Si ce septième opus avait bénéficié du budget de l'honnête série B qu'il est réellement, je lui aurais peut-être collé la moyenne. Mais vu la débauche de moyens, le résultat est finalement en dessous de tout.


Soyons clair, on a envie d'être contents de le voir, on a envie d'en prendre plein les mirettes, on a envie de gros méchants bien méchants, de combats aux sabres laser et de batailles spatiales… mais à l'arrivée, le compte n'y est pas.


On a bien le gros pot-au-feu de space opera tant attendu, on est content de retrouver l'univers de Star wars, mais assez rapidement, l'indigence du scénario, la faiblesse des personnages et la platitude du récit prennent le dessus et distillent un morne ennui, voir parfois une pointe d'agacement tant on finit par s'énerver d'être pris à ce point-là pour des crétins incapables d'enchainer une pensée construite plus de 10 secondes d'affilée.


Là où le film devient rapidement insupportable, c'est dans sa foire aux incohérences de montage, de récit et même d'univers.


On en prend pour exemple la scène d'évasion de Rey.
On veut bien oublier que la fille se met à maitriser la Force en 30 secondes max — d'autant qu'elle utilise plutôt la voix de Dune, mais passons une éponge miséricordieuse sur cette scène déjà énervante en soi — et nous voilà avec elle dans les couloirs de la nouvelle étoile noire (ben oui, c'est la même chose qu'avant, mais en plus gros, voilà!). À moment donné, elle arrive par un couloir perpendiculaire près d'une corniche à grand vide vertical qui débouche sur le spatioport dont elle convoite un vaisseau. De son couloir, elle voit bien qu'elle est cuite : il y a un petit groupe de stormtroopers qui bloquent l'accès au hangar à sa droite et une patrouille qui arrive sur la corniche sur sa gauche. Et le plan d'après, elle est pendue dans le vide sous la cornichee… ce qui implique qu'elle a traversé la corniche à ras du pif de la patrouille qui est donc une patrouille d'aveugles.
On va dire que c'est une faiblesse du montage.
Là, toujours accrochée à sa paroi verticale qui s'enfonce à perte de vue dans les entrailles de la planète-arme secrète, elle descend pour se planquer et… elle tombe sur un levier.
Je ne sais pas pour vous, mais je ne vois pas du tout quel ingénieur aurait pu avoir l'idée de placer un levier à main sur une paroi verticale qui plonge dans le vide. Généralement, ce genre de truc est au mur, à un endroit où un utilisateur standard peut s'en servir sans fatigue ou contorsion ou sans un brevet d'escalade (encore que ceux qui ont dû changer une ampoule de phare sur certains modèles de voiture… bref…).
Donc, on oublie qu'il y a un levier posé n'importe comment et n'importe où et là, paf, Rey décide de l'abaisser. C'est super logique : un levier à la con posé n'importe où, si je suis accrochée à une paroi, je l'active pour voir ce qu'il va se passer. Et là, c'est trop cool, il y a un gros tiroir qui sort de la paroi, pile poil la taille pour qu'elle se glisse dedans.


Là, t'es un peu énervé, mais ce n'est pas fini. Parce qu'à la scène suivante, on retrouve Rey toujours sur sa paroi, mais au-dessus de la corniche et vue du point de vue des potes venus la secourir, ce qui tombe super bien, parce qu’à l'intérieur d'une machine de la taille d'une planète, ils sont passé pile poil au bon endroit et au bon moment pour voir leur copine faire l'andouille sur une paroi qu'elle n'aurait pas dû atteindre et non pas dans le tiroir où elle venait d'entrer mais on ne sait plus trop pourquoi.


Et le reste est à l'avenant…


Si on gratte un peu, on peut tenter de trouver une cohérence à ce gros morceau indigeste :
Là, l'enjeu, c'est plutôt l'éternel recommencement, l'usure du temps et des sentiments, le bouillonnement de la jeunesse qui soutien la cause dans laquelle les anciens se sont encroutés dans leur légende et du fait que la démocratie est quelque chose de suffisamment solide pour que l'on doive sans cesse recommencer le combat.

Après, des tas de trucs risibles : effectivement, le coup de la poignée dans le vide qui ne sert à rien, le fait que le rempart de la démocratie, c'est une dynastie génétique d' Übermensch, carrément, que le mal est toujours aussi séduisant pour les membres de la famille du bien.


Après, on sent arriver les grosses conneries scénaristiques du prochain bousin avec la question centrale : Rey est-elle bien la fille de Luke Skywalker? Ben oui, on te laisse des indices encore plus gros que les incohérences : l'abandon de l'orpheline sur une planète désertique, mais en même temps, les qualités de pilotage de Pépé et la rectitude morale de Mémé. Rey serait la cousine de mini Dark Vador, à moins qu'elle ne soit sa sœur jumelle séparée à la naissance, mais ce serait vraiment trop énorme… encore qu'ils n'ont peur de rien dans la nouvelle trilogie.


Bref, cela aurait pu être bien avec un vrai point de vue de réalisateur, un scénario en béton, des personnages consistants et une scripte…

AgnesMaillard
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le 11 janv. 2016

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Agnès Maillard

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