Quelques jours après avoir vu Coco, le dernier Pixar disneyisé, voilà que j’éprouve le même ennui abyssal devant le dernier Star Wars tout aussi disneyisé. Toujours la même histoire : absence de subtilité, d’humour, d’originalité, d’invention, de réalisme, de percussion, d’intelligence en un mot.


Beaucoup d’application de recettes, de politiquement correct, de puérilité, d’incohérences, d’irrespect pour le spectateur. Impossible pour l’art de faire du bon cinéma et pour l’imagination de trouver matière à s’épanouir dans ce magma grotesque.


Déjà le précédent opus sentait le caca, à force de vouloir répéter les épisodes précédents, sans apporter la moindre invention, en voulant plaire à tout le monde et en ne heurtant personne. Ce 2e chapitre est pire. Dire que j’avais déjà le sentiment de trahison en découvrant la prélogie! Cette nouvelle ère est encore plus pitoyable! C’était donc possible, Disney l’a fait!


J’ai vraiment eu l’impression d’être un petit enfant près à gober n’importe quoi, d’être abêti au maximum dans un monde où une jeune femme demande à un homme de mettre un vêtement parce qu’il est torse-poil, où Luke Skywalker rabroue un robot pour ses grossièretés dans un lieu “sacré”... Ces pudibonderies christo-prout-prout sont d’une niaiserie tellement stupide et hors de propos qu’il est difficile de tenir le coup (et en estime le scénario). Malheureusement, voilà des indices parmi tant d’autres, on finit très vite par sortir du film à force de ce genre de détails incongrus et l’on n’y peut plus rentrer… ça s’accumule et la béance du propos est trop grande.


Han Solo est bel et bien enterré : un tel personnage apparaîtrait comme un incontrôlable suppôt de Satan de nos jours chez Disney. Certes, la première trilogie ne surfait pas non plus sur la grossièreté ni l’impertinence à tout crin, ne faisait pas de vague, mais elle ne suçait pas non plus les ayatollahs, les curetons et autres bénis-oui-oui non plus. Han Solo pouvait faire figure de vrai bad-boys et son audace ressemblait à une liberté chèrement acquise. La première trilogie ne dégoulinait pas de bons sentiments, de politiquement correct comme cette dernière.


On ne s’ennuyait pas non plus. Le rythme était bon, structuré sur une histoire qui tenait debout et dont les enjeux étaient solides. Or, ici, jusqu’au milieu du film et la rencontre”télépathique” entre Rey et Kylo Ren (seule note de poésie et de lyrisme qui sauve le film du néant total), je me suis ennuyé comme un rat mort. Après la fin de Snoke (oh ça va, on s’en fout des spoilers, de cette histoire, de toute façon vous la connaissez déjà si vous avez vu les anciens Star Wars, ce n’est qu’une resucée!), je croyais que le film était enfin terminé (pauvre vieux naïf!), mais j’étais loin du compte. Mes oreilles et mes yeux pleurèrent du sang tellement le film s’est étiré en longueurs inutiles, avec des scènes poisseuses de nullité dans l’écriture comme on en voit plus que dans les productions les plus nanareuses. Ah écoutez, si! Difficile de ne pas se poiler quand Luke, en plein milieu de la bataille alors que la dernière base de la Résistance est sur le point de céder aux assauts ennemis, commence à tailler la bavette avec sa sœur sur sa nouvelle coiffure! Merde.


Beaucoup de bruit, de fureur, de puissance, mais aucune percussion, aucun relief, aucune surprise, aucune transcendance. Pas plus d’intelligence, bien au contraire. On a le sentiment très net d’être pris pour un petit enfant pas très futé qui ne verra pas les incohérences ni les facilités scénaristiques. Les gens qui ont fait ce film devraient avoir honte. Sauf bien sûr si tout cela est fait en toute connaissance de cause, mais à ce moment là, il aurait été honnête d’annoncer un film pour les enfants de 4 à 8 ans et de bien stipuler que la mythologie Star Wars allait être bousculée et versée du côté infantile de la farce.


Quelque part, Disney a raison. Le film pète les records au box-office et un crétin comme moi va voir ce film en espérant renouer avec quelque chose qui n’a que peu de chance de revenir. J’espérais vraiment que le second souffle promis allait sublimer le premier épisode bâclé, que des gens de talent allaient faire quelque chose de bien pour une fois.


Ce film est pour résumer ignoble tant il manque de finesse. C’est pachydermique. Ca écrase tout. C’est lourd, laid, chiant et ça massacre une belle histoire. Disney tue Pixar et Star Wars : c’est officiel. Sur le papier, on aurait pu espérer que des gens compétents toucheraient au mythe Star Wars pour en faire une suite plus pêchue, plus puissante et intelligente. Comme a su si bien le faire Peter Jackson pour le Seigneur des Anneaux. Voilà, je me suis imaginé que ce respect pouvait être l’apanage de toutes les grosses productions. Encore une fois : gros nigaud que je suis!


http://alligatographe.blogspot.fr/2018/01/star-wars-episode-viii-last-jedi.html

Alligator
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le 7 janv. 2018

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