Deux ans déjà sont passés, depuis la plus grosse hype que je ne me sois jamais tapé. Deux ans plus tard, après ce matin glacial de décembre 2015, à attendre hors du cinéma que les portes s’ouvrent pour assister à la première séance du premier jour de diffusion du premier épisode de cette nouvelle trilogie… La troisième dans notre ordre chronologique, mais la deuxième dans le calendrier galactique. Et nous voici aujourd’hui réunis de nouveau, deux ans plus tard, pour la suite tant attendue, et tant redoutée.


Si d’un point de vue personnel, ma confiance en cette saga c’est un peu amenuisé avec le temps, victime de sa trop grande popularité et de son overdose marketing faisant suite au rachat par Disney, elle n’en reste pas moins la plus grande licence cinématographique de tous les temps, indéniablement. Alors forcément, que l’on parle d’un opus s’encrant dans la chronologie « officielle », comme l’épisode 7, ou d’un hors-série comme Rogue One, la magie opère toujours, bien qu’à moindre dose par rapport aux trois légendes ayant marqué le début des années 80.


Aujourd’hui, Star Wars est devenue une routine annuelle, un cadeau de noël avec deux semaines d’avances, qui nous est offert un peu de la même manière que cet ami, qui pense nous faire plaisir sans vraiment nous connaitre, en nous achetant n’importe quoi. « Avec un peu de chance, ça va lui plaire ». L’aspect rébarbatif de ce matraquage visuel qui nous revient chaque années, différent mais toujours bien présent, commence à s’ancrer dans un quotidien qui lui retire une petite part de sa magie. Et c’est pour cela que je n’attendais pas ce Star Wars VIII avec la même ferveur conférant presque au religieux, comme ça avait été le cas il y a deux ans. Remarquez, aujourd’hui je n’ai pas choisi de faire sauter les cours pour me rendre directement à la première séance du premier jour ! Et malgré cela, ça ne m’a pas empêché d’hurler intérieurement lors du fameux texte sur fond bleu, annonçant sa galaxie lointaine, très lointaine… Puis le véritable hurlement brusque de ces trompettes retentissantes, et l’arrivée d’un huitième texte défilant. Ça y est, malgré une passion qui commençait à s’effriter, j’étais retourné dans ce cher univers étoilées.


Les Derniers Jedi de Rian Johnson, est donc le huitième film de la saga galactique dans son ordre de sortie, son neuvième dans son ordre de production, son cinquième dans l’ordre temporelle de son univers, et le deuxième de sa trilogie, la troisième à voir le jour… Vous suivez encore ? Parfait, vous avez fait le plus simple. Car aujourd’hui, plus encore qu’auparavant, la galaxie quémande votre réflexion ; vous allez avoir besoin de méditer et de réfléchir, afin de répondre à une seule et simple question, qui conditionnera durablement votre perception de ce film : « l’ai-je véritablement apprécié ? ».


Aujourd’hui et plus que jamais, le monde va s’en trouver divisé. A la manière du clivage opposé la clarté au coté obscur, l’aspect manichéen bien connu de la saga va s’étendre à notre monde, et provoquer de très, très nombreux débats. Là où Star Wars a toujours été un univers de rassemblement qui traitait d’un propos qui divise (république contre séparatistes, Jedi contre Sith, rebelles contre empire), cet épisode divisera, tout en traitant du rassemblement. Beaucoup n’apprécieront pas les choix effectués, aussi bien visuels que scénaristique, quand d’autres crieront tout simplement au génie. Une seule chose est certaine : il ne sera pas aussi facile à assimiler que le septième.


Plus de prise de risque, pour un résultat plus franc : cet épisode sait ce qu’il veut dire, il sait d’où il vient et où il va. Il sait ce qu’il fait, et assume les choix qu’il prend. Le réalisateur et scénariste joue carte sur table avec nous, et ne détournera pas les yeux, même quand les choix effectués déplairont à plus d’un. Puisqu’il s’agit du même homme cumulant ces deux rôles prédominants, il est normal que cet aspect tranché et ferme se ressente aussi bien physiquement que scénaristiquement. Vous allez voir un Star Wars qui possède un arrière-gout différent. Pas désagréable mais juste différent. Et vous voulez que je vous dise ? Ce petit gout amer par instant, et très doux à d’autre, c’est celui de la prise de risque.


Et de l’authenticité.


