Au début on ne sait pas trop.

On a vu des seins, on a vu des filles un peu idiotes rigoler bêtement, on a vu de l'alcool et de la drogue, on a entendu de la techno et des voix off nous faisant la morale sur ô combien le Spring Break leur a apporté joie et découverte de la vie, la vraie.
Puis on a vu des gens aimer ce qu'ils auraient dû détester, puis on a vu des gens détester ce qu'ils auraient dû aimer. On a vu des gens dire que c'est le meilleur film de 2013 so far. On a vu des gens dire que c'était pire que Projet X.

Alors vraiment, au début, on ne sait pas trop. Mais on y a traîné ses amis et on aimerait bien que ça soit au moins regardable, parce qu'on a beaucoup de responsabilités sur les épaules.

On s'assoit, à gauche deux jeunes hommes, la vingtaine, clairement là pour voir des gros einss, à droite un couple avec pop-corn, plutôt présents pour passer un moment léger entre amoureux et rigoler un peu.

Eux, ils ne savaient vraiment, mais vraiment pas à quel point ils allaient être déçus.

La première scène arrive et c'est déjà le gros malaise. Le gros malaise qui arrive aussi vite que vous avez lu cette phrase. BOUM. LE GROS GROS MALAISE. La peur qu'on ne puisse pas tenir jusqu'à la fin du film. La peur que nos amis ne nous parlent plus jamais. La peur que la salle entière vomisse et qu'on ait perdu deux heures de sa vie.

Et puis ça devient moins insoutenable. Skrillex s'en va, tant mieux, il laisse place à la nuit calme. On peut se reposer (en apparence) pour quelques minutes, mais l'expérience ne fait que démarrer. L'expérience, l'overdose, le dégoût, le voyage, le crash, l'envolée, l'admiration, l'hypnose, l'exaspération, la beauté, la saleté, le rouge, le bleu, le vert, le rose. Le rose bonbon qui va côtoyer le rouge sang.

Pas de morale.
Pas une seule seconde de relâchement.
Juste le montage le plus parfait que j'ai vu depuis quelques temps.
Une mise en scène, une photographie, une réalisation à couper le souffle.

(Spring Break... Spring Break...)

Et couper le souffle, c'est vraiment ce qu'a fait le film. Au bout de dix minutes, plus un seul bruit dans la salle ne sera entendu, les spectateurs trop choqués pour même dire à leur voisin qu'ils n'aiment pas ou qu'ils veulent partir. Seulement quelques rires nerveux parfois, comme pour se rassurer, essayer de sortir un peu de cette tension permanente, se convaincre que les images ne nous atteignent pas, se convaincre que la scène sur du Britney Spears est hilarante.

Spring Breakers ce sont des images qui restent en tête.
Spring Breakers ce sont des scènes beaucoup trop longues pour être acceptables.
Spring Breakers ce sont des fêtes qui se répètent, qui se répètent, qui n'en finissent pas.
Spring Breakers ce sont des armes, du sang, des lignes de coke, un ralenti sur un pont.
Spring Breakers je l'admire, je le regarde, je le ressens, je l'aime parce que je sais qu'il va décevoir bien trop de personnes. Je m'incline devant la façon dont a été vendu le film. Je m'incline devant ce qu'est vraiment le film. Je lui dis même merci.

Du rouge. Du bleu. Du vert. Du rose. Du rouge.

Spring Breakers ce sont des armes, du sang, des lignes de coke, un ralenti sur un pont.
Spring Breakers ce n'est pas pire que Projet X.
Spring Breakers c'est le meilleur film de 2013 so far.

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le 22 mars 2013

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