Harmony Korine détourne cet objet psychédélique et incongru pour le modeler tel une véritable expérience rythmée de sa décadence et de son sale enchantement. Penser rentrer dans un bête teen-movie puis en ressortir lessivé et conscient d'avoir aimer voguer dans un rêve en carton, c'est surement la grande force de Spring Breakers. Comme Godard en son temps, Harmony Korine avance dans le temps telles des pulsions subites et capte ces moments de vie horripilants pour les amener à construire de A à Z cette petite bulle du ''rêve américain'' estival, peut-être synthétique d'une société qui dérive complètement. Difficile de poser beaucoup de mots sur le film tant il laissera certains se prendre au jeu de la décadence et ainsi le trouver mauvais, et d'autres devenant contemplateur de cette médiocrité : une attitude rendant Spring Breakers pour ces personnes comme une chronique horripilante et subjuguante où les désirs deviennent faussés et la réalité devenue martyrisée. Seul échappatoire de ce cauchemar à la facette rêveuse : la blessure ! Qu'elle soit en ordre moral avec la police ou en ordre physique avec une balle venue de nulle part. Cette blessure à priori anodine dans ce monde argenté, est révélatrice pour les êtres bons que ce petit monde n'est véritablement composé que de carton, et non d'or massif. Que le sang et la peur font surface sonnant ainsi la mort de l'euphorie.

RemiSavaton
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le 24 avr. 2020

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Rémi Savaton

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