[NO SPOIL] Le (vrai) réveil de la Force

Il est parfois des mythes face auxquels on n'a aucune envie de relativiser, de garder un tant soit peu de rationalité, d'objectivé, sans pour autant exclure un léger recul. Star Wars se dresse en porte-étendard idéal de cette catégorie somme toute peu usuelle, et c'est avec excitation, appréhension et fierté de partager cela avec ma descendance que je suis allé vers le côté obscur d'une salle de cinéma.

2h15 plus tard, la guerre des étoiles est dans les yeux de mon fils et dans les miens, telle une preuve de l'aspect transgénérationnel de cet épisode VII. Réussite visuelle, narrative, artistique, émotionnelle, Le Réveil de la Force est sans doute possible la suite inespérée à la saga originelle, celle-là même qui a bercé nos enfances et nos joutes fraternelles et amicales. Si beaucoup des codes sont repris par JJ Abrams qui se pose en passeur d'âme, aucun n'est trop appuyé au point d'en être rébarbatif et difficile de renier une fois de plus son talent, moi qui le considère comme LE successeur spirituel à des Spielberg, Zemeckis et Lucas, ces conteurs nés pour divertir le public.

Puisqu'il est impensable de lever le voile sur le scénario et ses aspects majeurs, notons tout de même que la nouvelle génération se marie à merveille avec nos héros d'enfance. Rey s'impose tout en finesse caractérielle, Finn contre-balance assez bien et son histoire assez inédite apporte de la profondeur au personnage. Mention spéciale à BB-8, le droïde qui calque le rôle "comique" du binôme R2D2/C3PO tout en s'insérant de façon idoine entre eux. Car oui, personne n'est abandonné dans le désert de Jakku puisque Abrams s'appuie sur les - solides - bases de la prélogie. Han Solo (qu'on prononce enfin correctement en VF et non "Yann") tient une place prépondérante et Harrison Ford se glisse à nouveau dans ses bottes de contrebandier comme s'il ne les avait jamais quittées. Rôle emblématique secondé par les présences opportunes de Chewie, Leïa Organa et d'autres personnages emblématiques, pour ne pas dire historiques. Un mot enfin sur Kylo Ren, le Sith au centre de la nouvelle trilogie, campé avec justesse et la fêlure idéale par Adam Driver. Le personnage est classe, son costume l'est tout autant, son sabre encore plus et son background parfait pour qui connait certains éléments littéraires post-Retour du Jedi.

Visuellement, le réalisateur a réussi le pari de s'émanciper de l'omnipotence du numérique et l'on sent rarement un rendu généré par ordinateur - même si c'est évidemment le cas - à l'exception des combats spatiaux. On connait la volonté manifeste de la direction artistique de donner encore plus de crédit à l'ensemble et du réalisme en passant par des décors, costumes et effets réels, cela se ressent de bout en bout et le point d'orgue est indubitablement cette scène finale où l'on marche presque sur le ciel.

Musicalement, avec John Williams une fois de plus à la baguette, nous sommes en terrain connu et l'ambiance space opera a fait de lui son maître depuis de nombreuses années.

Malgré une note presque parfaite - assumée -, tout ne l'est pas pour autant dans Le Réveil de la Force et certaines choses se révèlent finalement assez étonnantes et déconcertantes. Que ce soit au niveau de Rey et de certaines de ses aptitudes innées alors qu'elles ne devraient pas l'être, le manque d'intérêt de Captain Phasma ou encore l'explication d'une telle expansion du Premier Ordre, il faudra éclaircir ces éléments dans les prochains volets.

Mais au final, c'est faire la fine bouche sur un film que l'on attendait tous. J'avais placé de fols espoirs en ce Star Wars, c'est même au-delà de mes espérances au final. Exceptionnel. Merci JJ Abrams, vraiment merci.