Un film malheureusement à l’image de son réalisateur : bon technicien mais sans aucune personnalité. Je sais que beaucoup sauront se satisfaire d’un blockbuster qui se contente juste de maîtriser soigneusement sa technique et ses codes (après tout pourquoi pas...) mais moi, personnellement, je me lasse très vite dès qu’on se limite à enfiler des perles. Or, à mes yeux, "Into Darkness" ne s’arrête bien qu’à ça : enchaîner les conventions attendues sans jamais chercher à surprendre. Pour le premier opus, cela pouvait encore le faire car on pouvait se raccrocher au plaisir de découvrir le lifting visuel opéré sur cette saga poussiéreuse. De même, j’avais aussi su satisfaire ma curiosité à voir comment Abrams avait réinterprété chaque personnage de la saga. Seulement voilà, avec cette suite, on se contente juste de reprendre les mêmes et de recommencer. Aucun changement, aucune modification, aucune dynamique. Les personnages sont toujours de désespérants clichés désincarnés : Kirk est le beau gosse « bad ass » un peu rebelle ; Spock est le scientifique coincé et cloisonné dans une sorte de supra-rationalisation déconnectée de l’humain (...bon, en gros, c’est le Watler Bishop de "Fringe" mais avec des oreilles pointues) et Uhara incarne la femme asexuée et dénuée de toute envie et de toute pensée (comme 99% des personnages féminins de J.J. Abrams). Ces personnages sont ensuite confrontés à des péripéties tirés des plus grands classiques du « scénario pour les nuls » : le héros intrépide sera brimé par sa hiérarchie pour être finalement réintégré, un vieux pote sorti de nulle part fait son apparition en début d’intrigue juste pour qu’on le bute dans la foulée et que le héros puisse faire sa « nooooo »-face ; quant au méchant, il se contente juste de froncer les sourcils et de marcher en roulant des mécaniques dans un grand imper en cuir. Restent donc les effets visuels, les scènes d’action pour se raccrocher à quelque-chose. Mais ce qui est fort c’est que, mise à part une introduction banale mais assez efficace, Abrams dilue tout ça dans des dialogues et des scènes d’introspection qui font forcément tout foirer, puisque ses personnages sont d’incroyables coquilles vides incapables de sortir un dialogue plus élaboré que ceux pensés par un gamin de douze ans. Du coup, le rythme en prend plein la gueule et j’avoue que ce que j’aurais pu occulter juste pour le plaisir des yeux est devenu une plaie qui a commencé à me faire somnoler dans mon siège. Et là j’ai commencé à comprendre la signification du titre : "Into Darkness". Quand un film met 25 minutes pour introduire son élément perturbateur, 50 minutes pour faire comprendre l’enjeu de l’intrigue et enfin 1h10 pour qu’enfin Kirk se rende là où il doit lutter contre son ennemi, moi je me dis qu’en effet, voilà bien un film qui a tout pour me faire sombrer dans le gouffre de l’ennui...