Film de guerre incontournable avec J Law, E Harris, R Weisz. 'La Guerre de l'Annaud'. Culte !

J’avais déjà écrit une critique sur « Stalingrad » il y a déjà 10 ans et il me semblait qu’elle était déjà en ligne. Je m’apprêtais donc à la relire une fois sorti de mon énième visionnage, et apparemment je l’ai perdue. C’est pour cette raison que j’écris cette nouvelle critique qui correspond aujourd’hui à mon ressenti sans pour autant dénigrer ce film que j’ai découvert lors de sa première sortie DVD (août 2001).
Ma nouvelle critique commence donc par ses mots…


Pour son huitième long-métrage, après son incursion tibétaine pour « Sept ans au Tibet », Jean-Jacques Annaud s’inspire de faits historiques réels et livre son unique film de guerre dans sa carrière.


Synopsis : en septembre 1942, l’Allemagne nazie veut s’emparer de l’ultime bastion de l’Europe, Stalingrad. Mais c’est sans compter sur la défense des russes dont Vassili Zaitsev, tireur d’élite émérite, est la figure de proue. Redonnant du courage à l’Armée rouge, le Major König est alors dépêché sur les lieux pour vaincre le symbole de la résistance russe. Commence alors un duel sans-merci.
Signant également son scénario, Jean-Jacques Annaud signe une intrigue simpliste en se concentrant sur l’anecdote. Oui, l’anecdote est réelle et donne la vision d’une guerre, réductrice certes, entre deux tireurs d’élite. Cette petite guerre entre ces deux snipers est pourtant ancrée dans la 2nde Guerre Mondiale pour mettre en avant la propagande russe qui ne nous est finalement pas si familière que ça.
Une belle réécriture …pour l’Histoire.


En Russie, donc, Stalingrad se dévoile. Conflits, bombes, explosions, morts, blessés. Stalingrad est un champ de mines et de morts. Le lieu où deux nations s’affrontent : l’Allemagne et la Russie. La 2nde Guerre Mondiale fait rage, l’empire allemand ne fait que s’étendre et le chef décorateur Wolf Kroeger (les décors de « Rambo », « L’année du dragon » et « Equilibrium », c’est lui !) de nous offrir le spectacle de la guerre sous nos yeux. La très belle reconstitution de la ville renommée en honneur des dirigeants bolcheviks dans les années 1920 nous immerge dans les terribles bruits d’horreur et de fureur que le réalisateur du « Nom de la rose » -adaptation d’Umberto Eco sur grand écran- retransmet de manière tonitruante. Pour les besoins du tournage, Stalingrad a été reconstitué sur un ancien terrain militaire près de Berlin. Bravo Wolf ainsi qu’à toute ton équipe pour cette brillante reconstitution !


Pour les besoins de la bande-son, le metteur en scène de « La guerre du feu » -couronnée de succès- a fait appel à James Horner.
Bien sûr que la musique est importante dans ce genre de film pour faire passer l’émotion. Mais ici, ça ne prend pas vraiment le dessus et James se contente d’une mélopée redondante qui ne donne pas dans le frisson. Dommage, mais l’on a quand même droit à une mélodie qui appuie l’effort de guerre et qui nous maintient à flot. Un semi-échec, pour ma part, qui aurait pu être pire si ç’avait été un autre compositeur. Horner, décédé il y a déjà cinq ans, qui a rencontré Annaud sur le tournage du « Nom de la rose » (une décennie avant « Titanic ») et qui le retrouvera pour « Or noir » et « Le dernier loup », a débuté en 1983 grâce à Lewis Teague pour son film de gangster « Du rouge pour un truand ».
Une très belle carrière mais une composition ici revue à la baisse. Merci quand même James !


