Il m'est difficile de juger Spring Breakers étant donné qu'à mes yeux, ce film ne veut rien dire. A vrai dire je ne le considère même pas comme tel, c'est dire le niveau d'estime que j'ai pour lui.
Il est constamment mis en comparaison avec Projet X, ce que j'ai par ailleurs fait pendant la séance, mais à vrai dire, ça n'a pas vraiment lieu d'être. D'un côté on à le film fun pour teenager filmé à l'arrache, mais maitrisé, malgré son fond inexistant et sa trop grande volonté à dire que "la débauche et la drogue, c'est fun". De l'autre on à celui-ci, qui, je suppose cherche à critiquer plutôt qu'à glorifier. Et c'est légitime pour lui, après tout ça ne ferait de mal à personne de voir cette génération merdique portée au nu, s'en prendre plein la gueule.
Le problème est là aussi, pourquoi le faire de cette façon ? J'aimerais réellement qu'Harmony Korine vienne, note d'intention en main, me dire ce qu'il comptait réellement dire, montrer à l'écran. Est-ce que tout cela à un sens, un intérêt ou bien est-il juste incroyablement mauvais ? Il avait pourtant scénarisé Ken Park que j'avais trouvé très troublant mais intéressant. Ici, c'est du non-sens permanent, sans réelle continuité.
On suit cette fameuse bande de poufiasses qui, à travers une première scène, montrent à quel point elles sont en manque de queue en plein amphi. Elles ont l'air à la ramasse, et étonnamment, n'ont pas une thune. Alors elles décident de braquer un dinner pourri, pour le fun.
A partir de là, c'est l'éclate, la drogue, l'alcool, le springbreak quoi. Comme on peut le voir dans la toute première scène du film. C'est du Skrillex à gogo, des seins nus, des bites à l'air. Ca joue avec les mecs à coups de "t'auras pas ma chatte euh" et là on perds franchement espoir. Parce que bien évidemment, c'est réaliste étant donné que ça correspond parfaitement à cette génération de merde, sauf que tout ça étant donné que je ne le supporte pas dans la vie réelle, comment le supporterait-je à l'écran dans une salle remplie de gamines et de mecs en rut ?
Les situations s'enchaînent donc, dans une structure éclatée insupportable qui nous montrera au fil du temps comment les situations finiront. Pourquoi ? Quel est donc l'intérêt quand on sait dors et déjà très bien comment tout cela finira ? Si il y avait eu encore un soupçon d'hésitation, pour nous induire en erreur, mais non.
D'autant plus que chaque séquence est entrecoupée de cet insupportable son de chargeur de flingue qui au final, sortira plus le spectateur de sa torpeur, qu'il ne le clouera au siège.
Ou cela veut-il donc en venir alors ? Je ne le comprends toujours pas. Je n'y vois qu'une critique indigente d'une génération qui l'est tout autant. Un film sans aucune subtilité qui ne donne comme morale que "tout le monde reprends le cours de sa vie à un moment donné", et personnellement, c'est pour moi du niveau d'une émission d'NRJ12 ou une grognasse de télé-réalité se rendrait compte que la vie est dure après avoir perdue sa lotion pour les cheveux.
Spring Breakers est certainement le film le plus prétentieux et le moins subtil qui soit sorti depuis un moment, un film volontairement choquant (un peu comme Ken Park) aux répliques mauvaises ou l'on va recruter des nunuches de chez Disney pour, évidemment, casser leur image de midinettes bien pensantes. Certains y voient quelque chose de couillu, moi j'y vois juste une occasion de faire du fric. Des fillettes d'ailleurs très mauvaises, qui interprètent leur rôle d'une façon si insupportable que le coup de pelle sur la nuque se fait sentir. Signalons un James Franco bizarre, qui change encore de costume d'une incroyable manière mais qui campe l'un des personnages les plus ridicules que j'ai pu voir au cinéma.
Je me demande encore si je préfère réfléchir à ce "film" sans le moindre intérêt, ou le laisser croupir dans une malle six pieds sous terre. Que cette génération s'en prenne plein la gueule, je suis pour, mais qu'elle le fasse en silence, et pas au cinéma.