Un épisode étonnant par sa proposition contradictoire de nouveauté et de recyclage. Je me range plutôt dans le rang de ceux qui ont apprécié le côté punk de The Last Jedis, un film qui s'autorise à bousculer la dramaturgie habituelle de l'univers Star Wars en se moquant des poncifs et des attendus : Luke en clodo qui picole du lait chelou quasi à la mamelle d'un autochtone et qui chie sur la vanité de l'ordre Jedi, ça me plait, même si je reconnais qu'il va être un peu difficile de raconter quelque chose de cohérent après cette entreprise de destruction.
Mais ce qui l'emporte sans discuter, c'est la relation parfaitement rendue entre Rei et Kylo Ren, couple à la relation trouble (fraternelle, amicale, amoureuse ?) qui survole les enjeux binaires des autres factions, apportant une vraie touche humaine à ces aventures intergalactiques : la proposition dégagiste de Ren de se désintéresser des conflits stériles de groupes pas si opposés que cela (petite pique bienvenue sur la vente de vaisseaux aux 2 camps par les mêmes contrebandiers) pour se recentrer sur leur duo avait ma totale adhésion. Dommage que le film n'ose pas aller jusque là dans sa remise en question du mythe et retombe ensuite dans une fin nullissime qui remake de manière contractuelle la bataille de Hoth (en plus insupportable).
De fait, The Last Jedis n'offre pas que des bonnes choses : le plus gros du scénario est à jeter, avec sa course-poursuite au ralenti, la séquence à Monaco unanimement conspuée à raison (putain, les gamins !), le sacrifice scénaristique d'un perso pourtant prometteur comme Finn (quel dommage d'avoir en plus empêcher son suicide), les incohérences dans tous les sens, et surtout, un énorme manque d'ambition épique (la Résistance semble être constituée de 15 mecs, et le First Order n'est pas beaucoup plus impressionnant... Sincèrement, ça me renforce dans l'idée que Kylo Ren a raison de vouloir faire table rase de tout ça). Restent quelques bonnes trouvailles visuelles (la réplication de Rei lors de sa visite du gouffre, le crash en hype espace et la turne de Snoke avec ses sbires d'élite équipés de nunchaku).
Intrigué de voir comment les mecs vont retomber sur leurs pieds dans le 9.