Il m’a suffi de 5 minutes pour comprendre le désamour dont souffre la prélogie... D’emblée on se fait agresser visuellement avec une direction artistique ignoble, à tous les niveaux (costumes comme décors). Coruscant manque effroyablement d'inspiration, c'est une vision peu inspirée d'une ville futuriste de mauvais goût. Manque de chance, on va y rester bien trop longtemps, quand bien même l'omniprésence de l'environnement urbain sied mal à une saga d’ordinaire plus ancrée dans de vastes espaces naturels.


L'aventure est des plus limitées, en cause le choix de lancer l’histoire avec un ersatz d’enquête pour retrouver le commanditaire du meurtre de Padmé. Je n’ai rien contre l’idée, mais le rythme est tellement peu maîtrisé qu’on s’ennuie ferme, c’est d’une lenteur… La mise en scène n’apporte aucun dynamisme à ce début de film bien trop poussif, en revanche elle renforce bien la platitude de l’ensemble.


La relation entre Padmé et Anakin est d’une mièvrerie consternante (oh oui folâtrez dans un pré au milieu des cascades petits tourtereaux !) sans qu’on ne puisse jamais croire à leur histoire. Parce que franchement, qu’est-ce que Padmé peut bien trouver à Anakin, aka le rebelle à la petite mèche de côté aussi charismatique qu’une huître ? Même avec la meilleure volonté du monde, on ne croit pas une seconde que le beau gosse fadouille puisse devenir un jour l'iconique Dark Vador.


Je ne pense pas qu’il faille uniquement blâmer le jeu inexpressif de l’acteur, le problème de base c’est plutôt que le personnage a été conçu comme un fichu ado tête à claques, option pâmoison de midinettes. Au détriment d’un personnage plus complexe qui aurait pu faire la transition entre le jeune Anakin idéaliste et le Dark Vador passé du côté obscur. Et comme en plus on ne ressent pas d’amour entre Anakin et Padmé, on a peine à comprendre comme une si mince bluette pourra être la cause du revirement de Skywalker (et optionnellement d’une tragédie affectant la galaxie toute entière).


Globalement les acteurs n'ont pas une présence incroyable et n’enthousiasment jamais franchement, seul Christopher Lee rehausse un peu le niveau. Il faut dire aussi qu’ils ne sont pas aidés par l'écriture des dialogues, qui oscillent entre le médiocre et le mauvais. Ni par le scénario qui décrédibilise les personnages. Je ne cherche pas une finesse d’écriture remarquable dans un blockbuster, mais l’idiotie des personnages est ainsi bien trop flagrante pour qu’on puisse en faire abstraction. Et pour à peu près tout le monde, pas de jaloux.


L’armée des clones, c’est l’histoire d’une sénatrice qui manque de se faire tuer (mais heureusement ça va, c’est son sosie qui se fait assassiner) (sosie en tenue royale alors que Padmé n’est plus reine mais passons, pt’être que les assassins ne le savaient pas). Comme ça a échoué, les jedis se disent qu’elle risque d’être à nouveau la cible d’une attaque et donc Obi-Wan et Anakin sont à l'affût et supputent qu’il pourrait bien se passer quelque chose quand elle dort. Et donc plutôt que de mettre Padmé en sûreté et, je ne sais pas, de mettre un mannequin dans son lit pour prendre l’assassin sur le fait, ils utilisent la meuf comme appât. Sympa les gars. Evidemment ça ne rate pas, Padmé manque se faire butter (heureusement la mercenaire avait une technique qui avait bien plus de chance d’échouer que si elle lui avait juste tiré dessus avec son blaster, sinon c’était game over Padmé et il n’y avait pas d’histoire). Nos deux compères s’élancent alors dans une poursuite qui fleure bon le tournage en studio sur fond vert et le décor numérique so kitsch (welcome back to the 80’s !), Anakin a l’occasion de prouver qu’il est un bien mauvais padawan parce que le concept de l’obéissance, c’est pas trop son truc, c’est vachement mieux de n’en faire qu’à sa tête (faudra pas s’étonner d’être recalé à l’examen jedi) et il se passe différentes choses pas très intéressantes mais qui font qu’on doit bien en arriver à 45 minutes de film (durée ressentie par le spectateur : 5h25).


Sur ce, Obi-Wan Kenobi / la réponse D et Anakin Skywalker se séparent pour deux missions distinctes. Obi-Wan part retrouver l’assassin de la meuf qui voulait buter la sénatrice. Il rencontre des extraterrestres au long cou qui ne le connaissent pas du tout mais l’accueillent avec les petits fours et le champagne pour lui montrer l’armée de clones top secrète dont nul autre que leur commanditaire ne devrait connaître l’existence. Les gars dévoilent au premier venu des secrets militaires et personne en 10 ans n’a eu vent de cette information capitale ? La République n’est apparemment même pas foutue d’avoir un service d’espionnage digne de ce nom, on se demande comment la paix a pu durer 1000 ans…


De son côté, Petite-Tresse est chargé de veiller à la sécurité de Padmé. Ca flirtouille un max jusqu’à ce que notre amoureux transi ne fasse un mauvais rêve mettant en scène sa mère (parce qu’il n’a pas réglé son oedipe) et ne déclare à sa bien-aimée : “je suis chargée de te protéger mais je dois aller sauver ma mère donc déso pas déso, je m’en vais et je te laisse ici”. Je suis d’avis que c’est le genre d’histoire d’amour qui commence mal quand ta belle-mère s’incruste déjà dans ton couple et que ton mec est prêt à te sacrifier pour sa mère, mais Padmé n’est pas chamboulée et lui dit que non seulement elle comprend, mais qu’en plus elle va venir avec lui. C’était bien la peine de laisser sa doublure se faire tuer pour aller au devant du danger tiens.


