Non, je n'ai pas aimé. Non, je ne m'attendais pas à un Projet X-like.

Voici un film qui déchainera les passions pendant longtemps. En effet, Spring Breakers sera cité dans les Top 10 et les Worst 10 de cette année. Il ne laissera pas indifférent. Ce qui va suivre est donc un sentiment personnel.

Spring Breakers est un bien mauvais film, de cette caste de la prétention vomitive qui agace jusqu’à en haïr son réalisateur, Harmony Korine, qui livre ici sa vision de la jeunesse américaine, prête à tout pour un idéal hédoniste ensoleillé. Pour ce faire, il aurait fallu que l’auteur ne prenne pas de haut ses personnages, tous plus insupportables les uns que les autres (hormis Selena Gomez, très juste, mais aussi très vite éjectée du film) et écrits n’importe comment. En effet, des quatres héroïnes, seules deux sont réellement importantes. Quand le film ne garde que Vanessa Hudgens et Ashley Benson dans le dernier quart d’heure du film, on s’aperçoit qu’on ne sait rien d’elles et qu’elles ne sont que des clichés ambulants, là où Selena Gomez était bien plus intéressante (tout est relatif, le personnage de la chrétienne qui refuse de tremper dans la criminalité, merci mais on l’a déjà vu et c’est débile, vu ce qu’elle se permet de faire auparavant). On passera très vite sur James Franco qui livre sans doute une des pires imitations de rappeur qu’il nous ait été donné de voir. Jamais crédible, obligé de rajouter ”Yo” à chacune de ses fins de phrase tel un vulgaire Jean-Marie Bigard qui imiterait les jeunes, on ne le supporte plus au bout de 20 minutes. Quand Gucci Mane est l’acteur le plus crédible du film, on peut se poser certaines questions quant à la direction d’acteur.

Mais si le film se manque sur le fond, on aurait au moins pu espérer qu’Harmony Korine se rattrape sur la forme. Raté. Hormis quelques plans plutôt réussis, le film manque clairement de rythme et sa dimension auteurisante plus que jamais superficielle (faire répéter 6 fois la même phrase à ses personnages n’est pas une bonne idée, loin de là. C’est furieusement pénible). Il réussit cependant une grande séquence, celle où James Franco interprète du Britney Spears sous fond de braquages au ralenti. Ce qui est assez impardonnable, c’est le manque de fondamentaux d’Harmony Korine : incapable de filmer une discussion (celle entre Selena Gomez et ses amies de paroisse), il se permet ensuite d’enchaîner filtres de couleurs sur filtres de couleurs. Par moments, on a l’impression de regarder du Michael Bay sous calmants. Tout est très orange, très bleu, sans aucune explication ni raison. Tout témoigne d’une prétention sans faille.

Spring Breakers n’est ni un poème ni une expérience, c’est un film bien trop prétentieux et vaniteux pour convaincre un spectateur qui n’a que faire de voir 4 pauvres débiles sniffer le plus de coke possible et fumer plus de blunts que Snoop Lion. Cela ne suffit pas pour faire un film, Mr. Korine. Filmer des filles nues pour montrer la vacuité de l’esprit de la jeunesse américaine non plus. En tout cas pas pendant 2h durant. Ce serait trop facile, sinon. Très médiocre film. (Et non, je n’attendais pas un Projet X 2. Je tiens à le préciser car cela semble être la seule ligne de défense des fanboys du film.)

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le 20 mars 2013

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CeeSnipes

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