Ce film a été une expérience unique. Unique car je ne vois pas ce qu'une seconde vision pourrait m'apporter. A mon avis, le film est un poème visuel porté par un discours philosphique métaphysique qui tourne très vite en rond (la fin est tout de même très vite anticipable, ainsi que le fin mot de l'histoire). C'est très intéressant, et j'aime toujours quand l'art et la philosophie flirtent ensemble. Mais voilà. une vision me suffit amplement.
En fait, le film est vraiment trop long. Heureusement c'est hypnotisant, et puis les compositions de cadres sont sublimes. Impossible de s'endormir (pour moi en tous cas). Mais au bout du compte, force est d'admettre que ces longueurs ne servaient pas particulièrement le propos, c'est juste un artifice, un peu comme l'effet documentaire à la mode encore aujourd'hui.
A part ça, donc, on peut résumer en disant que la technique est parfaite tant au point de vue visuel que sonore. Pour l'histoire, c'est plutôt intéressant. En abordant la question du désir, Tarkovski parle à la fois du désir des gens en général, mais aussi des motivations des personnages dans un film. Tarkiovski ne fait rien d'autre que de parler du cinéma et de sa façon de l'aborder. "On trouve toujours un sens", "de toutes façons il ne se passe rien" répètent ses protagonistes. J'ai l'impression que c'est le réalisateur qui s'adresse directement au spectateur. Au delà de se faire le porte parole de ses personnages fictifs (ou l'inverse), Tarkovski annonce là aussi le désir du spectateur de trouver son objet de désir dans un film. Cette fameuse chambre dans laquelle le guide, soit le réalisateur ne peut entrer. il ne peut entrer parcequ'il ne peut simplemnt pas deviner quel est le désir de chacun. Ca ne le regarde pas de toutes façons comme il dit.
A vrai dire, j'aime bien quand un réalisateur se permet une réflexion sur son médium. Que ça soit sur une courte séquence ou sur toute la durée du film, ça m'intéresse, j'ai l'impression alors que ce raconteur d'histoire essaie de faire bouger les choses, de prendre une nouvelle direction avec son joujou. Et je n'ai rien contre cela. J'espère que nous sortirons un jour de cette période Blockbuster qui dure et prend toujours plus d'envergure depuis plus de 20 ans maintenant.
Bref, un film très intéressant, très beau. Mais 160 minutes dans la gueule ça fait mal. Autant Solaris m'avait paru juste et parfait tant les idées étaient multiples, autant l'épuration de celui ci m'a un peu ennuyé au final (au final car sur le moment j'ai passé un bon moment). Puis le sujet étant traité de façon très frontal, très simple, sans prétention, sans complexité inutile, une fois qu'on a fini et compris, plus besoin de le revoir. il n'y aura pas de petites choses cachées à découvrir. Enfin je ne pense pas. Juste le pied de revoir des compositions qui font bander comme un âne.
Ce qui m'intéresserait par contre, c'est de voir ce qu'aurait été la première version de Stalker. Celle pour laquelle Tarkovski avait plein de pognons (une dizaine de chars et tout). Ca devait être moins vide picturalement. Je ne sais pas si ça aurait été mieux ou pire. D'après le chef déco, c'était juste différent tant les personnages et l'histoire ont évolué pour le retournage. Ca laisse rêveur!