Ca va sévèrement spoiler là-dedans, donc méfiance.


On peut pas dire que je sois un fan absolu de l'univers Star Wars, je m'en protège. Mais vraiment, je le trouve si dense, si distrayant et si simple que l'affection est belle et bien là. J'attendais cet opus avec une impétuosité qui n'a fait que grandir au fil de la campagne marketing de ce dernier. Ces derniers temps j'oscillais inlassablement entre BFM TV et les attentats et la Force qui s'insinuait partout où j'allais. Aussi m'a t'il fallu hésiter, en faisant mes courses à Auchan, à acheter ou non un paquet de Tampax en forme de sabre laser. Alors oui, j'exagère un peu, mais pas tant que ça. L'engouement est devenu tel au fil de la promotion du film qu'il était devenu finalement plus simple d'échapper au fisc que d'échapper à l'excitation provoquée par l'arrivée de ce nouveau Star Wars. Je le vois encore, R2D2 sur ma bouteille de Volvic, avec son regard inquisiteur genre 'Le film est sortie y a plus de deux semaines, qu'est-ce que tu branles encore ici ?'. De toute façon, les trailers m'avaient convaincu d'un bout à l'autre, je le sentais vraiment, mais vraiment bien. J'osais même critiquer les gens qui avaient vu le film et l'avaient trouvé mauvais, alors que je ne l'avais pas vu moi-même, je m'étais... radicalisé.


Et bien le bilan est sévèrement mitigé à mon grand regret. Et je ne veux pas entendre des choses du genre 'mais tes attentes étaient trop grandes'. Comment était-il possible de ne pas trépigner tant notre esprit a été sollicité par l'évènement ? La Force était trop omniprésente - Bouffes, putain, bouffes-en de mon Star Wars -. Et puis comme après une campagne présidentielle et des élections, ça part vite en demi-molle, pour finir par se la ranger dans le calcif.
Je m'explique, j'ai globalement passé un bon moment, mais il y a vraiment trop de choses qui ne fonctionnent pas, et même de l'auto-sabotage digne de la saga Dragon Ball. Drôle d'analogie ? Pas tant que ça. Il y a dans Star Wars, malgré son éternel côté bon enfant, une idée de la puissance, un truc qui fait parler à la récréation - 'c'est qui le plus puissant des Jedi ?' -, et je suis désolé, mais dans ce dernier opus, on a vraiment l'impression qu'avec un bon coup de boule, y a moyen de les mettre K.O.. A l'instar de Dragon Ball, la venue de certains personnages rend tout à fait obsolète la toute puissance de certains apparus auparavant ainsi que la construction narrative de ces derniers. Concrètement, Kylo Ren, c'est la grande classe pendant un long moment, on se dit que lui, c'est un chaud. Et puis en fait, l'ex-Stormtrooper Finn dans un combat lui résiste quand même loooongtemps, trop longtemps, le Kylo Ren finissant par se prendre une raclée par une Rey qui voit sa Force à peine balbutier. D'accord, il est blessé, mais sérieusement, le mec a reçu un entraînement pendant des années, fini bras droit de la puissance maléfique absolue, et il se fait dégommer par une gamine qui manie le sabre comme si elle avait fait ça toute sa vie, alors qu'elle le touche pour la toute première fois. Juste pas crédible. On pourrait me rétorquer que je fantasme et que je refais le film, mais TOUT est fait progressivement pour qu'on craigne ce Kylo Ren. Le pétard mouillé.
Alors c'est peut-être un point de détail, mais je le trouve particulièrement gênant, assez pour épiloguer à ce point. Mais ce n'est pas tout.

Une chose qu'on a du mal à gober, c'est la soudaineté d'absolument tout dans le film. Les personnages viennent de se rencontrer, ils deviennent meilleurs amis en une heure, que ce soit entre Finn et Rey, entre Finn et le pilote dont le nom m'échappe, entre BB8 et Rey. Même sous l'emprise de drogues fortement empathogènes, on prendrait quand même un peu plus son temps. L'héroïne découvre subitement la Force, et tout devient exponentiel en une journée. On y croit juste pas. Tout cela s'ajoute à un nombre incalculable de deus ex machina, qui certes sont pléthore dans toute la saga, mais à ce point personnellement je décroche. On dira que c'est la Force qui fait se rencontrer tout le monde au même point de convergence et basta hein... Les aspirations des personnages sont floues et manquent cruellement de matière pour que le processus d'identification fonctionne pleinement.
Ca fera peut-être un peu réac' et mal-approprié de ressortir cet argument, mais honnêtement, on ne peut pas nier la 'Disneyification' du film. Les touches d'humour, même si encore une fois elles sont également présentes dans les opus précédents, ne sont pas du tout du même goût. A titre d'exemple, le pilote Oscar Isaac Poe (j'ai regardé depuis) qui, dans un élan de bravoure et de désinvolture demande à Kylo Ren 'euh je commence à parler ou c'est vous ? Non parce qu'avec le masque je sais pas trop', et là les rires dans la salle, et un Kylo Ren décrédibilisé dès l'opening scene, bim. Mais mec, t'aurais jamais osé faire ça à Darth Vador, petit con.
Alors parlons-en, du côté obscure. Palpatine/Darth Sidious, il faisait quand même bien flipper. Tu sentais non seulement la puissance démesurée, mais aussi le côté evil absolu. Un personnage qui n'était d'ailleurs dévoilé qu'avec une parcimonie mystifiante. Dans 'The Force Awaken', on a un Snoke inintéressant, et pourvu d'un charisme bien en deçà d'un Gollum, qui pourtant partage quelques traits de visage avec ce dernier. Ce même Snoke n'aura pas eu mieux comme idée que de choisir un Kylo Ren colérique et légèrement incompétent comme bras-droit. Bras-droit qui serait quand même sensé être le deuxième plus puissant - mais ché qui le plus fort ? -, ce qui nous ramène à sa défaite mentionnée plus haut. Sigh...
Vraiment, moi-même je me demande si je ne suis quand même pas trop dur avec le film, mais tous ces éléments mentionnés sont trop de bémols qui contribuent tristement à ma perplexité.


Parmi quand même quelques points que j'ai apprécié, il y a BB8 que je trouve foutrement bien réussi, très bien personnifié, l'empathie fonctionne sans effort. Une version 2.0 de R2D2 qui déjà faisait émoi jadis.
Ensuite, même si je l'ai allègrement critiqué, j'aime tout de même assez le personnage de Kylo Ren, la seule personnalité un tant soi peu complexe du film. Plutôt charismatique, avec et sans le masque, on a envi d'en savoir plus sur son parcours. Un personnage qui a peur de céder au côté lumineux de la Force, j'aime assez.
Je me passerai des détails de mise en scène, puisque globalement c'est beau et fonctionnel, au service du matériau d'origine. Je m'attendais tout de même à une claque un peu plus sévère si je m'en réfère aux bandes-annonce, mais je pinaille.


Conclusion, c'est un Star Wars et ça fait du bien de replonger dans l'univers. Je suis rude, mais au-delà de ça, je n'ai aucune animosité envers le film malgré les nombreuses déceptions. Le plaisir de voir un nouveau Star Wars est tellement grand, qu'on pardonne en réalité plus aisément que pour d'autres. J'irai d'ailleurs le revoir sous peu dans de meilleurs conditions (la salle où j'étais laissait largement à désirer, tant sur le son que sur l'image, et le confort), et je ne manquerai pas de nuancer ma critique si je m'apercevais d'une quelconque réminiscence de la Force.


Gerwin

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le 27 déc. 2015

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