Star Wars, on aime ou on déteste, ne cherchez pas à comprendre. Si vous n’avez pas aimé, vous n’aimerez jamais. L’immense force de cette saga c’est de délivrer du pur divertissement à un public très large et à chaque fois, elle glane de nouveaux spectateurs et nous force à acheter ses maudits Legos (ne regardez pas vos pieds comme ça). Le succès réside sur quelques éléments clés : c’est une saga familiale, sur fond de politique (légère), bourrée d’action, avec un brin de philosophie pour donner consistance à l’histoire que l’on appelle donc La Force. Star Wars est au cinéma ce que le burger est à la cuisine : gras, efficace, à déguster en vrai plaisir coupable qu’on partage entre amis ou en famille éventuellement. C’est comme mordre dans un burger en faisant déborder la garniture sur les côtés, vous voyez l’idée ?


Onze ans après l’épisode III qui clôturait la trilogie de Georges Lucas (la plus récente en date mais la plus éloignée dans la « timeline » globale), J.J Abrams donne donc vie à Star Wars – Le réveil de la force (épisode 7), suite de l’épisode 6 avec un important bon dans le temps de quelques décennies. Première observation à la lecture du désormais classique texte jaune fluo défilant, Abrams ne se mouille pas sur ce qui s’est passé depuis la fin de l’épisode 6, et cela va laisser la place aux prochains films (ainsi qu’à environ 500 comics, 14 spin-off, 3 ou 4 séries TV) pour exploiter ces décennies d’histoire qui posent questions. Deuxième observation à la lecture du pitch, on a affaire à une copie à peine dissimulée du scénario de l’épisode IV. Là où certains verront un bel hommage ou une façon de passer le flambeau, j’y ai plutôt vu l’incapacité de proposer un story-telling novateur (ce qui semble être le mal du siècle dans le cinéma).


Passées ces constatations, je vais commencer par ce que j’ai apprécié et Disney a réussi ce qui pour moi était essentiel dans Star Wars : gérer l’attente. J’ai toujours attendu les films de cette saga avec impatience, frissons dans le dos, et sourire scotché au visage, l’épisode 7 m’a provoqué les mêmes réactions avant sa sortie, pendant la projection du film, et après. Ensuite, tout au long du film d’Abrams, malgré quelques lenteurs, il faut bien reconnaître que l’on ne s’ennuie pas car l’action est soutenue. À la sortie du film, l’envie d’en parler est immédiate et on se surprend à envisager de refaire la queue dans l’autre sens, pour retourner le voir dans la foulée. Visuellement c’est évidemment très réussi. Les nouveaux personnages sont plaisants sans crever l’écran à ce stade et c’est intéressant d’avoir une héroïne (Rey). Enfin, j’ai trouvé appréciable que certaines créatures soient le produit de costumes et de maquillage, que certains passages du films aient été tournés dans de vrais décors, cela ne doit pas coûter plus cher et apporte une authenticité qui avait terriblement fait défaut dans les épisodes I, II et III. Il y a donc de bonnes choses à retenir.


Pourtant, je dois bien reconnaître que je ne m’y suis pas totalement retrouvée, il est difficile de plaire à tout le monde. Mon regret principal c’est que l’histoire n’emprunte aucun nouveau chemin alors TOUT était possible. Certains codes typiques de Star Wars n’ont pas été totalement exploités : les hologrammes (peu exploités ici bien qu’on peut supposer que 30 ans plus tard les modes de communication aient évolué), les planètes (on en voit peu mais on peut aussi supposer que le visage de la galaxie a évolué), les batailles dans l’espace (là encore elles sont anecdotiques), les différentes races animales/alien qui peuplent le monde, les compacteurs à ordures (oui je pousse un peu), et la musique de John Williams peu inspirée.


Plus globalement, je m’interroge sur certains choix : Kylo Ren pourrait être un excellent vilain mais était-il nécessaire de lui faire retirer son masque au début du film ? La présence des anciens (Han Solo, Leïa Organa, C3PO, R2D2) n’apporte pas grand chose si c’est pour les tourner en guignols comme cela a été fait alors là aussi je me demande : J.J Abrams a-t-il conservé ceux qui avaient le meilleur potentiel ? La jeune Rey non formée à la Force peut-elle réellement tenir tête dans un combat de sabre laser (qu’elle touche pour la première fois) à un Kylo Ren qui lui est totalement rodé à cet exercice ?Finalement, il semble complexe de faire du neuf avec du vieux, de se détacher de l’héritage de Georges Lucas alors qu’il me semble que le temps a suffisamment passé pour qu’on puisse faire un peu ce que l’on veut sur cette saga. Ce sont autant de détails qui font que mon burger m’a paru un peu fade malgré son efficacité indéniable.


Heureusement, il y aura une suite et même deux, pour répondre à mes questions, et pourquoi pas se détacher un peu du passé pour écrire les Star Wars de demain. Il m’est impossible de donner un avis totalement tranché tant il faut considérer cet épisode dans son ensemble, c’est à dire une trilogie en cours de construction.

c3c3dx
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le 19 janv. 2016

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