Du recyclage, une Kychlo Ren, et le fils débile de l’ingénieur des premières Etoiles Noires...

Clairement, l’événement cinématographique de 2015 fut la sortie du septième épisode de… Fast and Furious, attendu au tournant pour voir comment l’équipe du film allait « ressusciter » Paul Walker dans son rôle de Brian O’Connor, après sa disparition tragique…


Une fois l’effet dissipé, l’intérêt se tourne vers Star Wars, ou comment ressusciter là aussi une franchise après trois films n’ayant pas vraiment fait l’unanimité. George Lucas – qui a revendu sa licence à Mickey en 2012 pour s’acheter une nouvelle planète, par pur caprice – a définitivement tourné la page, et même ses idées n’ont pas été retenu pour faire ce nouveau film. Barre-toi papy, t’as fait ton temps. Concocté par un scénariste émérite de la saga (Lawrence Kasdan) et un fan absolu de l’univers de Lucas depuis son plus jeune âge (J.J. Abrams), Star Wars VII : le Réveil de la Force se devait d’être le film parfait qui pouvait réconcilier les fans de la première heure et détracteurs de la prélogie, tout en intéressant la nouvelle génération.


La tâche est ardue, étant donné que cette fois, Abrams doit donner vie à la suite du Retour du Jedi, lui qui a plus l’habitude de rebooter à tout-va avec Mission : Impossible, Star Trek ou E.T./Les Goonies (Super 8). Du coup, comment s’en est-il sorti cette fois ? Oh bah par une quenelle ! Son angle d’attaque n’a pas changer d’un iota. C’est aussi simple qu’exaspérant, mais aussi et surtout dans l’ère du temps : bienvenue dans Star Wars : Recyclage.


Inutile d’espérer une quelconque nouveauté ici, tout a été déjà fait dans les épisodes IV, V et VI. Le Réveil de la Force commence dès son ouverture avec une impression de déjà-vu (des plans cachés dans un droïde ? Sérieux ?), et ne fait qu’insister ensuite ouvertement dans la redite (ne parlez pas « d’hommage » ou ça va saigner !), et dans certaines idées vraiment pitoyables…


On serait tenter de dire, par exemple, que le Premier Ordre est tout aussi crétin que l’Empire, en recrutant le fils débile de l’ingénieur qui a conçu l’Etoile Noire dans les épisodes IV et VI pour en développer encore une autre (« donc je pense que cette fois, je vais la faire méga grosse et surpuissante, mais pour rendre hommage à mon papounet, je laisserai le même point faible. C’est cool. J’aime bien faire de la merde… »). On aimerait aussi s’acharner sur cette pauvre Kychlo Ren, ce puceau désabusé en pleine crise d’adolescence qui a encore du mal à éteindre la lumière de peur de se retrouver dans le noir (blague à part, c’est quand même une idée intéressante, mais mal exploitée), seulement on va être clément…


…même si on désire fortement exposer la pauvreté des décors (du désert, de la neige, une cantina moisie… youhou !), critiquer le manque d’inspiration de John Williams (pas un seul thème te fout les frissons), soulever les innombrables raccourcis scénaristique (qu’on ne spoilera pas malgré une extrême envie !), balancer sévèrement sur ce combat final désespérant (rendez-nous Obi-Wan et Dark Maul !) ou pire encore, crier toute notre haine sur ce réveil de la Force – qui est quand même le titre du film ! – aussi loupé qu’affligeant !


Car sans vouloir défendre la prélogie qui possède d’indéniables défauts, n’oublions pas malgré tout qu’elle rassemble également des moments très forts (la course de modules, des batailles spatiales gigantesques, des combats de très bonnes factures), qu’on a vraiment l’impression de voyager dans des univers totalement nouveaux avec des planètes magnifiques (Naboo, Coruscant, Kamino…) ou encore qu’elle inclue des intrigues politique absentes auparavant, tout en suivant un héros censé devenir ni plus ni moins le méchant le plus connu de l’histoire du cinéma. Mine de rien, on pouvait pas dire que le Lucas se répétait !


Bref, maintenant, pour appréhender plus facilement ce « renouveau » hollywoodien de Star Wars (hollywoodien car avant, George Lucas prenait ses décisions seul en tant qu’auteur, producteur et réalisateur, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, alors que là, difficile de dire qui de J.J. Abrams, Kathleen Kennedy ou des 14568 actionnaires de l’ombre peut être tenu pour responsable), il faut hélas se dire qu’on ne peut juger ce film que dans quatre ans, une fois les deux autres volets sortis. La « sérialisation » est toute puissante désormais, donc inutile d’avancer que la saga est devenue naze, puisqu’il manque des bouts : des mystères non-résolus, des questions sans réponses, des personnages inexploités… qu’on découvrira « dans la saison 2 ». Une idée qu’on rejette en bloc, qu’on tabasse, qu’on brûle, qu’on régurgite – un film doit se suffire à lui-même ! -, mais ça ne changera pas grand chose au devenir du cinéma… Qui sommes-nous pour changer les choses ? Nous irons tous voir en masse l’épisode VIII quoi qu’il arrive, donc nous sommes fautifs aussi dans un sens…


D’autant plus qu’en y réfléchissant pas trop, Star Wars : le Réveil de la Force n’est pas si mauvais… Après tout, il existe des détails vraiment bon. Le rythme est plutôt soutenu, l’aventure parvient encore à émerveiller par moment, et on loue particulièrement la décision des effets spéciaux « à l’ancienne », ajoutant un charme sans précédent. Mais là où la réussite est grande, c’est dans ce casting nouvelle génération : Daisy Ridley enchante le film par son naturel, John Boyega est entraînant et nous fait marrer plus d’une fois, et Oscar Isaac profite de son charisme pour emmener son personnage franchement creux dans une direction de cool-attitude très plaisante. Mieux, l’alchimie entre ses acteurs cartonne à merveille, et on se retrouve à vouloir encore plus d’aventures avec eux. C’est donc une excellente chose !


Notons aussi que, sans faire de miracle, J.J. Abrams emballe ça plutôt joliment, avec une poursuite Faucon Millenium vs TIE Fighter bien foutu, un petit plan séquence d’un X-Wing fort sympathique, ou encore une introduction très prenante. Même si aucun de ces moments ne vaut la sublime scène finale, mélancolique et lourde de sens sans qu’il y est besoin de lâcher une seule ligne de dialogue.


POUR LES FLEMMARDS : Le Réveil de la Force aurait pu repartir avec un zéro pointé tant il est une pâle copie de la trilogie originale, n’apportant rien de neuf à la saga. Heureusement, l’aventure est trépidante, le casting savoureux, et les promesses pour la suite nombreuses.




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le 4 févr. 2016

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