Je ne vous comprend pas. Vous pardonnez à Un Nouvel Espoir tous ses défauts sous prétexte que c'est Star Wars et vous fermez les yeux sur les qualités de La Menace fantôme uniquement parce que ce n'est pas VOTRE Star Wars. Une chose est sûre il est difficile de juger la saga avec objectivité, en particulier quand des fans qui gueulent plus que les autres imposent leur point de vue comme une vérité absolue aux yeux de tous.


Ce premier épisode de la prélogie a énormément déçu lors de sa sortie et plus les années passaient, plus il apparaissait comme une évidence que ce film était une grosse merde infâme en plus d'être un affront de la part de Lucas à son oeuvre originale ainsi qu'à ses fans. S'en est arrivé à un point tel que j'étais persuadé de détester ce film si je le revoyais un jour. Je pensais l'avoir mal jugé dans ma jeunesse et croyais découvrir un volet nettement moins bon que dans mes souvenirs. Forcé de constater que malgré ses défauts, ce long-métrage a également pas mal de qualités qui me feront toujours préférer ce dernier à un Nouvel Espoir.


N'en déplaise aux fanboys, George Lucas n'a pas fait cette prélogie pour satisfaire les fans (Au contraire du Réveil de La Force) mais pour raconter les origines de L'Empire, une histoire qu'il a toujours eu en tête bien avant le tournage de la trilogie et dont il attendait simplement une technologie plus adéquate pour pouvoir la mettre en scène sur grand écran comme il le souhaitait. Lucas a donc cherché à proposer quelque chose de sensiblement différent, un autre contexte politique, de nouveaux personnages, de nouveaux décors, de nouveaux enjeux et de nouvelles thématiques le tout en restant fidèle à l'esprit "film d'aventure grand public" de la saga et en respectant l'univers de Star Wars tout en l’enrichissant.


Si le film reste un space-opera agrémenté d'action, de combats spatiaux et d'affrontement aux sabres lasers, le tout saupoudré d'humour. Son fond se révèle bien plus intéressant qu'il n'y parait. En effet, toute la prélogie a été faite dans le but d'expliquer comment la République Galactique a pu se disloquer au profit d'un régime totalitaire contre lequel nos héros se battront 20 ans plus tard. La chute de la démocratie sera donc le fil rouge de cette nouvelle trilogie et chaque film apportera sa pierre à l'édifice. Celui-ci nous fait comprendre le plan machiavélique du Sénateur Palpatine pour accéder au pouvoir.


En gros vous avez la Fédération du Commerce qui détient le monopole des échanges commerciaux dans toute la région de la bordure extérieur. Cette dernière se retrouve affaiblie par une taxe imposée par le Sénat galactique obligeant ainsi les fédéraux à verser un pourcentage conséquent à la République sur chacune de leurs transactions. Palpatine profite alors de la situation pour passer un marché avec le Vice-Roi de la fédération. Ce dernier va alors utiliser son armée de droïdes pour assiéger Naboo sous la protection du sénateur qui fera son possible pour retarder les procédures protocolaires à Corusante. Tout cela dans le but d'inciter la Reine Amidala a déposer une motion de censure contre le chancelier en place pour le destituer. Ceci étant fait, il ne lui reste plus qu'à se porter candidat et à devenir le nouveau chancelier suprême de la république. Bien entendu son but n'est pas de stopper l'invasion de la fédération du commerce. Il veut au contraire laissait les choses s'envenimer pour à terme justifier une intervention militaire qui lui permettra de constituer son armée, d’obtenir les pleins pouvoirs et de faire un coup d'état au moment opportun pour proclamer L'Empire Galactique. Evidemment, le putsch manqué du Vice-Roi et la mort de son apprenti Dark Maul vont donner un sérieux coup de frein à son projet. Mais au moins le bougre a pu devenir chancelier et saura rebondir en fomentant un plan encore plus sournois pour faire tomber la République.


