(spoils à suivre)


Je ne sais pas pourquoi, je me faisais un plaisir de voir Star Trek en me disant qu'on aurait ici une nouvelle aventure liée à de possibles évènements cosmiques. Faut croire que j'avais déjà oublié l'explosion d'un trou noir dans le premier opus. Bon ben il semblerait qu'ici encore les cours d'astrophysique 101 aient été séchés par la réalisation.


Non, un vaisseau spatial ne se comporte pas comme une voiture. Lorsqu'il entre dans un champ d'astéroïdes (a noter que c'est encore ici la vision standard où l'on a une centaine de mètres entre deux cailloux pour passer quand dans la réalité on est plutôt sur des centaines de kilomètres, passons) il n'y a aucune raison pour que les personnages dans le vaisseau ne soient secoués. Encore moins pour que les lumières s'éteignent et qu'on ait l'impression d'une chevauchée à la bougie dans une mine.


Puis on tombe rapidement dans le travers made in Star Wars Episode 1 : un vaisseau en perdition dans l'espace, en rotation sur son axe, ne génèrera pas de gravité bizarre vous permettant de marcher sur les murs. Ou alors vous vous êtes fait entubés sur vos anti-grav. Et ne mentionnez pas l'attraction de la planète adjacente, elle n'a pas à cette distance la faculté de réorienter votre gravité dans le vaisseau (à moins que les vidéos en provenance de l'ISS ne soient des fakes...).


Dernier point grossier, Krull et sa bande abordent le vaisseau en se plantant dans sa coque, ouvrant une brèche afin d'investir les lieux. Wait. What ?! Une fucking brèche ?!!!! Hello ? Dépressurisation, ventilation de l'atmosphère du vaisseau dans l'espace, éclatement des parois, personne n'y a pensé dans l'équipe ? Donc on un vaisseau colossal, certes, percé de centaines de trous de plusieurs mètres de diamètre mais non, tout va bien, on s'y ballade sans souci (mis à part les intrus qui tirent à tout va).


Donc passées 15 minutes de film j'ai compris que je pouvais m'asseoir sur une épopée tangible dans l'espace et qu'il ne me restait plus que le côté divertissant tant on me criait au visage qu'on s'en bat les roubignoles des possibles incohérences physiques. Imaginez John McLane courir après un malfrat et le rattraper en faisant un bond de 100 mètres, vous comprendrez ce que j'entends par incohérence. Star Trek se targue d'explorer l'espace, la série avait fait son coeur de métier de présenter à son audience de nombreux concepts exotiques, mais ici on se fout ouvertement de votre gueule avec les principes de base.


On me dira tatillon, mais le reste du film est à l'aune de ce que je résume ici, et pas besoin d'être nerd pour se demander comment une piste de moto est disponible pour parcourir de longues distances sur une planète abandonnée.
On finira d'ailleurs sur une remarquable scène de diffusion de musique dans l'espace pour détruire les ennemis... mais le point de non retour avait déjà été atteint après un quart d'heure de film donc fuck la réalité, place à Hollywood.


Quid du scénario alors ? Euh... laissez-moi chercher... ah on me dit qu'il était vendu séparément.
Ici encore c'est truffé d'incohérences, de Deus Ex Machina et de ficelles Hollywoodiennes vues 100 fois, si ce n'est plus, auparavant. Star Trek: Beyond ne fait que transposer dans l'espace un scénario lambda qui se serait déroulé sur Terre. En s'asseyant sur les contraintes spatiales, il ne propose en somme d'un ersatz de film d'action dans un environnement qui n'a aucun impact sur l'histoire.


Le must reste quand même notre ami Krall, méchant standard, dispose d'un essaim de millions de nefs (qu'on ne voit pas garées sur la planète où l'on peut librement attaquer la base gardée par 10 boloss incapables de viser) que la Fédération n'aurait jamais su comment combattre sans y avoir été confrontée avant.
Ainsi donc tout le synopsis du film repose sur une attaque qui aurait pu être menée bien plus tôt mais qui fut lancée finalement que lorsque les bons pouvaient la contrer.


Bref, ça me saoûle déjà d'en dire tant sur si peu. Les persos sont plats, sans relief, in-attachants tant ils semblent détachés ou intouchables. C'est bourré de clichés et si on passe les 2 heures à vous expliquer que tout l'équipage est important, sachez qu'il suffit d'une dizaine de personnes pour gérer tout ce que Star Trek a à vous proposer comme problématique.


Si on finit sur les décors, il ne reste que du bling-bling, des effets spéciaux numériques chattoyants sans qu'ils n'apportent quoi que ce soit. Quand l'équipe se dit qu'elle ferait bien de tenter du practical (je ne sais pas le traduire) on se retrouve avec de fabuleux rochers en carton-pâte peints à la bombe dorée dignes d'un spectacle de centre aéré.


Star Trek:Beyond veut dire qu'on est à des années-lumières de ce que l'on doit attendre de la SF ou du Space Opera. Encore une fois, déplacer une histoire terrienne standard dans l'espace n'en fait pas de la SF. Prenez des leçons chez Interstellar par exemple où l'environnement influe drastiquement sur le déroulement des évènements, sur les personnages et leur vie.


Ici c'est un mashup entre StarTrek, Avatar et Star Wars. Amateurs de SF passez votre chemin, nous sommes dans le Marvel de l'espace.

kry
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le 22 oct. 2016

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kry

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