Après avoir rétrogradé jusqu'au point mort, Lucas trouve sa moyenne et embraye sur son troisième épisode, sobrement intitulé La Revanche des Sith. Le seul film entièrement réussi de la prélogie.


L'intrigue démarre sur les chapeaux de roue et se conclut sur une note tragique expliquant une bonne fois pour toute les raisons de la chute d'Anakin et de la République.
Plus sombre et plus porté sur l'action (une remarquable bataille d'ouverture, un développement cohérent et un final dantesque), ne souffrant d'aucune baisse de régime à l'inverse des deux premiers opus, le métrage raccroche efficacement les wagons avec Un nouvel espoir et apporte son lot d'émotions, d'intrigues politiques, de dualité et de tragédie. Rien à voir avec Hamlet ou Macbeth certes, tant le passage du côté obscur du héros semble se précipiter de manière saugrenue par l'entremise d'une prémonition et d'un insidieux seigneur noir pas si finaud que ça dans sa manière de corrompre les âmes fragiles. Mais ce ne sont là que les seules critiques qu'il convient de faire à l'encontre de ce troisième épisode, placé sous le signe de la noirceur, comme le plus réussi de ses modèles.


Au final, la prélogie est une entreprise qu'il convient de qualifier selon les points de vue de ratage complet pour les plus irréductibles, ou de semi-réussite pour les plus indulgents. Ce qui est certain, c'est que Lucas aura réussi à diviser son immense public de par le monde et à passer du statut d'auteur culte à celui de simple financier honni pour ses velléités artistiques.
Dès lors, il convient de considérer la réussite de sa trilogie originelle comme une véritable réunion de talents, les scénarios portant la signature de Leigh Brackett et de Lawrence Kasdan, et pas seulement celle de Lucas Quant à la réalisation des opus 5 et 6, il l'avait délégué à deux réalisateurs confirmés, pour mieux gérer son nouvel Empire financier et ses diverses ramifications (effets spéciaux, produits dérivés dont jeux vidéos, livres, comics et figurines).
Les effets spéciaux virtuoses pour l'époque étaient le fruit d'une équipe de passionnés, étrangers aux desideratas des studios, et certains aspects iconiques sont dus à des collaborateurs de Lucas (le chara-design de Bobba Fett notamment, fut créé par le futur réalisateur Joe Johnston qui a toujours rêvé de consacrer un film entièrement à son personnage).


Par le biais de sa prélogie, Lucas aura en définitive sabordé l'intégrité de son oeuvre sur le simple mobile promotionnel d'apporter une origine au plus emblématique des méchants du cinéma moderne (dois-je vraiment le nommer ?). C'est aussi de sa part, une manière de renoncer au plus célèbre coup de théâtre cinématographique, le fameux "Non Luke, Je suis ton père". L'ironie dramatique est ici un moyen opportuniste de capitaliser sur le titre de la franchise tout en sacrifiant la part de mystère qui englobait les personnages et le contexte, et faisait l'essence de la trilogie originale. Et ce, même si Lucas a toujours eu dans l'idée d'aborder les événements antérieurs à l'Empire galactique.


Aussi, à l'aune du traitement général infligée à cette prélogie, est-on en droit de douter sérieusement de l'intégrité artistique du bonhomme, surtout au vu de sa série Clone Wars, tout aussi vaine qu'opportuniste.
Il suffira d'une transition chiffrée à quatre milliards de dollars avec Disney pour confirmer ce que l'on savait déjà.
Quand il revoyait par deux fois sa trilogie originelle en gommant, ajoutant et rajoutant encore des éléments selon ses caprices, on savait déjà que Lucas ne s'attardait jamais à prendre en compte l'opinion de ses fans, il le faisait juste pour légitimer une ressortie en salles et engranger plus d'argent. Il réitérera avec les Indiana Jones et poussera même Spielberg à apporter une mauvaise conclusion aux aventures du célèbre aventurier, après l'avoir convaincu de revoir sa copie de E.T..
A croire que le bonhomme a mis un point d'honneur à détruire les légendes qu'il aura lui-même façonnées.

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le 24 mai 2014

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Buddy_Noone

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