Le nouveau volet de Star Wars laisse un arrière-goût particulièrement amer. Pourtant, il ne s’agit pas (et loin de là) du pire ajout à la saga. Au contraire, rarement a-t-on vu une aussi innovante réalisation et mise en scène au service d’une aussi grosse franchise. Ryan Johnson a réussi à introduire dans l’univers ultra codifié de Star Wars une touche personnelle qui jaillit à travers le film. Habilement, Johnson rend l’hommage qui est dû aux précédents films de la franchise mais rend aussi un hommage bienvenu au septième art en général. Un exemple : la façon dont il filme le dialogue entre Kylo Ren et Rey qui se déroule grâce à la force alors que les personnages sont séparés par des distances infinies. Johnson n’use pas ici d’effets spéciaux mais simplement d’un champ/contre-champ pour évoquer le rapprochement des personnages, technique ancestrale qui exprime de la manière la plus efficace possible ce dialogue à distance. L’instant de quelques secondes, c’est toute la magie du cinéma et de la mise en scène qui saute aux yeux : plus efficace que la CGI, c'est le bête enchaînement de deux plans qui décrit le mieux la maîtrise du septième art sur le temps et l'espace.
Mais malgré tous ces bons éléments, le film illustre de manière terrible l’impasse dans laquelle va très vite se trouver la saga. Le scénario tourne en rond, l’histoire n’est en rien originale et recycle des ressorts narratifs que l’on a déjà trop vu dans cette galaxie “far, far away”. Même l’humour, qui fonctionne assez bien (cf. le fer à repasser), illustre cela en n’étant plus que le produit d’une auto-dérision démystificatrice et auto-référentielle. Le poids des poncifs créés par l’univers de George Lucas semble beaucoup trop important pour que même les plus audacieuses réalisations ne parviennent à faire flotter un vent frais sur cette saga. Pendant combien de temps encore suivra-t-on ?