La monumentale Saga de space opera s'affuble d'un nouvel épisode, Star Wars : Les Derniers Jedi. Alors que le titre donne la perspective d'une destruction créatrice, d'une rupture avec les opus précédents, les attentes sont élevées. Le rachat de Lucasfilm par Disney est loin d'avoir fait des heureux chez les fans et les déceptions quant à Star Wars : Le Réveil de la Force ne présageait rien de bon pour ce nouveau film. Et pourtant, force est d'admettre que le réalisateur Rian Johnson (Looper, 2012) propose une suite qui, malgré ses quelques incohérences, arrive à renouer avec un certain esprit de Star Wars.


L’histoire de cet épisode reprend donc exactement là où elle avait été laissée dans le précédent, Rey (Daisy Ridley) vient de retrouver Luke Skywalker pour lui demander de devenir son maître et les derniers membres de la Résistance fuient désespérément le Premier Ordre. De son côté, Kylo Ren (Adam Driver) fait face à ses contradictions et au mépris de son maître, le Leader Suprême Snoke. Les deux apprentis antagonistes vont chercher, dans une quête perpétuelle de reconnaissance, à se montrer dignes de leurs maîtres respectifs jusqu’à prendre leur propre destinée en main.


Star Wars : Les Derniers Jedi réussit à restaurer le genre space opera dans la Saga. Ce genre cinématographique prend le parti d’ignorer certains aspects de la logique et de la cohérence pour donner de la grandeur et du spectacle dans un monde infini de possibilités, d’espèces innombrables, de planètes incroyables et de diversité de couleurs, de sons et de vie, à l’image du Cinquième élément (1997) de Luc Besson. C’est pour cette raison que l’on entend dès les premiers Star Wars le bruit des vaisseaux et les tirs de blasters dans l’espace à la différence de films comme 2001, l’Odyssée de l’Espace de Kubrick ou Interstellar de Nolan, qui visent une retranscription fidèle de ce que donnerait le voyage spatial.


Malheureusement, cette volonté de verser dans la grandeur et la démesure ne doit pas se départir du principe de la suspension consentie de l’incrédulité. Ce principe repose sur le fait que le spectateur qui va voir une œuvre de fiction est prêt à accepter un certain nombre d’incohérences tant que l’ensemble du monde respecte les limites qu’il s’est fixées. Ainsi il est acceptable d’entendre le son des vaisseaux dans l’espace mais il est plus difficile d’accepter qu’un personnage survive plusieurs minutes sans équipement dans l’espace ou encore qu’une ouverture sur le vide spatial ne créé pas d’appel d’air…


Pourtant, si ces quelques incohérences brisent à certains moments la suspension consentie de l’incrédulité, l’ensemble du scénario est beaucoup plus cohérent que celui de l’épisode précédent. A l’exception de quelques Deus Ex Machina, un élément du scénario qui sort de nulle part pour résoudre une situation jusque là sans issue, le développement de l’histoire et des personnages est jouissif à suivre. Rian Johnson sauve la mise en ne tombant pas dans les écueils du Réveil de la Force et propose des références visibles à la trilogie originale sans reproduire totalement le scénario de l’Empire Contre-Attaque.


En revanche, les quelques problèmes de montage et de temporalité viennent mettre un bémol sur ce tableau spectaculaire. En effet, le fait que le film reprenne au point où le précédent s’était arrêté crée un décalage de temporalité entre l’action située autour de Rey et celle située autour de la Résistance. Les jours qui passent dans la première ne sont que des heures dans la seconde et la volonté de superposer les deux est assez déstabilisante pour le spectateur. De plus, certaines fautes de montage créent des ruptures dans la tension maintenue par l’histoire.


Malgré ces erreurs, Star Wars : Les Derniers Jedi, propose un dénouement crescendo qui ne laisse pas de marbre. Plus le film avance et plus l’on est embarqué, on occulte les points négatifs devant le spectacle. Car Star Wars 8 est beau, vraiment beau. La photographie, la musique emblématique de John Williams ainsi que la gestion de la lumière et du son sont vraiment éblouissants et l’expérience dans la salle de cinéma est digne de la Saga. On tremble au bruit du sabre laser de Kylo Ren, on frémit au son caractéristique des Chasseurs Tie du Premier Ordre. A cela s’ajoutent les chorégraphies des combats au sabre laser qui, loin de reproduire le côté artistique de la prélogie, offre une performance brutale et violente, à la mesure de la détresse émotionnelle des protagonistes.


Dans l’ensemble, en plus de signer la dernière performance de Carrie Fisher (Leila Organa Solo), morte en décembre 2016 quelques mois après la fin du tournage, Star Wars : Les Derniers Jedi nous ramène à ce que tout fan de la Saga aime retrouver. Que ce soit dans la trilogie originale, dans la prélogie ou dans ce nouvel épisode, même si les films ne sont pas parfaits, mêmes s’ils manquent parfois de cohérence, c’est l’aventure qui nous porte, c’est cette galaxie lointaine, très lointaine, où la force réside en toute chose qui nous fait rêver.


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JulesLittleJools
6

Créée

le 13 déc. 2017

Critique lue 271 fois

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