N’étant ni un immense fan de Mad Max ni un immense fan de Star Wars, je me suis néanmoins senti obligé de me laisser tenter par ce qui semble avoir été les deux gros phénomènes cinématographiques de l’année: le retour tant attendu de deux licences cultissismes. Après avoir un peu craché sur le dernier Mad Max (peut-être un peu trop finalement, en y repensant) c’est au tour de Star Wars d’en prendre un coup.


Le film démarre donc seulement trente ans après la fin de l’épisode VI, alors que tout le monde semble déjà n’avoir plus aucune connaissance de ce qu’étaient les Jedis (les manuels d’Histoire n’existant certainement pas dans cette lointaine, très lointaine galaxie) et alors que l’Empire du Mal, anéanti après la mort de deux des plus grands seigneurs Siths de l’Histoire et la destruction de l’Étoile Noire, est revenu, plus puissant et déterminé que jamais… Faut avouer que ça commence bien, déjà. D’ailleurs je vais embrayer direct: le carton de début, mythique et indispensable à la saga, m’a beaucoup fait rire. Avant même d’avoir vu une seule image du film, on est déjà en droit de s’attendre à un scénario écrit avec les pieds…


Pour faire simple, il n’y a absolument rien à attendre de cet épisode qui ne soit pas déjà présent dans l’épisode IV, si ce n’est peut-être les effets spéciaux (mais si de bons effets spéciaux suffisaient à faire un bon film…). J’ai réellement eu le sentiment d’assister à deux heures de pur fan service et d’auto-référence lourdingue. Et l’un des points qui m’a le plus gonflé: les nouveaux personnages sont complètement calqués sur les anciens, Rey n’étant qu’un ersatz féminin de Luke, BB8 un nouveau R2D2 inspiré de Wall-E (lui-même inspiré de R2D2, c’est un cercle vicieux ce bordel) et j’ai même cru pendant les premières minutes que le personnage joué par Oscar Isaac (dont j’ai oublié le nom) allait faire office de nouveau Han Solo tant son attitude fait penser à lui (Han Solo qui, encore une fois, reste le meilleur personnage du film). Seul Finn sort un peu de ce qu’on connaît, encore qu’il m’a l’air bien trop peu développé pour être réellement intéressant, du moins dans cet épisode. Et ne vous inquiétez pas, je vous vois venir. C’est vrai qu’il y a quand même un personnage qui n’est pas repompé sur la trilogie originale… Et y’a de quoi en parler, de celui-là…


Alfred Hitchcock a dit un jour un truc du genre « Meilleur est le méchant, meilleur sera le film ». Et j’ai bien l’impression qu’on a ici affaire à l’un des méchants les plus daubés du cul de l’Histoire du Cinéma. Et c’est con, parce que ses premières apparitions étaient plutôt badass. Ça faisait même plaisir de voir un méchant comme ça. Mais le malheur est arrivé, et je crois que tout le monde l’a senti, au moment où le pauvre bougre a décidé d’enlever son masque… Nom de Dieu, qu’est-ce que c’est que ce truc… J’ai vraiment du mal à admettre que le gosse de Han Solo et Leia Organa puisse ressembler à ça (parce que oui, spoil, c’est leur fils, et il tue son père, mais ça on le sent venir des plombes à l’avance, donc passons)… Un adolescent en pleine crise choisi par un grand seigneur en hologramme géant (dont l’esthétique jure avec le reste, soit dit en passant) pour diriger des troupes, mais qui galère finalement à buter un pauvre stormtrooper et qui échoue à vaincre une nana qui a appris qu’elle était affectée par la Force une demi-heure plus tôt… Super… Finalement l’adolescent qui s’énerve je me demande s’il n’est pas calqué sur un ancien personnage, lui aussi…


Sinon, que dire d’autre, c’est vrai qu’en terme de pur divertissement la narration est efficace, il se passe pas cinq minutes sans qu’il arrive un truc. Après, mais là c’est personnel, les batailles de vaisseaux spatiaux, ça a tendance à pas me parler plus que ça, même si la première course-poursuite avec le Millenium Falcon présentait deux, trois trucs un peu chouettes. Venant de Star Wars, les combats au sabre m’attirent beaucoup plus (mais si vous savez, les quelques moments qui empêchent la série des années 2000 de sombrer dans le naufrage). Et du combat au sabre ici, y’en a un ! Et il est nul ! Il est mou du cul ! Bordel Abrams, mate un Wu Xia Pian au moins une fois dans ta vie et prend exemple ! Et dernier point, le montage, putain de merde, encore une fois, c’est pas possible… Des raccords aussi dégueulasses que ça, ça devrait être interdit depuis bien longtemps. Et y’en a partout !


Non, vraiment, ce film n’est ni un bon Star Wars, ni un bon film tout court. Rien, absolument rien d’innovant ou d’intéressant n’est proposé ici. Et j’ai énormément de mal à comprendre comment des fans de la licence de la première heure ont pu l’aimer à ce point. J’aurais presque envie de croire et d’espérer que le prochain sera meilleur, mais l’apparition finale de Luke Skywalker me donne ce méchant pressentiment que son personnage ne deviendra rien de plus qu’un nouveau Ben Kenobi…

Tartinovski

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