Par où commencer ? J'hésitais entre mettre 1 ou mettre 6. Seulement un me semble trop sévère pour un film où tout n'est pas à jeter. Commençons par le point fort du film: sa réalisation.
Cet épisode VIII est probablement l'un des Star Wars les plus intéressants en terme de réalisation d'autant plus que, contrairement à ses homonymes récents (prélogie, sequels et spin-off), il ne se repose pas exclusivement sur les effets spéciaux, mais sur un travail de l'image et du son tout à fait remarquable pour un film se voulant être tout publique et divertissant avant tout. Évidemment la réalisation n'est pas parfaite en tous points, mais elle est la principale raison pour laquelle j'aurais pu monter à 6.
Passons maintenant à cette fameuse narration subversive. En effet, ce terme est la principale ligne de défense contre toute critique visant la narration de ce film. Commençons par définir ce qu'est une œuvre subversive. Par définition quelque chose de subversif est quelque chose qui bouleverse ou renverse quelque chose d'établi, dans le cas présent la narration d'un film. Ce film narrativement parlant est une perte de temps. Il met en place plusieurs arcs narratifs, tous plus convéniants les un que les autres pour faire avancer la narration mais qui au final ne mènent à rien donc ne font absolument pas avancer la narration (à part évidemment quelques exceptions que je vais aborder.) En théorie oui ce film peut être qualifié de subversif, est-ce forcément une bonne chose? Non, et certainement pas quand ça n'a aucun intérêt et que cela n'apporte rien comme c'est le cas ici.
Voici notamment un exemple montrant la médiocrité de la narration que les principaux défenseurs de ce film désigne comme subversif. Attention même si je vais rester vague, ça sera du spoil. Le principal point noir de ce film est tout l'arc "narratif" de Finn et Rose qui vont, pour les curieux, chercher un hacker qui pourrait les aider à faire en sorte que le premier ordre n'arrive plus à les suivre au travers de l'hyper-espace. Au final nos héros qui embarquent pour une aventure d'une bonne demi-heure où au final, ils vont repartir, consciemment, avec un hacker qui n'était pas celui qu'ils étaient supposé trouvé (et qu'ils ont rencontré en prison au passage) et surprise, surprise, il les trahit. Ah, vous ne l'aviez pas vu venir celui-là ? Quelle œuvre subversive. Et voilà tout ça n'a servit à rien et c'est à peu près tout ce qu'il y a à dire sur cet arc narratif d'une demi-heure. À part peut-être une mention spéciale où pendant cet arc, il y a une tentative, très brève d'aborder l'idée que certaines personnes s'enrichissent en vendant des armes aux deux camps qui n'a rien d'exceptionnel, mais qui élève un peu le vide de cette narration.
Mais ce n'est pas tout. Vous pensiez en avoir fini ? Oh que non. Il se trouve qu'en fait la raison pour laquelle le premier ordre arrivait à les suivre, c'est qu'ils avaient un espion dans leurs rangs donc cette fameuse aventure sert doublement à rien. On en vient donc à un autre arc narratif tout aussi inutile qui sert encore une fois à étirer la narration plus qu'il n'est nécessaire. La "recherche" de l'espion. En effet, intelligente comme elle est, la générale soupçonnait un espion. Que fait-elle donc ? Elle garde son plan pour échapper au premier ordre secret. Pourquoi pas vous allez me dire ? Le problème, c'est qu'elle ne dit rien à ses subordonnés et ils sont donc convaincu qu'elle les conduit vers une mort certaine, que font-il donc ? Une mutinerie (thématique abordée pendant un bon 45 minutes du film.) Au final elle révèle son plan mais elle n'a rien fait à propos de l'espion donc son plan en résumé ne sert pas à grand chose puisque le premier ordre l'apprend via son espion et donc tout cet arc narratif à également servit à rien. Pourquoi garder le secret si c’était pour ne rien faire à propos de l'espion ? Mais on aime ça, car c'est subversif.
Ce film à également beaucoup d'autres problèmes en terme de narration que ce soit d'innombrables Deus Ex Machina, des dialogues clichés et plats et j'en passe.
On se retrouve donc avec un film d'auteur subversif qui ne s'inclue pas du tout dans la trilogie dans laquelle il est positionné, qui ne fait pas avancer la narration de la trilogie, mais au contraire déconstruit la plupart des bases que le premier film de la trilogie avait posé. Ceci est en partie dû à Rian Johnson, mais aussi à Disney pour avoir décidé de faire une trilogie sans vraiment savoir où ils allaient. Vous voulez une preuve ? (Attention elle spoil épisode 9.) Voici une citation de son actrice principale: "au départ, ils pensaient me lier à Obi-Wan", raconte l'actrice. "Il y a eu des versions différentes. Puis l'idée qu'elle ne soit personne a vraiment remporté l'affaire. Et puis on est arrivés à l'Episode 9 et J.J. [Abrams] m'a résumé le film en mode "oh, au fait, Palpatine est ton grand-père". J'ai dit : "génial", et puis deux semaines plus tard il me disait "oh, on n'est plus trop sûrs." Donc, ça n'a pas arrêté de changer."
Donc, en résumé, Disney s'est lancé dans une trilogie Star Wars pour le business, sans avoir aucune idée d'où ils allaient emmener l'histoire ni même qui était réellement leur personnage principal avant le troisième film de la trilogie et ce film en est la parfaite demonstration. Un film, visuellement séduisant mais narrativement médiocre.