Pas de chance, la mère d’Anakin s’est faite kidnapper depuis un mois. Bonne nouvelle, elle attend pile le moment où son fiston vient la retrouver pour pousser son dernier soupir. Sans doute qu’elle savait dans son coeur de mère que son fils viendrait la retrouver. Et même agonisante, elle a réussi à le reconnaître sans l’avoir vu depuis 15 ans, trop forte. Bon forcément, cette complication rend Anakin fort contri. Et donc il va faire quelque chose de très important pour qu’on comprenne son basculement vers le côté obscur. Mais on ne nous le montrera pas à l’écran parce que les producteurs tiennent à ce que le film reste tout public, et puis on aurait risqué d’avoir une scène un peu plus intense qui aurait relevé la platitude du film, ça aurait été dommage de gâcher ce qui avait si bien commencé.


La scène la plus importante nous est donc relatée par un Hayden Christensen très impliqué (non je rigole) qui explique à une Padmé ultra concernée qu’il a massacré tout le monde, femmes et enfants compris. Padmé ouvre un peu la bouche et puis finalement s’en fout pas mal et décide que ça ne va pas l’empêcher d’aimer son creepy Anakin.


Pendant ce temps, Obi-Wan découvre la conspiration des séparatistes mais se fait capturer comme un crétin. Le conseil des jedis interdit à Anakin d’aller sauver son maître, mais comme Yeux-de-biche Amidala lui dit “vient on s’en fiche on y va quand même rien que tous les deux hihi !”, il part avec cette suicidaire en puissance sur la planète où est retenu Obi-Wan (dans l’espoir d’impressionner son date et de pouvoir ensuite la pécho on imagine).


Comme on ne s’y attendait pas, les deux naïfs se font capturer à leur tour après une ignoble séquence avec des pistons numériques, et ils sont condamnés à mort. Ils rejoignent Obi-Wan dans une arène qui sert surtout à justifier pourquoi Natalie Portman se retrouve le nombril à l’air (ce qui nous rappelle bien douloureusement la mode en vogue au début des années 2000). La bataille est assez nulle, des jedis arrivent pour les libérer mais se trouvent infoutus de se débarrasser des droïdes qui sont lâchés sur eux. Ok il y a plein de droïdes, mais ils tombent à la moindre pichenette, de quoi nourrir quelques doutes quant aux réelles capacités des maîtres de la force. Heureusement c’est pile le moment que choisit Yoda pour débarquer avec l’armée des clones et du coup tout s’arrange.


Nos héros poursuivent le chef des séparatistes, Padmé tombe de l’avion et c’est le seul moment où Anakin décide de privilégier son sens du devoir (de quoi douter de ses sentiments réels, le gars il veut juste coucher avec elle, arrêtons de nous voiler la face). Tout cela pour désobéir immédiatement après à Obi-Wan qui lui demandait, à raison, de se concerter avec lui pour attaquer efficacement le comte Dooku. Bah non, Blondinet attaque comme un abruti et se fait trancher la main (waaaah, comme il le fera à son fils, subtil !) Obi-Wan est mis KO parce que Christopher Lee a quand même un peu plus la classe que cette bande de poseurs, ce qui oblige un Yoda en CGI a faire des cabrioles dans tous les sens (pour que les enfants de 10 ans fassent la promo du film dans les cours de récré et contraignent leurs parents à leur acheter un Happy Meal histoire de choper une figurine Yoda en plastique ?)


Pendant ce temps Padmé geint sur sa dune et nous livre une transition très crédible entre deux états émotionnels complètement opposés :
Padmé : “Aaaaooooooaaaargh… aaaarh...”
Soldat : “Je peux vous aider ?”
Padmé : “Aaaaaoooorgh.. Aaaaarh. “ Se relève “Allez tous avec moi, allons affronter Dooku !”


Evidemment Dooku s’enfuit, Palpatine se réjouit du succès de son plan (en même temps vu l’opposition en face, nul besoin d’être un génie pour faire sombrer la République) et les jedis se disent que, peut-être, depuis le temps qu’ils sont alertés sur le fait qu’il y a une influence Sith au Sénat et qu’ils ne veulent pas le voir, peut-être bien qu’hypothétiquement ils peuvent envisager l’éventualité que ce soit vrai. Mais rien n’est confirmé, ne nous affolons pas. (On ne s’étonnera pas qu’ils se fassent bientôt laminer).


Et Padmé et Anakin se marient en secret pour justifier toutes leurs scènes de grande complicité.


Voilà voilà, c’était un scénario passionnant. Alors certes le plan mis au point par Palpatine pour rouler tout le monde n’est pas inintéressant, mais c’est noyé dans une telle bouillasse qu’on ne peut même pas admirer la fourberie et le talent du gars, c’est juste que tous les autres partis sont effroyablement stupides.


Et comme l’attaque des clones tient à se faire détester de bout en bout, il ne se contente pas d’avoir des personnages en carton ou une esthétique peu reluisante, non il vient bien nous achever avec une abondance d'effets spéciaux utilisés jusqu'à l'écœurement. Dommage, 15 ans après, ils ont vieillis et c'est franchement dégueulasse. Là où des effets peut-être moins perfectionnés et plus artisanaux seraient passés parce qu'il s'en dégagerait une âme et un savoir-faire, ce n'est pas le cas ici. C'est simple, on a l'impression de voir un film de synthèse dans lequel on aurait incrusté de vrais acteurs, le décalage est très désagréable à l'œil, outre qu’il rend très antipathique ce film prétentieux qui n’a décidément rien pour lui.

Nocturne
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le 12 juin 2018

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