Nous étions en train de prendre un café avec mon pote Karthik, à parler cinéma. Ce dernier, puits de connaissance en la matière, alors que nous voguions dans la filmographie de David Lynch, s'exclama subitement “Et Tarkovski! Tu connais Tarkovski!?".
Oui je suis bien d'accord, nous nous éloignions carrément du sujet. Mais je lui avouais humblement que non, je ne connaissais pas Tarkosmachintruc.
“Il faut absolument que tu voies Tarkovski. Ce type est un génie ! Il faut que tu regardes son Stalker!"
Ce que je fis alors le soir même une fois rentré chez moi.
Ok le film dure... presque trois heures ! Bon, calons-nous bien et regardons cela.
Et ce fut une expérience, mais pas celle à laquelle je m'attendais…
Les Stalkers, sortes de passeurs clandestins, font rentrer des gens dans la Zone, un endroit interdit et sévèrement gardé dont on ne sait rien. Et dont on ne saura jamais rien.
Le film suit notre Stalker qui accompagne deux hommes, qui ne seront nommé que par leurs professions, le professeur et l’écrivain, à la recherche de “La chambre” un lieu où nos désir les plus chers peuvent s’exaucer.
Le film commence en ton sépia, pour passer en couleur une fois nos protagonistes entrés dans la zone, marquant là où le Stalker se sent vraiment vivant.
Une zone dangereuse et truffée de pièges que nous ne verrons jamais. Comme nous ne verrons jamais la chambre. Les tensions et emotions ne sont transmises que par les regards des acteurs, grace à de longs plans sur leurs visages.
Dans cette histoire, tout est symbolique, et les messages sont multiples, complexes voir métaphysiques.
je ne me lancerais pas ici dans un jeu d’interpretations et d’explications, tout d’abord car je pourrais en écrire tout un (mauvais) livre et ensuite car je pense que beaucoup de choses m’ont échappé.
On trouve d’ailleurs facilement de très bonnes analyses en ligne.
Mais ce qui est sûr est que, quoiqu'on en comprenne, cette oeuvre ne cesse de faire réfléchir.
Le film est lent, très lent, heureusement supporté par une photo magnifique.
Bien que m'ayant laissé hypnotiser par ce rythme et ces images étranges et magnifiques, j’ai tout de même ressenti le besoin faire une pause au milieu (le film, découpé en deux parties, nous y invite d’ailleurs).
J’en suis sorti dérouté, plein de questions, essayant de coller un sens à cette histoire.
Alors chef-d'oeuvre ? je ne sais pas… peut-être .
Mais oeuvre unique, oui.
Stalker est une aventure ésotérique qui ne peut intéresser qu’une petite minorité de curieux, trop lente et opaque pour monde cinématographique qui nous a habitués à de l'action frénétique et ininterrompue.
Mais si vous avez l’esprit ouvert, tentez l’expérience. Car il s’agit plus là plus d’une expérience, déroutante et poétique, qu’un film comme on l’entend aujourd’hui.