Vous l'aurez compris, cette thématique centrale, fil rouge de la prélogie débouche logiquement vers des enjeux politiques plus complexes et plus adultes, ce qui en décontenancera plusieurs, nostalgiques du bon vieux temps où on avait les gentils rebelles contre les méchants de la dictature. Notez qu'il serait assez bête de s'en plaindre car comme je l'ai dis, le film reste un space-opera grand public avec beaucoup d'action et de combats contre des méchants clairement définis. C'est juste que les enjeux sont moins limpides que "Rétablir la liberté dans la Galaxie". Tout ceci apporte donc une plus valu très intéressante à une saga certes mythique mais qui manquait jusque là un peu de fond.


J'avais néanmoins peur en revisionnant le film qu'il est prit un méchant coup de vieux à cause de son abus des SFX numériques qui n'étaient pas encore aussi réalistes qu'ils le sont à l'heure actuelle (encore que ça dépend des films) fort heureusement, je ne sais si c'est grâce aux retouches pour la réédition blueray ou si c'est parce que Lucas a quand même eu l’initiative de tourner la majeur partie de son long-métrage en décors réel, mais ça a vraiment bien vieillit. C'est d'autant plus surprenant car tous les effets spéciaux ou presque ne sont désormais plus générés que par de l'image de synthèses. Mais non, ça passe crème. Le numérique offrant plus de possibilité que les animatronics, les persos n'en sont que plus vivant et mobiles. Quand aux explosions, aux vols spatiaux, ou autres combats en tous genres, ces nouveaux types d'SFX leur font gagner en intensité et en spectaculaire.


Esthétiquement rien à redire. l'univers me parait toujours aussi magnifique. Les environnements sont variés, on visite de nouveaux lieux, on en redécouvre d'anciens familiers et à chaque fois on sent de la vie s'en dégager.


Ce premier volet voit également le retour de papa George à la réalisation. Ce dernier apporte une mise en scène sobre et très efficace, sans jamais renoncer aux transitions Power-Point, marque de fabrique de toute la saga sous l'ère Lucas. Le réalisateur se permet quelques partis pris intéressants comme l'absence de musique durant la mythique course de bolides qui n'a rien perdu de sa superbe et dont seul ses bruitages, son montage et ses rebondissements parviennent à nous tenir en haleine, là où il aurait été pourtant facile de rajouter une musique épique pour donner artificiellement de l'importance a une séquence qui n'en avait nullement besoin. On notera également le montage parallèle entre les quatre lieux importants du conflit se déroulant au même moment, tous plus haletants et bien réalisés les uns que les autres, notamment ce combat de sabres absolument épique.


J'en profite d'ailleurs pour m'attarder un moment sur la musique. Une fois encore St John Williams est de retour pour une quatrième composition des plus magistrales. Je ne vous ferez pas l'affront de vous signaler que toutes ses musiques collent parfaitement aux situations qu'elles illustrent, c'est devenu une constante dans tous les films Star Wars. En revanche il est intéressant de relever qu'à l'instar de Lucas, Williams a su également renouveler sa musique. En effet, l'ajout de chœurs sur certains morceaux de sa BO permettent de créer de nouvelles ambiances sonores et de fournir à certaines scènes une intensité encore jamais vu jusque là. Pour preuve cet excellent theme qui sublime le combat de sabres lasers et qui reste à ce jour mon préféré de toute la saga


Je terminerai en abordant de manière détaillée les personnages, car il y'a beaucoup de choses à dire là dessus et c'est de là que subsistent les principaux défauts du long-métrage.


