Deux ans après la guerre, j'ai finalement eu le courage de regarder cet épisode 8. Surprise : Alors que je m'attendais à souffrir le martyre, le visionnage s'est passé dans une relative quiétude. Est-ce que c'est parce que le film est meilleur que je m'attendais ou parce que je me suis personnellement détaché de l'interprétation Disneyienne des Star Wars ? Probablement un peu des deux.
Étant donné mon visionnage tardif, je ne doute pas que tout a déjà été dit sur le film et ce petit texte n'a pas vocation à réinventer la roue, ni même à prétendre être une critique en bonne et due forme. Il s'agit juste de diverses réflexions qui me sont venues en tête pendant ou après le film et que je souhaite archiver.
Pour ceux que ça intéresse, les voila donc dans un ordre pas tout à fait chronologique :
- Je n'aime pas les nouveaux designs liés à l'Empire (oui, je sais, c'est premier ordre maintenant mais c'est pas comme si ça avait de l'importance vu que c'est avant tout un Empire bis). Je ne comprends d'ailleurs pas l'intérêt de ces petites variations si c'est pour nous redonner foncièrement la même chose : simili Tie-Fighter, simili Star Destroyer, simili stormtrooper, simili officiers de la marine impériale... A la décharge de Johnson, c'est un problème impulsé par Abrams.
- Pas plus d'informations concernant la situation géopolitique de la galaxie que ce qu'établissait (mal) le 7. C'était probablement peine perdue.
- L'Empire a des femmes dans leurs troupes ? Bon, je veux bien mais l'Empire, c'est censé être une sorte de dictature ultime avec une tendance raciste (à l'échelle galactique, comprendre pro-humaine/anti-alien) et misogyne. Moi, je veux bien que le premier ordre soit censé avoir des valeurs différentes mais ça n'a jamais été défini et tout ce qu'on en voit le replace comme un Empire bis. L'UE avait été bien conscient de la chose, Zahn ayant clairement défini le nouvel Empire voulu par Thrawn comme plus inclusif. Comme quoi, beaucoup d'amateurs de cette nouvelle trilogie aiment à taper sur l'UE mais, sur certains points, elle était plus cohérente que ces nouveaux films.
- La bataille spatiale d'ouverture est sympa. Mention spéciale aux bombardiers lourds tendance 2e guerre mondiale.
- Cool de voir Veronica Ngo dans un film de cette dimension même si son rôle est réduit.
- Hux est vraiment naze. Mais c'est plus la faute d'Abrams que Johnson (bis).
- Snoke, c'est vraiment l'Empereur du pauvre. Il réutilise même certains de ses dialogues. Triste. Ce qui fait que sa mort nullos ne m'a pas gêné. A l'inverse, pas mal le design de sa salle du trône et de ses gardes royaux impériaux.
- Je n'ai pas été choqué par le passage dans l'espace de Leia. Elle a la Force avec elle, ce type de pouvoir existait plus ou moins dans l'UE. Par contre, vu que le film était visiblement censé installer Ren comme le grand méchant final pour le dernier épisode, ça aurait probablement été plus judicieux de voir ce dernier la tuer (ou hésiter un temps puis finir par le faire pour conserver le doute sur son orientation exacte).
- Y a comme une étrange contradiction thématique dans le film. D'un côté, il nous répète qu'il faut faire table rase du passé (ce qui en soi, n'est pas une mauvaise injonction) mais de l'autre, il reprend plein d'éléments des originaux comme la structure (mi-Empire Contre Attaque, mi-Retour du Jedi) ou les designs. Cela me semble bien symbolisé par l'histoire des livres Jedi. Ils doivent être détruits mais finalement non, on les garde. C'est un peu schizophrène.
- Le film est trop long, y a un gros ventre mou en milieu de métrage.Et pourtant, cela ne permet pas de développer suffisamment les personnages.
- Les porgs sont plutôt amusants et ne m'ont pas paru trop envahissants.
- Le Luke désabusé ne m'a pas trop gêné. Mais c'est comme s'il manquait des bouts dans son histoire. Je trouve que la justification pour son exil est un peu léger. Ou en tout cas, léger par rapport à ce que le film nous en montre. J'imagine que le nouvel UE comblera les trous avec entrain. Mais sans ces informations, le trauma ne me parait pas suffisant. Et dans le même ordre d'idée, paradoxalement, je trouve que pour quelqu'un qui a décidé de se couper du monde depuis des années, son revirement est assez peu compréhensible vu le peu d'arguments que Rey lui a donné (bon, on est pas à une contradiction près ceci étant vu qu'il avait laissé une balise pour qu'on le retrouve dixit le 7...). Je ne comprends également pas pourquoi l'avoir tué par le biais d'une transposition holographique. Il aurait suffi de le faire intervenir en vrai, défonçant l'armée en face de lui pour finalement perdre contre Ren (ou se sacrifier, au choix) pour que le résultat voulu ait été atteint tout en donnant une certaine badasserie attendue au personnage.
- Finn est vraiment un personnage problématique. Il devrait être un personnage tragique (ancien stormtrooper traumatisé par son passé dans l'armée Impériale) mais est de facto un bon vieux side kick comique black comme l'affectionne le cinéma Hollywoodien. C'est dommage. Mais c'est plus la faute de Abrams que Johnson (ter). Je suppose que c'est au crédit du film de faire en sorte de lui donner un arc de développement. Mais il aurait probablement été plus judicieux de le laisser se sacrifier à la fin pour s'en débarrasser avec un certain panache.
- Rey était plutôt une réussite du 7 mais elle semble ici faire du sur-place et son personnage ne prend guère d'épaisseur.
- Poe Dameron est probablement celui qui s'en sort le mieux du trio du 7 avec une caractérisation et un arc narratif simple mais efficace.
- L'histoire du carburant ne fait pas très Star Wars mais, vu que ça n'avait jamais été explicité dans les films, la suspension d'incrédulité est possible.
- Par contre, le plan d'Holdo (et le fait qu'elle ne veuille pas le partager) ne fait pas grand sens.
- L'idée de l'hyperespace kamikaze est intéressante mais aboutit à quelques problèmes de cohérence pris dans le cadre plus large de la saga.
Au final, j'ai l'impression que malgré des intentions plus volontaristes que celles d'Abrams, le résultat est en majeur partie à côté de la plaque. Manifestement, ce qu'il manque à cette trilogie (outre du temps de gestation pour les scénarios), c'est un producteur qui a une vision claire de l'univers et peut dire oui ou non aux réalisateurs/scénaristes sur ce qui est possible dans ce cadre ou non. Quelqu'un comme George Lucas quoi.
