Tant qu'il y aura des espions

Dur de prendre sa retraite des services secrets américains. D'autant plus quand votre ancien élève est retenu prisonnier dans une prison chinoise et que vos supérieurs hiérarchiques n'ont pas l'intention de l'en sortir. Moins de 24h, c'est le temps qu'il reste à l'agent Muir pour trouver une solution à cet épineux problème le jour de sa retraite. Savant résumé qui donne envie, et un prétexte pour nous plonger dans les affres d'une organisation bien plus ambigüe qu'elle n'y paraît. Muir alterne alors passé et présent: passé quand il rend compte du passé de son agent Tom Bishop à ses patrons, et présent quand il joue double-jeu pour détourner...son propre employeur, la CIA, rien que ça.
Les bonnes idées, ce film n'en manque pas. En plus d'un scénario au poil, le choix des acteurs est parfait, car en adéquation aux personnages.
Plus le film avance, plus Bishop devient un miroir déformé de Muir, aussi bon que ce dernier mais plus humain également. La réelle ressemblance des deux hommes (Redford et Pitt) renvoie encore plus à ce constat. L'opération de Muir visant à sauver Bishop apparaît donc autant comme un baroud d'honneur que comme une manœuvre pour récupérer son âme.
L'autre bonne idée est d'avoir confié la réalisation de ce film d'espionnage à un Tony Scott, aussi efficace que sur Ennemi d'Etat. Deux films, deux approches différentes (Ennemi d'Etat était centré sur les répercussions, celui ci démonte les mécanismes de l'intérieur), un même constat: sous prétexte de sécurité d'état, on en arrive à un point où on ne sait plus qui est le plus dangereux, et surtout qui est vraiment protégé?
Profitons en pour dire que les acteurs sont splendides: Redford manie l'humour aussi bien que la sévérité, Pitt joue tout en sobriété, Stephen Dillane tranche comme un rasoir, et Catherine McCormack, subtile comme d'habitude, complète le tableau en beauté. La musique d'Harry-Gregson Williams, comme pour Ennemi d'Etat, prend aux tripes. Certaines scènes sont peut être un peu expédiées mais cela reste du bon divertissement qui n'oublie pas de réfléchir.