La fin d’un nouveau cycle qui n’en était pas un.

Star Wars, c’est l’histoire d’une enfance prolongée, d’un rêve étendu dans l’univers de tous les possibles. Ce neuvième film vient non seulement clôre une non-trilogie mais fermer l’arc narratif des Skywalker. En tant que mastodonte scénaristique et cinématographique, l’oeuvre créée par Georges Lucas il y a 42 ans déborde d’enjeux que le public s’empressera de juger à chaque nouvelle sortie. Et pour celle là, il était assurément prévisible que personne ne serait content. Or, j’ai décidé de l’être.


The Rise of Skywalker met fin à l’une des histoires les plus passionnante et épique jamais traduite à l’écran, dont neuf sorties cinéma sur 42 ans, et c’est aussi pour la rareté d’un tel évènement que j’ai préféré apprécier l’oeuvre projetée plutôt que de la détester. Les raisons d’être mécontent sont valables et nombreuses mais selon moi, il faut saluer le travail du réalisateur d’avoir réussi à sortir un film grandiose et visuellement riche.


Revenons maintenant sur la construction de cette trilogie. Car au delà des incohérences criantes, de la densité des plans, des second rôles inutiles, du fan service « trilogie originelle » très présent, des nouvelles applications de la Force (…) ce qui pour moi représente le talon d’achille de cette trilogie, c’est Disney. En 2014, on apprend que Georges Lucas ne réalisera plus de films Star Wars, et c’est bien là le symbole du rachat de LucasFilm par la firme aux grandes oreilles. L’âme n’y sera plus.

Ceci étant, avec les moyens et la technique à disposition en 2015, rien ne pouvait présager un tel désaveu. Mais tout n’est pas que visuel dans Star Wars, et malheureusement et surtout, l’importance du scénario l’est plus ici que nulle part ailleurs. L’erreur est là. Les épisodes VII, VIII et IX ne sont que trois films distincts au lieu d’une trilogie. Une histoire construite au compte goutte, sans que personne à l’écriture de l’épisode VII n’ait une idée de comment le IX allait finir. C’est une erreur assez grave, voire impardonnable. Une histoire pensée films par films, réalisateurs par réalisateurs, dont le scénario ne sait pas où il va et où les enjeux se contredisent de manière indigente.


Star Wars avait toujours su prendre son temps pour se construire (une trilogie par génération) quand Disney presse une entité qui se verra gratifiée d’un film tous les deux ans. Nos parents se sont construits sur la trilogie originelle. Nous nous sommes construits sur le prélogie. Les enfants d’aujourd’hui se construisent avec cette non-trilogie, mais certainement bien d’autres à venir. Et c’est trop.


En définitive, dans cette trilogie, la forme prédomine sur un fond qui ne cesse de se battre pour effacer des mémoires l’épisode qui le précède, en réinventant son vocabulaire, au détriment d’arcs narratifs et de personnages qui s’en trouvent perdus et dont les trajectoires incohérentes sont parfois trop visibles.


Je suis allé le voir deux fois. 
J’ai aimé Star Wars IX les deux fois.


Je souhaite maintenant, pour le bien de ce qu’est Star Wars dans l’imaginaire collectif, que les réalisteurs de Game of Thrones, Weiss et Benioff, nous proposent une trilogie originale et cohérente dans son ensemble.


L’univers étendu est riche, beau, infini. Faites nous rêver.


PAC

P-aCarriere
7
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le 28 déc. 2019

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P-a Carriere

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