-Obi-Wan n'est pas encore le vieux sage bien veillant et respectueux qu'il sera prochainement. Il nous apparaît au contraire comme un faire valoir sans grande personnalité et se fait totalement voler la vedette par son maître Qui-Gon Jinn, interprété par le charismatique Liam Neeson. Ce dernier occupe la véritable figure du mentor bien veillant dans cet épisode en plus d'être le vrai personnage principal du récit. C'est un homme bon, intelligent, sage mais également un peu dissident par rapport aux autres jedis. Se montrant régulièrement très arrogant vis à vis de Padmé et bien trop sûr de son jugement sur le jeune Anakin. Charmé par les capacités hors du commun du jeune garçon et pensant avec certitude avoir trouvé l'élu, il ignorera avec mépris les réticences du conseil à son égard. Qui-Gon n'est donc pas un jedi parfait et il est amusant de constater qu'Anakin va acquérir les mêmes défauts que son premier maître, à savoir son arrogance et son entêtement. C'est également judicieux d'avoir fait en sorte que se ne soit pas Obi-Wan qui se lie d'amitié avec Annie mais bel et bien une autre personne avec qui le jeune apprenti aura développé une tendresse particulière. Rendez vous compte, cet homme l'a affranchit, lui a permit de gagner une course de bolides, de lui faire vivre des aventures hors du commun et de lui permettre de devenir le jedi qu'il souhaitait être. Obi n'a rien vécu de pareil avec cet enfant. Il ne se résout à le former que pour honorer la parole qu'il a faite à son maître avant qu'il ne trépasse. Les deux hommes se retrouvent donc ensemble non par choix, mais par défaut et ça c'est particulièrement ingénieux de la part de George Lucas. On a du coup une relation ne reposant pas sur de solides bases. Annie n'est pas formé par quelqu'un pour qui il éprouvait du respect et de la tendresse mais par un ramdom qui lui a à peine adresser la parole et qu'il a toujours perçu comme étant moins fort que Qui-Gon. Je pense que cette relation fragile favorisera le manque de discipline de Skywalker vis à vis de son maître et son glissement progressif vers le côté obscur. Mais peut-être que j'extrapole. Pour en revenir au personnage de Maître Jinn. Ses défauts de jedi n'en font qu'un être plus humain avec une forte personnalité qui respire la sympathie et la gentillesse. C'est pour cela que nous sommes particulièrement attristé lors de son décès en fin de film.


-Concernant Anakin Skywalker. Alors sur le papier, il n'y a que des bonnes idées. Le fait que le futur génie du mal soit au départ présenté comme un enfant prodige à la gueule d'ange et à l'esprit fondamentalement bon et généreux est un excellent choix. Cela accentue en effet le contraste entre ce qu'il est maintenant et ce qu'il est amené à devenir plus tard, ainsi le spectateur sera d'autant plus horrifié en redécouvrant le seigneur Vador car il se rappellera alors du brave petit garçon qu'il fut jadis et ne pourra que se rappeler avec émotion le triste chemin parcouru. Ce qui est le plus terrible avec les monstres, c'est de savoir qu'ils ont d'abord été des êtres humains en apparence tout à fait normaux. On ne naît pas monstre, on le devient et ça les fanboys ne l'ont vraisemblablement pas compris. Néanmoins, dans les faits cela passe moins bien à cause de la piètre prestation de Jake Lloyd, dont le jeu artificiel sonne complètement faux et le rend passablement énervant à chaque fois qu'il apparaît à l'écran. Difficile donc de ressentir une quelconque empathie pour un personnage à l'interprète aussi détestable. Néanmoins, n'étant pour l'instant qu'un personnage secondaire au sein du récit, il n'est donc pas envahissant au point de gâcher tout le film. On parvient même à se sentir impliqué pour son sort durant la course de bolides, car on sait bien que si il ne gagne pas, nos héros ne pourront jamais rentrer à temps sur Coruscante. Il n'empêche que c'est quand même extrêmement dommage de n'avoir pas su trouver un bon enfant acteur pour interpréter un personnage qui scénaristiquement était super bien développé.


