Très classique dans sa forme, en l'occurrence celle du cinéma d'investigation américain, Spotlight n'en tient pas moins le spectateur en haleine, cela étant rendu possible par le rythme haletant d'un film qui relate pourtant une histoire qui se déroule sur plusieurs mois.
Bien qu'abordant un sujet hautement scabreux (la pédophilie systématisée au sein du clergé), Mc Carthy parvient à rester sobre et à éviter de sombrer dans le pathos facile, ce qui, paradoxalement, rend son propos particulièrement émouvant, et cela de plus en plus fortement alors que l'intrigue progresse.
A travers l'enquête journalistique qu'il dépeint, l'intérêt majeur de Spotlight est de démontrer le caractère quasi-systémique des abus sexuels commis par des prêtres catholiques, caractère qui découle - selon la thèse mise en avant dans le film - de la détonante combinaison de l'obligation de célibat faite aux prêtres et d'une culture du silence qui provient du fond des âges. Système qui s'autoalimente et contraint en quelque sorte la hiérarchie cléricale à couvrir ses 6% de "brebis galeuses", appellation qui - à ce niveau - devient bien évidemment abusive.
Voilà, un film à thèse, simple, efficace, bien fichu, porté par de bons acteurs, le tout faisant qu'on rentre bien dans le truc et qu'on y croit.