Car oui Les Derniers Jedi a cela qui fait cruellement défaut à plusieurs autres épisodes, le septième en tête : il est authentique, et original. Il ne s’appuie que sur de très menus détails à son homologue obscur de la trilogie précédente, préférant innover et surprendre, pour le meilleur et pour le pire. Certains choix satisferont le spectateur que vous êtes, quand d’autres vous énerverons, vous dérangerons, vous agacerons, ou vous surprendrons. Il y en a pour tous les gouts et toutes les couleurs, quitte à s’attirer les foudres de tout un pan de fans de cette quasi-religion qu’est Star Wars.


Il est donc tout naturellement compliqué de donner son avis, car extrêmement subjectif, pour le coup. Moi je dirais oui, là où je laisse libre court à d’autres de dire non. Aussi bien sur le film dans sa globalité que sur des détails. Je veux dire, plus encore que pour d’autres œuvres, je ne vous en tiendrais par rigueur si vous ne l’avez pas apprécié. Car cela peu se comprendre… Les choix tranchés effectués sont salutaires, mais représente tout autant un avantage qu’un défaut. Si l’authenticité de l’œuvre est son coté claire, alors le surplus de partis prix sera son côté obscur.


De l’œuvre en elle-même, plus encore que cette impression globale franche réussite sur ce point-là, je retiendrais le casting aux petits oignons, l’évolution d’un Adam Driver qui sait se défaire de ses travers déplaisants de l’épisode précédent, un Mark Hamill monumental dans ce qui restera à jamais le rôle de sa vie, un Adam Driver vraiment agréable et à fond dans ses idées du début à la fin, mais surtout feu une Carrie Fisher qui sait comment voler la vedette simplement en apparaissant à l’écran.


La réalisation, comme déjà dit, est osée, très agréable et ultra belle à quelques instants, se déchainant pour nous offrir des frissons de plaisir rien qu’avec les yeux (puisque musicalement parlant, papy Williams est sur répondeur automatique). De futurs fond d’écrans vont fleurir sur la toile, quand il n’y aura plus aucun risque de spoil potentiel. Vraiment, les choix esthétiques, et de caméra sont d’un plaisir qui, à n’en pas douté, déplairont pourtant à plus d’un. Et il en va de même pour le principal point qui me chiffonne : son scénario.


Claire et nette, l’évolution de l’histoire passe à la vitesse de la lumière : si l’on ignore où le réalisateur veux nous emmener, lui en tout cas, n’hésite pas à appuyer sur le champignon pour nous gaver de péripéties, pas forcément toutes d’une grande utilité (très déçu du traitement réservé au casino, survendu durant la phase de comm). L’histoire générale de cette trilogie a vraiment fait un bon de géant en avant, pour le meilleur comme pour le pire. Ceux qui s’étaient habitué à la lenteur de l’épisode 7, distillant les informations permettant à l’intrigue d’avancer comme des miettes de pain, risque de ne pas supporter la surdose d’informations, de révélations et de retournement de situation.


Du reste, malgré cet état de fait que je ne cesse de rabâcher, un Star Wars reste un Star Wars ! Ses batailles spatiales sont incroyables, ses mondes magnifiques, ses vaisseaux fabuleux, ses personnages très variés, et les costumes du Premier Ordres sont somptueux. Malgré cela il est possible d’exécrer ce film, pour tout un tas de raisons compréhensibles et recevables : sa longueur, son élagage plus que direct d’un casting trop fourni, son humour bizarrement mal dosé, ses rebondissements pas toujours recevables, ses animatronics servant avant tout à vendre des peluches (je suis faible, offrez-moi un Porg à noël), ou sa BO qui se contente d’innover en ajoutant… UN nouveau thème à ceux déjà présent dans les épisodes précédents. Déjà que je n’étais pas fan du Williams du Réveil de la Force, celui des Derniers Jedi est tout simplement aux abonnés absents, et s’en ai, une nouvelle fois, foutrement dommage.


Vous avez très certainement remarqué que j’évite de prendre trop partit, et c’est simplement parce que je ne sais pas encore sur quel pied danser. Ma note et mon appréciation de ce volet de la saga intergalactique risque de fortement évoluer dans le temps, au gré de mes revisonnages, en français, en anglais, en 2D comme en 3D. J’ai vu beaucoup d’excellentes notes, comme j’ai vu énormément de messages de crachant leur haine pour cet épisode… Alors qu’il n’est sorti qu’hier, à l’heure de cette rédaction ! Voilà pourquoi je ne sais encore trop quoi en pensé, pour être plus précis, dans la liste des points apprécié. Mais lister les points appréciables, c’est nettement plus facile.


A l’année prochaine pour un prochain hors-série, à dans deux ans pour le dénouement de cette troisième trilogie, et n’oubliez pas : que la force soit avec vous.

Sherns Valade

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