Après une introduction fracassante, le premier acte du film s'annonçait épatant : une magnifique bataille des étoiles, dans la droite lignée de ce que la saga propose (souvent) de mieux ; des vaisseaux spatiaux qui volent dans tous les sens et un montage de bonnes images qui ne brouillent pas la bonne lisibilité du produit, une intensité dans les scènes d'action, un certain lyrisme, un énorme vaisseau qui explose dans un feu d'artifice peu de temps après avoir vu les grandes lettres majestueuses « Star Wars » accompagnées du thème de John Williams. Pour mon premier Star Wars au cinéma, ça commençait bien. Mon dépucelage cinématographique débutait donc par les meilleures préliminaires. Mais ce n'était que le début...


Après pareille ouverture, j'en voulais encore. Mais le plat de résistance qui m'a été servi m'a fait faire la moue, bailler de temps en temps, et (hélas) rire de scènes qui n'était pas franchement faites pour se marrer, d'où ma gêne. Je ne suis pas un grand fan de la saga, mais j'adore les trois premiers films de la période 1977 - 1983, l'ère Lucasienne, la meilleure et indépassable selon moi. Cependant, je ne suis pas venu au cinéma voir ce dernier opus dans le but de le descendre, et à aucun moment je me suis dit qu'il était inférieur à ses glorieux aînés. J'avais même bien aimé « Le réveil de la force », et m'étais dit que la suite avait de grandes chances d'être du même acabit, sinon meilleure. Mais non, après ce démarrage en fanfare, le film s'est mis à fanfaronner. Que d'erreurs et de fautes de goût m'ont amené à ne pas pouvoir mettre la moyenne au film, la mort dans l'âme, car il y avait aussi beaucoup de bonnes choses qui n'ont finalement pas sauvé l'ensemble... Tout a commencé par cette ignominie au premier tiers du film : la princesse Leia Organa s'est subitement mise à voler dans l'espace, comme dans « Tigre et Dragon ».... et là, mon sourcil gauche a fait un accent circonflexe, pendant que mon pote rigolait nerveusement à mes côtés. Je me contrefiche que la princesse ait un pouvoir quelconque, qu'elle soit Jedi ou pas, du moment que « ça marche » à l'écran. Quel que soit le type de cinéma, l'histoire, le réalisateur qui se trouve aux commandes, ce que l'on voit à l'écran doit marcher, fonctionner, dans le sens de « croire à ce que l'on voit ». Mais quand la princesse Leia s'est mise à battre de l'aile, j'ai rentré ma tête dans mon cou, je n'y ai pas cru, et suis "sorti" du film. Je m'imaginais (trop) facilement des câbles rendus invisibles en post-production, ramenant au vaisseau son altesse et par là-même la ressuscitant subitement, comme par magie. Il y a sans doute une explication rationnelle, un truc qui m'échappe ...mais qu'importe, le rendu était clairement mauvais, personne ne pourra me dire le contraire. Ce n'est qu'un ressenti. Evidemment, les ignominies ne s'arrêtaient pas là, sinon j'aurai mis 7 ou 8, large. J'ai fait abstraction de ce vol plané dans la galaxie puisque la force était encore avec moi. Mais à cause de la colère qui est arrivée suite au visionnage d'autres scènes qui ont suivi, je n'allais pas tarder à sombrer du côté obscur de la force.


