Des sentiments contradictoires s'entrechoquent à la sortie de ce Star Trek Into Darkness. Certes, le film de J. J. Abrams est un régal pour les amateurs de science-fiction, mais il y a cet arrière-goût d'opportunisme et d'inachevé qui laisse un peu le spectateur sur sa faim.
Pas de panique, il s'agit tout de même d'un belle perf' visuelle de la part du père J. J. ! Les effets spéciaux sont réussis, le souffle épique est bien présent et la mise en scène est élégante (à un ou deux lens flare près). L'espace redevient un lieu mystérieux propice à l'aventure, ce que Lucas avait totalement raté avec sa prélogie Star Wars. Un bon point qui laisse présager le meilleur pour l'Episode VII. Quant à la noirceur inhérente aux blockbusters contemporains depuis l'avènement de Christopher Nolan, on ne peut pas la louper non plus (en même temps, quand on s'appelle Into Darkness...). En terme de mise en scène, Abrams arrive à se démarquer de l'opus précédent : si une grande partie de ce dernier se passait en extérieur, on retrouve dans ce deuxième film ce qui faisait le charme de quelques-uns des meilleurs épisodes de la série, à savoir un univers fermé et claustrophobe où les duels se font à bord de vaisseaux spatiaux, par écrans interposés. Cette idée de mise en scène a toujours eu le don de préserver le mystère entourant l'adversaire de l'Enterprise.
Mais dans ce cas, qu'est-ce qui coince ? Assurément, le scénario. Le film tient à peu près la route dans le sens ou les différents actes sont suffisamment équilibrés pour maintenir l'intérêt du spectateur jusqu'à une fin bâclée. Comme bien souvent, il ne faut cependant pas être trop regardant sur les raccourcis scénaristiques (si une téléportation entre la Terre est Kronos est réalisable... alors à quoi bon servent les vaisseaux spatiaux ?). Mais le vrai problème c'est l'histoire elle-même : du déjà vu dans l'univers Star Trek classique. Le film multiplie les clins d'œil faits aux fans en citant notamment Mudd ou les Tribbles, des personnages rencontrés par l'équipage lors de la série originale. On a aussi droit à un cameo d'un acteur phare de la franchise. C'est sympathique mais amené avec de grosses ficèles, alors que c'était tellement naturel dans le film de 2009. Dans le même esprit, on insiste lourdement sur ce que pourrait être l'avenir de Sulu. Mais il y a bien pire, puisque dans sa dernière partie, le film de J.J. Abrams joue carrément la carte du remake en copiant largement des passages (les meilleurs comme les pires) de l'un des films Star Trek les plus appréciés par les fans. On appelle cela du fan service. Certains diront que c'est génial, d'autres (et c'est mon cas) que c'est honteusement paresseux. Le subterfuge du voyage dans le temps de Star Trek (2009) permettait à la saga de se renouveler. Alors, pourquoi nous resservir à peu près la même chose ?
Au bout du compte, on passe un moment plutôt agréable devant ce pop corn movie de SF bien interprété (Benedict Cumberbatch et Peter Weller ont de vraies gueules) et redonnant à cette grande franchise de science-fiction un prestige à côté duquel elle était passé bien trop souvent depuis le début de sa saga cinématographique. Un assez bon épisode surpassant d'un cheveu le surestimé La Colère de Khan.