-Maintenant le sujet qui fâche. J'ai nommé Jar Jar Binks. Je vous rassure tout de suite, bien que je vouais jadis un culte pour ce personnage du temps où j'étais jeune et con (enfin....plus que maintenant quoi), tout cela est désormais bel et bien révolu. Pourtant l'idée n'était pas si mauvaise que ça. Lucas voulait intégrer un nouveau comic-relief à son histoire, il ne fallait pas qu'il soit trop proche de C3PO pour ne pas risquer d'être une pâle copie, alors il a été décidé d'en faire son exacte opposé, à savoir un perso con et peu distingué dont la stupidité est censée être le principal ressort comique. Je dis bien "censée", parce qu'en vrai c'est juste un perso lourdaud et chiant qu'on a envie de transformer en lasagnes chaque fois qu'on voit sa gueule devant nos yeux. Après faut savoir relativiser. A l'instar d'Anakin, ce n'est qu'un personnage secondaire au récit et il n'est pas assez mit en avant pour me gâcher le film.


-Selon Durendal, la reine Amidala serait une jeune adolescente de 14 ans que l'on oblige à porter des responsabilités bien trop lourdes pour elle. Elle en devient alors une souveraine naïve et sensible qui sait cependant faire preuve d'ingéniosité et de malice. Développement intéressant mais qui n'est jamais clairement défini dans le film. A aucun moment il n'est fait mention de son âge ou de sa situation de "reine-enfant", c'est des trucs qu'on peut extrapoler si l'on est particulièrement attentif aux détails mais difficile de voir plus qu'une femme forte à la princesse Leila dans ce protagoniste. La reine méritait de toute évidence un développement plus explicite et davantage approfondi.


-Le conseil des jedis apparaît comme étant diversifié et en même temps uni par une posture et un code vestimentaire commun. On sent nettement l'influence des Samouraïs dont Lucas s'est servit pour concevoir l'icone même du jedi. Yoda ne s'en retrouve pas dénaturé, il conserve sa prestance et son phrasé légendaire même si il n'est pas très mémorable dans ce premier film. De manière générale, aucun jedi ne l'est. La caméra filme davantage Windu parce qu'il est campé par un acteur connu et Yoda car c'est un perso emblématique de la première trilogie. Mais pour quelqu'un découvrant la saga avec la prélogie, c'est pour l'instant un perso peu marquant qu'on n'oublie vite.


-Autres protagonistes pas vraiment mémorables, les méchants principaux de cet opus, n'ayant aucune autre personnalité que d'être les pions de Palpatine. Cela dit aucun mal à ça vu que c'est précisément ce qu'ils sont. Ils n'ont pas être mémorables vu que se ne sont que des sbires obéissant aux ordres du seigneur Sith qui dirige tout dans l'ombre. L'apprenti de ce dernier en revanche possède une classe et un charisme si visible qu'il est difficile de ne pas se souvenir de lui lorsqu'on évoque La Menace Fantôme. Avec ce visage de démon, ce regard tantôt impassible, tantôt violent et intraitable. Personnage mystérieux ne prononçant presque aucun mot et à la technique de combat unique et spectaculaire. Dark Maul est l'une des grandes réussites de ce long-métrage. Dommage qu'il soit si peu présent au sein du récit. Sinon j'aime bien l'esclavagiste garagiste/parieur/escroc de Tatouine. Son design et sa voix française sont parfaites <3


-Pour terminer revenons sur nos droïdes préférés que sont R2-D2 et C3PO. En tant que fan je suis évidemment très content de les revoir dans cette aventure. Reste que leur présence créerons diverses incohérences absolument pas nécessaire mais je suis prêt à passer outre. C'est aussi frustrant de les voir revenir pour finalement apparaître si peu de temps, mais ils auront l'occasion de se rattraper à l'épisode II.


Cet épisode est donc loin d'être une grosse merde. Il est objectivement très réussi au niveau de sa réalisation, de ses effets spéciaux, de sa musique, de son rythme, de son scénario et de son esthétique visuel. Le gros problème concernent avant tout les personnages plus qu'inégaux dans leurs écritures, leurs développement ou leur présence à l'écran. La Menace Fantôme est aussi un opus moins marquant que ses prédécesseurs car il est la première pierre d'un édifice plus grand qui n'a de sens que si on l'apprécie dans son entièreté. Ce n'est que lors du 3ème volet que nous comprendrons la pleine mesure de son importance.

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le 21 déc. 2015

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Alfred Tordu

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