Pendant ce temps, il y avait du bon. Même considérablement vieilli, Mark Hammil joue toujours bien, et me semble même être l'un des acteurs les plus convaincants du film. Disons qu'il a la tête de l'emploi, un vieux moine tibétain reclus au fin fond d'une galaxie lointaine, vivant depuis trop longtemps loin de toute technologie au point de ne pas reconnaître son vieux sabre laser et de le balancer à la flotte comme un vulgaire bout de bois. 
La relation qui naît avec la Jedi en herbe est intéressante, et même si l'apprentissage que Luke entreprend auprès d'elle semble un peu court, puisqu'écourté rapidement, le contexte propre à l'île sur laquelle le personnage de Luke s'était isolé avait quelque chose d'apaisant. La puissance de Rey montait crescendo, et la télépathie mise en place entre elle et Kylo Ren par Snoke lui-même était suffisamment insidieuse pour capter mon attention de nouveau. Mais vu qu'il faut toujours gâcher les bonnes idées, une histoire qui ne sert strictement à rien et anormalement longue s'est mise en marche, comme une digression interminable : celle de Finn partant avec sa nouvelle amie horripilante et enfantine sur une planète (pour dénicher un homme qui serait en mesure de régler un problème épineux), dont les personnages numériques les plus hideux m'ont brusquement fait penser au film « *Valérian et la cité des milles planètes* », au point de penser que Besson aurait pu faire quelque chose d'acceptable sur ce film. Le problème, c'est que le film perd en intensité dès lors qu'il s'éloigne de l'apprentissage de Rey ou de la communication qui se met en place entre cette dernière et Kaylo Ren.
A un moment donné, après avoir vu Benicio Del Toro intervenir dans le film (pourquoi pas Matt Damon tant qu'on y est?) après une course poursuite entre des vaisseaux et une sorte de cheval hybride croisé avec une girafe, un chameau et une brebis sur lequel se trouvait Finn et son amie, je me suis demandé quand tout cela allait s'arrêter pour de bon, et commençait à avoir sérieusement envie que tout ce cirque se termine en vitesse-lumière. Mais ça ne faisait qu'empirer, puisque Rey a eu la mauvaise idée de quitter l'île alors que c'est là que se déroulait le meilleur, le plus intense, le plus complexe, le plus obscur et le plus insondable, notamment grâce à cet échange télépathique constant entre Ren et Rey faisant apparaître des sentiments ambivalents provoqués par les remous de la force. Et soudain, Yoda est apparu... le pire du numérique contre-attaquait pathétiquement : un yoda shooté à l'hélium, hilare, louchant, et pyromane. Difficile (ou impossible?) de ne pas rire. C'est ce que les spectateurs derrière moi ont fait, et mon pote, toujours, …de dépit. Là aussi, ça ne fonctionne pas, je n'y croyais pas. Mais entre temps, j'ai revu mon jugement sur cette scène car j'ai vu pire : l'épisode I de Star Wars, « la menace fantôme », son Yoda, Jar Jar machin truc bec-de-canard et toute sa dégueulasserie numérique. Donc on ne s'en sort pas trop mal finalement. J'aurai même pu augmenter ma note d'un point sur *Les derniers jedi*.

Tandis que la digression avec Finn n'en finissait pas au point de souhaiter une version du film censurée de cette histoire rocambolesque, la musique de John Williams, ou plus exactement le thème « de la force » me semblait être beaucoup trop resservi, à outrance, comme un plat décidément bien trop salé. Il faut respecter les dosages, et la recette... Dans la même lignée des sentiments d'un « trop » : que la plupart des personnages expriment chacun leur tour un « que la force soit avec nous » tourne finalement cette philosophie propre à la rébellion en ridicule, d'autant plus que la plupart des acteurs, au moment de la réplique, ne donnent pas franchement l'impression de croire à cette soi-disant force, et ne font que dire un truc qui rappelle que la production s'est efforcée de temps en temps de respecter le registre de la franchise, en en disséminant quelques éléments par-ci par-là.


Certains acteurs ne s'en sortent pas trop mal, Mark Hammil donc, Daisy Ridley prend son rôle suffisamment au sérieux pour être convaincante et Adam Driver est très bien. Par contre John Boyega, malgré la sympathie qu'il peut inspirer est franchement lassant. Et Isaac est loin de l'oscar avec cette prestation (fallait bien la faire celle-là).


Pour finir... d'habitude, il y a un gros fantasme de la cinéphilie sur les versions longues des films. Ici il est tout à fait possible de souhaiter une version plus courte, avec un montage plus fluide. Le film pourrait passer en 2h.


3,5/10.

ErrolGardner
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le 9 févr. 2018

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