Jeffrey Jacob Abrams, j'aimerais te dire que des jeunes français sont partis en Syrie pour moins que ça...
C'est bizarre, parce qu'en descendant les marches pour sortir – sonné – de la salle, je me sentais pousser la barbe. Tu sais, cette fameuse barbe qui fait peur, broussailleuse, longueur réglementaire – une main, comme celle qui va asséner des gifles dans les prochaines lignes, juste en pressant des touches (tu as de la chance, je ne tape qu'avec quatre doigts).


Toujours en dégringolant lentement les marches – c'est qu'il y en avait du monde dans cette salle, veinard ! Oui, je vois tes yeux briller – un voisin de descente me glisse à l'oreille, en désignant du menton un mouflet devant nous, haut comme quatre gobelets de sodas : « Tu te rends compte, il aura déjà vu ça à son âge ! ».


Piiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Comme une balle qui te siffle à l'oreille. Je suis debout, groggy.
Je commence à transpirer. Je me suis rappelé ce prof qui nous disait que les films vus dans l'enfance sont ceux qui échafaudent l'imaginaire, ceux qui rallument des étincelles dans nos yeux à leur évocation, cinquante ans plus tard. Et là, je commence à paniquer.
Je parviens à me calmer en me disant que tous les mômes de la salle seront probablement morts d'un diabète ou d'un cancer avant d'arriver à cette période de « nostalgie bienveillante ».


Jeffrey Jacob Abrams, tu parais être un homme respectable. Riche assurément, donc respectable. C'est du moins ce que ton pays t'enseigne. Mais si tu as bel et bien vu les volets précédents de la saga dont tu reprends le flambeau, ne te sens-tu pas tout chétif et simiesque lorsque tu regardes le fruit de ton engagement artistique ?


Parce que j'ai eu beau chercher, avec mes deux yeux, mon cœur ouvert et toute ma curiosité, je n'ai rien trouvé d'autre que ce que tes prédécesseurs nous avaient déjà offert, et de façon bien plus grandiose.


Jakku, c'est Naboo pillée par les huissiers après la trêve hivernale.
Les peuples intergalactiques ? Au dictionnaire Larousse 2016, à l'entrée «duplicata», on ne donnera plus de définition, on mettra juste une capture d'écran des scènes du café de Maz Kanata. Et tout le monde dira « Ah oui, bien sûr! ».
Les costumes ? Sérieusement Jeffrey Jacob, si tu avais pris la peine de faire un tour à La Halle aux vêtements, tu aurais pu trouver des sapes et des idées bien plus détonnantes.
La bande originale ? Quelle bande originale ?Ah ? Vraiment ? Il y a eu des compositions musicales ?


Même les bouilles du casting ont le mérite de montrer qu'à ton niveau, on peut faire bien plus clonesque qu'un stormtrooper.
Rey ? Décalquée de l'héroïne de Hunger Games
Kilo Ren ? Fils caché des amourettes sodomites entre Han Solo et Severus Rogue.


Ton petit côté taquin va jusqu'à opter pour John Boyega dans le rôle du teubé de service, en place de JarjarBinks : preuve s'il en fallait que depuis la Blaxploitation, la culture de masse sait gratifier les acteurs Noirs de rôles tellement sur mesure.


Mention spéciale pour le plan final en mode Highlander qui nous révèle quel était véritablement ton souhait secret.


Tu vois, Jeffrey, je n'ai même pas pu être méchant avec toi. Je ne t'ai ni bousculé, ni même molesté. A vrai dire, je n'avais pas envie de commenter le vide intersidéral de ton scénario (tu t'es certainement rassuré en te disant que ça donne bien plus d'ampleur à un space-opera que les petits points blancs sur fond noir).


En tout cas, je te félicite pour ta franchise à l'égard de ton public béat et applaudatif, ton « produit culturel » (puisque c'est ainsi qu'il faut maintenant nommer les films à grand succès) a en tout point la même valeur qu'un seau medium de popcorn, vendu dix mètres après la caisse.

maolic
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le 29 déc. 2015

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maolic

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