J'étais très bien disposé envers ce film pourtant. Mes éclaireurs unanimes (avaient-il le même âge que nos héros en vadrouille quand ils l'ont vu, ça excuserait largement ce qui est à mon avis un cas flagrant de surnotage), le nom de Rob Reiner comme réalisateur et sa réputation précédant le film (peut-être pas le plus grand de son espèce, Rob, mais un laborieux qui fait très bien son travail et qui a sorti quelques œuvres de belle facture classique), une histoire d'amitié entre gamins de douze ans au demeurant fort sympathique, il y avait comme une conspiration de bons points. Si j'avais su à ce moment là que Jack Nitzsche était impliqué dans le choix de la BO, ladite BO chaperonnée par la célèbre chanson de Ben E. King qui baptise le film, j'aurais probablement mis un bon 9 tirant sur le 10 d'avance à Stand By Me.
Mal m'en aurait pris car Stand By Me n'est pas un bon film. Désolé pour le jugement à l'emporte-pièce, il n'est pas impossible que réévalue tout ça à la lumière du jour demain, mais pour l'instant je suis énervé. Pourquoi? Parce que je ne comprends pas cette bienveillance pour une bluette infantile où l'on suit une bande de quatre garçons, chacun bien campé dans son rôle certifié 100% sans surprise. Tout à sa croisade pour la caricature souriante, Rob Reiner nous propose donc le héros/narrateur, Gordie, garçon réservé et fluet comme il se doit, apparemment plus intelligent que les autres et donc ne pouvant qu'être écrivain quand il sera grand (par principe, seul job possible pour un petit garçon sensible et intelligent selon Hollywood), qui souffre d'un manque cruel d'attention de la part de ses parents encore obnubilés par la mort de leur aîné, quaterback émérite (ben oui suis-je con, si Gordie est un Verlaine en puissance fatalement son frère devait bien être une star du lancer de ballon à l'arrière des mêlées en sueur); Chris, interprété par la comète River Phoenix, leader aux gros bras et au grand coeur de la bande, qui vaut tellement plus que sa famille à la réputation plutôt écornée; Teddy Duchamp, d'origine Française (ce qui provoque une vanne anti frog en ouverture du film qui eût l'insigne honneur de me faire rire, ce qui n'est pas une mince affaire quand on pisse froid comme moi), tête brûlée, dont le papa a débarqué en Normandie en son temps sans en revenir jamais tout à fait d'après ce qu'on raconte; enfin Vern, le bon gros et comme tous les bons gros, il est con, ridicule et maladroit, effets secondaires de toute obésité infantile comme chacun sait. L'histoire? Pas désagréable mais pas du genre à nous réveiller la nuit: nos charmants enfants partent en excursion loin de leurs parents si bornés pour découvrir les premiers le corps d'un ado sur le corps duquel rien ni personne ne semble être passé si ce n'est le train et en chemin ils en découvriront bien plus sur eux-mêmes...
Là-dessus, un concert de jérémiades à intervalles réguliers. Je n'ai rien contre voir des enfants chouiner mais bon le drame n'y était pas à ce moment là pour moi. Sans compter la fin douce-amère qui ressemble à un happy end à peine lifté. J'aime trop les comédies romantiques et Audrey Hepburn pour dire bêtement que "c'est avec les bons sentiments qu'on fait le mauvais cinéma" mais là il y manquait du doigté.
RobinV
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le 11 sept. 2013

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RobinV

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