre en avant le Professionnel et bien qu'ils le mériteraient, les journalistes ne sont pas iconisés. Leur vie privée est complètement mise de côté (Ils sont mariés ou parents mais leurs conjoints ou enfants n'apparaissent pratiquement jamais) pourtant nous voyons les enjeux ou les dilemmes auxquels chacun doit faire face au fil l'enquête. Peu à peu, ceux-ci finissent par donner l'impression d'être partis en croisade avec comme seul arme leur carnet de note. On peut dire chapeau au casting cinq étoiles du film (Michael Keaton, Rachel McAdams, Mark Ruffalo…) dont l’interprétation est juste, cohérente avec la mise en scène sobre de Thomas McCarthy.
L’ensemble est captivant et fidèle aux faits réels. Je le recommande à tous et pas qu’à la rédaction de Médiapart.