Dans le retro

Voici donc l’épisode qui clôt une trilogie inégale voire bancale. Si l’épisode 8 était réjouissant car irrévérencieux, malin et libre, celui-ci est à peu près tout le contraire. Il faut reconnaître que Rian Johnson avait su dans l’épisode 8 s’approprier le récit. Abrams avait de son côté été bien trop timide dans l’épisode 7. Le retour d’Abrams à la réalisation pour ce nouvel épisode n’était donc pas une bonne nouvelle. Alors pour sûr, c’est propre, c’est beau et ILM est toujours un gage de qualité en terme de CGI mais le problème est ailleurs à commencer par le scénario. Pour rappel, le 7 était une redite flemmarde du 4 et le 8 tentait d’ouvrir la fenêtre pour faire rentrer un peu d’air frais. Ici, Abrams scénariste se prend les pieds dans le tapis, démolit la lampe qui était là en voulant se rattraper et finit la tête dans tableau de maître qui était accroché au mur. C’est simple, rien ne tient debout, tout est tiré par les cheveux et incohérent. Il n’y a même pas un essai d’explication des évènements ou de prise de recul. À l’image de cette info hallucinante qui nous est balancée dans le texte introductif et donc dès la première minute du film (pas vraiment un spoil donc) : Palpatine est toujours en vie. OK. Pas même une tentative de mettre en scène cette information capitale. Non, un pauvre texte suffira. Et le reste est du même acabit. Les dialogues sont sans intérêt et les rebondissements ont déjà été vus mille fois dans le reste de la saga. L’articulation entre les différents théâtres d’opération est poussive et donne l’impression que les personnages gesticulent sans même vraiment savoir ce qu’ils font. Et là où Johnson avait réussi à épaissir les personnages, Abrams les enferme à nouveau dans des rôles d’archétypes. Du coup, la tension dramatique ne prend jamais. Par ailleurs, on ne peut que regretter le malaise que procure l’exploitation de l’image de Carrie Fisher, actrice décédée qu’on usera jusqu’au trognon. Au final, c’est un spectacle honorable pour qui voudra sentir son siège trembler mais pour ceux qui attendaient une conclusion digne, c’est un grand gâchis. Mais soyons-en sûrs, ça n’empêchera pas Disney de continuer à retirer des dividendes de cette licence lucrative.