Insurrection : du latin insurgere, "se lever contre" : fait de s'insurger, de se lever contre le pouvoir en place.
-Larousse 2018


Je n'ai pas été jusqu'à vérifier la définition anglaise de 1998, mais je doute qu'elle fut très différente. Toujours est-il que, je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais avec un titre pareil, "se lever contre le pouvoir en place", je m'attendais à quelque chose de particulièrement intense – les principes de Jean-Luc Picard l'auraient-ils obligé à se mutiner contre la Fédération ? Assisterait-on à une nouvelle bataille spatiale entre l'USS Enterprize et un voire plusieurs autres bâtiments de Starfleet ? Picard, seul contre tous ?


Eh bien… pas exactement. Picard seul contre un amiral ayant reçu des ordres de la Fédération (ce qui n'est jamais montré, et donc pas totalement certain), et son acolyte alien-vilain-pas beau. Première erreur fatale, qui n'est pas sans rappeler, au trekkie également fan de James Bond que je suis, les opportunités manquées de Die Another Day et Quantum of Solace : lorsque notre héros se retrouve ou se sent contraint de se dresser contre ses supérieurs, autant explorer le concept à fond et confronter directement le dit héros à ceux qui sont d'ordinaire ses frères d'armes ou ses guides spirituels ! Rien de tel pour créer une véritable intensité dramatique ! Batman Begins, Star Wars Episode III : La Revanche des Sith ou même Star Trek III : The Search for Spock l'ont bien compris, eux ! Mais non, rien de tel dans ce neuvième film ST. Impossible de s'immerger dans le récit car il parait si lointain et artificiel, si effleuré… Patrick Stewart, Anthony Zerbe (l'amiral Dougherty) et F. Murray Abraham (Ru'afo) sont tous d'excellents acteurs et font ce qu'ils peuvent, mais le script ne leur permet vraiment pas d'aller au bout du conflit entre leurs personnages.


C'est fort dommage, car l'idée de base est intéressante, et typiquement startrekienne : doit-on sacrifier un petit nombre dans l'intérêt de la majorité ? Spock disait tantôt : "the need of the many outweighs the need of the few", ce à quoi Picard rétorque : "A thousand? Fifty thousand? A million? How many people does it take, Admiral?!". Cela aurait pu donner lieu à un débat intéressant si l'action et la tension avaient suivi, mais tout qu'on obtient c'est précisément un discours moralisateur de Picard, tel que la série TNG les affectionnait. Beacoup de blabla, d'une manière générale, et très peu d'action. On a peine à croire que Jonathan Frakes a réalisé ce nouvel opus, lui qui avait réussi à donner tellement d'énergie au précédent ! Il n'est certes pas aidé par le scénario, mais même quand il s'agit de passer aux choses sérieuses, c'est… bof, quoi. Rien n'est mal filmé, mais encore une fois ça manque cruellement de relief. Attention, je ne dis pas que Star Trek doit forcément contenir beaucoup d'action – cela peut même s'avérer contre-productif, comme on le verra dans l'épisode suivant… - mais lorsque la trame principale est aussi barbante, on est en droit de vouloir se divertir avec du piou-piou entre phaseurs et autres torpilles à protons. Mais non, il était dit que ce neuvième film serait marqué du sceau de la léthargie…


Vraiment, on en vient à croire que Frakes s'est endormi derrière sa caméra, et malheureusement le spectateur aussi est amené à piquer du nez. L'esthétique du film n'est pas des plus inspirées non plus, et là encore souffre beaucoup de la comparaison avec son prédécesseur. On a l'impression d'assister à un épisode de TNG un peu plus long et avec de meilleurs effets spéciaux… je peux comprendre que cela en séduise certains, mais personnellement, avec un budget comme le leur et en surfant sur le succès de First Contact, j'aurais préféré quelque chose d'un peu plus audacieux. Exemple ? Donner un look unique aux Ba'tu ! Franchement, à quoi ça rime de leur donner un aspect humain aussi parfait ? C'est du vu et revu dans le Star Trek télévisuel… cela aurait pu passer, à la rigueur, si leur personnalité était intéressante, mais seule l'une d'entre elle est vraiment explorée, et malheureusement son interprète, Donna Murphy, est assez insipide et n'a pas du tout la même alchimie qu'Alfre Woodard avait avec Patrick Stewart dans FC. Encore un point négatif : la romance qui tombe à l'eau.


Attention, je tiens à préciser qu'il n'y a rien, absolument rien dans ce film qui donne envie de se crever les yeux – contrairement à la danse d'Uhura dans TFF ou le dernier quart d'heure d'Into Darkness… mais ces deux films contiennent également de superbes scènes, telles que McCoy confronté à son pire souvenir ou toute la séquence sur Qo'nos. Insurrection n'a aucun moment mémorable, dans un sens ou dans l'autre.


Star Trek IX : Insurrection n'est pas un horrible film mais ça n'en reste pas moins celui que j'aime le moins des treize aventures cinématographiques de la franchise. C'est un film au concept de départ intéressant, mais mal exécuté par un scénario en manque absolu de mordant et n'offrant pas grand-chose à ses acteurs, des visuels rébarbatifs et une mise en scène somnolente. Après la réussite totale de First Contact, c'est un énorme et regrettable coup d'arrêt pour la saga. Et malheureusement, le redémarrage allait s'avérer très compliqué pour cette équipe…

Szalinowski
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le 10 déc. 2018

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