Du côté du casting, le réalisateur du « Dernier loup » s’est bien entouré.
Dans la peau du sniper russe Vassili, le jeune Jude Law s’impose. Admirable et convaincant, celui qui a appris à chasser le loup avec son grand-père n’a rien avoir avec un acteur américain. Jude s’empare de son personnage qui lui va comme un gant et porte « Stalingrad » comme un homme frêle qui n’a rien du héros ordinaire. Jude Law ou le pouvoir assassin d’endosser l’uniforme adverse avec sagesse et détermination. Ce n’est pas pour rien qu’il est aujourd’hui une valeur sûre du cinéma : « Bienvenue à Gattaca », « Retour à Cold Mountain », « Aviator », le Dr Watson du « Sherlock Holmes » de Guy Ritchie, …et dernièrement la série « The young pope » parlent en sa faveur.
L’acteur qui joue le tireur allemand, le Major König, on le reconnaît tous dès sa première apparition. Yeux bleus, belle gueule, à peine quelques cheveux blancs sur son crâne rasé, même doubleur français depuis au moins 30 ans !: tout le monde voit de qui je veux parler. C’est… Ed Harris. Mister Ed. Ou la classe à l’internationale. Récompensé du Golden Globe du meilleur acteur pour « The truman show » seulement, le meilleur second couteau des 90’s (« Les anges de la nuit » de Phil Joanou, « Nixon », « Apollo 13 », « Rock » …) ex-aequo avec Gary Sinise campe avec une élégance même la froideur glaciale du tireur nazi par excellence. J’adore (et j’adhère) à 200 % ! L’antiduo Jude Law-Ed Harris ainsi formé prend tout son sens et c’est sur leurs interprétations au cordeau que « Stalingrad » pose ses fondations. Boum !
Rachel Weisz, quant à elle, apporte la touche féminine et le romantisme dont avait besoin le film dans ses moments d’émotions. Une présence élégante, douce et fragile. Parfait. Oscar de la meilleure actrice pour « The constant gardener », l’égyptologue des deux épisodes de « La momie » jouera dans « The fountain » d’Arronosky, « Jason Bourne l’héritage », « Youth », « The lobster »… .
Joseph Fiennes, commissaire au peuple en charge de la propagande et qui fait de Vassili Zaitsev le héros de l’Armée rouge, complète ce beau tableau en formant avec Jude Law un duo sensible et épatant. Le frère de Ralph connaîtra la gloire grâce à « Shakespeare in love » puis s’illustrera principalement dans des films biographiques : « Elizabeth », « Man to man » de Régis Wargnier, « Goodbye Bafana ».
Enfin, Gabriel Marshall-Thomson est ce gamin auquel on s’attache immédiatement. Anglais, cet ancien acteur a failli disposer du rôle de Daniel Radcliffe dans la saga « Harry Potter ». Bigre !
Avec également Bob Hoskins (Prix d’interprétation masculine pour « Mona Lisa » qui lui vaut d’être reconnu à l’international, on se souvient de lui par son inoubliable prestation de privé dans le « Roger Rabbit » de Zemeckis) en Nikita Khrouchtchev et Ron Perlman (si le grand public se souvient de lui pour avoir incarné Hellboy dans le film du même nom, il aura tourné pour les plus grands : Annaud, Chabrol, Jeunet, Winding Refn, David Yates) qu’on reconnaît la main dans le sac.
Un très beau casting donc dominé par l’élégant Jude Law, l’impérial Ed Harris et la féline Rachel Weisz.


Notons que le chef opérateur Robert Fraisse n’arrive pas à amener des couleurs dignes de la bataille de Stalingrad. Il avait léché sa photographie sur « Sept ans au Tibet » (pour autant que je m’en souvienne) et peine ici à transmettre sa vision du conflit en des teintes qui peuvent rappeler les heures sombres de ce conflit. Dommage de la part du directeur de la photographie qui a officié sur « A gauche en sortant de l’ascenseur », « Ronin », « Hôtel Rwanda »… .


Ainsi, et en parachèvement, le metteur en scène de « Coup de tête » soigne, dans ses grandes encablures, un film de guerre atypique en se concentrant sur une petite anecdote pour en faire un grand film.
Sa mise en scène, parfois minimaliste et se concentrant sur des détails, parfois en plans larges comme lors du bombardement de Stalingrad, s’impose et un souffle épique de se dégager de l’ensemble. Ou quand le primé de l’Oscar du meilleur film étranger pour « La victoire en chantant » (son premier long-métrage) donne dans la pleine mesure de son talent pour mettre en valeur les personnes qui ont vécu la bataille. Ici, les acteurs, sur les deux fronts
Jean-Jacques Annaud signe ainsi son essai sur la 2nde Guerre Mondiale avec la scène du débarquement russe, bigrement impressionnante de réalisme, qui peut faire penser à « Il faut sauver le soldat Ryan » en termes de spectacle et de divertissement.


Pour conclure, « Enemy at the Gates » (2001) est un film de guerre incontournable arrangé par le cinéaste Jean Jacques Annaud (il reçut le César du meilleur réalisateur pour « L’ours ») livrant un travail d’orfèvre dans sa direction d’acteurs.
Film culte.
Accord parental souhaitable.
Spectateurs, attention aux balles perdues !

brunodinah
8
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le 6 févr. 2020

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brunodinah

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