Un nouveau Star Wars est forcément un événement. Il est aussi attendu que redouté. Mais au-delà de l’exploitation du mythe, encore faut-il que l’objet filmique soit de qualité, efficace … et qu’il sache sortir des sentiers battus ? L’épisode 7 avait certaines qualités mais il péchait par sa trop grande timidité. Abrams avait peur de s’attirer les foudres de la horde de fans traditionalistes. Alors il leur a donné ce qu’ils voulaient tout en respectant le cahier des charges imposé par Disney. C’était une forme de remise en route, un peu comme quand on revoit quelqu’un qu’on a pas vu depuis longtemps et qu’on se remémore les bons moments du passé avant de constater que tout ça c’est fini et que les choses ont changé. Dès lors, on entame une nouvelle histoire. Et c’est là qu’intervient Rian Johnson. A grand coups de crayons, il entend passer à la suite. Il décide de remettre les vieilles idoles dans la vitrine et d’introduire « pour de vrai » les nouveaux personnages. Et c’est la première force du nouvel épisode. Enfin, on laisse de la place aux nouveaux héros. Il épaissit les portraits psychologiques et introduit de nouveaux enjeux. Et si la spiritualité prenait la place de la religion ? C’est le second postulat de Johnson. La force, croyance à la pratique codée et hiérarchisée laisse la place à une plus grande liberté dans son interprétation. Mine de rien, c’est le début d’une mini révolution. Et enfin et en conséquence, le récit se détache d’un manichéisme qui était la marque de fabrique de la saga. Les héros et anti-héros doutent. L’obscure et la lumière se confondent. Les perspectives sont donc ouvertes et les dilemmes plus complexes, freudiens même. Le tout dans un récit d’une efficacité redoutable et avec un second degré que la série ne connaissait pas jusqu’à présent. Les scènes de batailles sont assez épiques pour que le spectateur soit scotché à son siège et les hommages aux maîtres du passé (coucou Leone) sont nombreux. En clair, on ne s’ennuie pas une seconde et on découvre avec délectation le potentiel dramatique des nouveaux personnages (fort bien interprétés) et pour la première fois depuis longtemps, on se dit « vivement la suite ».