"La galaxie a besoin de Luke Skywalker" ... et des femmes !


Prologue



Première impression et analyse à chaud (lien vidéo public Facebook)
Critique vidéo avec des révélations et surtout de l'humour et de l'analyse
En anglais le titre laisse plus de place à la subtilité, puisque ni les adjectifs ni le mot Jedi ne s’accordent et qu’il n’y existe qu’un seul article défini. Est-ce donc le, la ou les dernier(e)(s) jedi ? Homme ? Femme ? Seul ? A plusieurs ? C’est sur cette ambiguïté que joue une partie du scénario. C’est aussi là dessus que le scénario est assez beau pour apporter un peu de souffle spirituel, qu’il ajoute au souffle épique de la deuxième partie du film.
Roman d’apprentissage moderne, américain et cinématographique, la dernière mouture de La Guerre des Étoiles, réussit le pari de rendre hommage au passé tout en démythifiant sa propre légende. Le tout interprété par plusieurs acteurs de talents et soutenu par une musique de John Williams adéquate. Ce dernier fait est presque une évidence. Pourtant certains points viennent aussi noircir ce bel horizon sans gâcher le plaisir, d’un épisode plus profond qui n’y paraît.



"L'échec est le plus grand maître" (Yoda)



Depuis les premiers opus de Star Wars, le thème de la famille et de la construction de soi et du passage à l’age adulte est évoqué. Luke Skywalker se retrouvait au cœur de la Nature, la jungle, inhospitalière avec un vieux maître vert et finissait pas faire face à son père. L’inconscient de George Lucas semblait se déverser dans sa création (voir les critiques en surbrillance bleue plus loin). Pareillement dans ce dernier épisode, on retrouve Rey dans le rôle de l’élève et Luke Skywalker, cette fois-ci dans le rôle du maître. La Nature difficile est encore présente mais cette fois sous la forme d’une île, de roche et de pluie. On revisite, encore et toujours. Pourtant si l’histoire s’appuie structurellement sur celle de L’Empire Contre Attaque de la même manière que Star Wars : Le Réveil de Force s’appuyait sur le scénario de La Guerre des Étoiles, elle prend des libertés et continue de plus belle une salutaire œuvre de démythification qui permet en parallèle de rendre les personnages plus humains et donc plus tangibles pour le spectateur. Si parfois ce parti pris pousse trop loin l’humour comme les blague décalées que fait Luke Skywalker, il fonctionne la plupart du temps. On nous raconte alors un autre apprentissage. Celui de l’élève, une femme pour une fois, mais également celui du maître qui est amené à comprendre son propre rôle, sa mission. L’apprentissage est aussi celui du protagoniste principal, Kylo Ren. Il est mis en parallèle de celui de Rey. Le masculin d’un côté, le féminin de l’autre. Qui est vraiment obscur, qui est vraiment dans la lumière ? Les deux personnages semblent tirailler, parfois presque perdus. Le masculin n’est donc pas limité à Kylo Ren mais est symbolisé par d’autres personnages. Le féminin de surcroît, peut tout aussi sombrer du côté obscur de La Force ...



Le féminin et l’équilibre spirituel



D’ailleurs Rey, elle-même est hanté par ses propres illusions. Elle apprend. Le fait que l’élève soit une femme n’est pas anodin. D’une part c’est « l’air du temps ». Toutefois là ou plusieurs films d’action ne font que transposer un rôle qui aurait été dévolu à un homme auparavant, Star Wars VIII propose une alternative plus cohérente. D’autre part, cette cohérence résonne avec un équilibre homme-femme ou plutôt masculin-féminin. Cet équilibre fait écho à celui de La Force, cette énergie qui est présente dans tout l’Univers, inspirée, entre autres, du Chi et du Tao chinois. En effet le film présente beaucoup de personnage féminins, qui jouent des rôles cruciaux. Aucune n’est là pour faire jolie. Le test de http://bechdeltest.com est réussi !
L’intrigue prend une tournure d’autant plus profonde et inattendue quand est montré que les Jedi aussi peuvent être atteints d’orgueil et que c’est pour cette raison qu’ils peuvent disparaître. En effet comme le dit Luke Skywalker, la Force ne leur appartient pas ! Ils la maîtrisent de manière plus ou moins talentueuse mais elle sera là bien après eux. La route de la spiritualité rejoint celle de l’apprentissage.
La production aussi semble avoir appris du film précédent et de l’avis du public, notamment sur la forme du film même si sa structure est déséquilibrée ...



Tout ne brille pas sous le(s) soleil(s) de Star Wars



Comme Independance Day : Resurgence avant lui, Star Wars Episode VIII, n’oublie de placer un personnage au visage extrême-orientale pour le marché chinois, dénommé Rose. Il faut bien admette que ce personnage ne sert pas qu’à cela mais fait également avancer l’intrigue et change des éternelles bimbos des films d’action. C’est d’ailleurs le cas pour l’ensemble des personnages féminins. Ajoutons que Rose prononce une des phrases les plus touchantes du métrage. Daisy Ridley est jolie certes mais on est heureusement loin des Jessica Alba ou Pamela Anderson, omniprésentes à une époque.
Sur sa forme le film est coupé en deux. Une première partie qui rallonge souvent les temps d’exposition et se sert du canevas qu’elle a décidé d’utiliser de manière parfois trop anémique. Le montage manque de dynamisme. A partir de la moitié, cette tendance s’inverse. Et un souffle épique s’introduit, notamment avec des scènes d’action bien scriptées, claires et des plans très beaux, notamment tous ceux qui mettent le soleil en jeu. Encore une symbolique forte. Symbolique qui est utilisée dans une parabole de la princesse Leia. D'ailleurs, outre cette parabole, plusieurs dialogues sont de véritables conseils de vie. On ressent, à nouveau, clairement que nous vivons à une époque qui se tourne vers l'introspection et l'esprit.
La première moitié du film étant plus sombre que la deuxième alors que le soleil revient petit à petit à l’écran. L’esthétique des soldats de Snoke, tous différents, est forte et imprime la rétine, contrairement à la sienne. Et cette multiplication de personnages permettra également de vendre beaucoup de produits dérivés. Ce qui dérive aussi c’est l’humour trop forcé. Certaines créatures ou robots ne sont filmés que pour placer un gag. L’humour dans la première partie qui est plus introspective, était donc de fait plus difficile à faire passer par les personnages eux-mêmes. Cela coupe le sentiment du spectateur envers ceux-ci et dessert le processus identification nécessaire à notre empathie. C’est dommage car John Boyega était très drôle dans le volet précédent. Les scénaristes semblent s’être rendu compte, eux aussi, du trop-plein burlesque, au moment d'atteindre cette fameuse ligne médiane, étrangement, lorsque dans une scène qui fera date, Chewbacca pousse violemment une créature mi-hibou, mi-chien de prairie du tableau de bord du Millenium Falcon ! Enfin, peut-on souffler alors. L’autre écueil est le dispensable rôle joué par Benicio del Toro, qui est toujours en phase descendante, et cabotine de manière inadéquate au regard des autres protagonistes.


Au bout du compte cependant, les défauts de cette dernière super production ne sont pas assez nombreux pour gâcher le plaisir de retrouver les étoiles et ses guerriers. Les chassés-croisés perpétuels et les hésitations des personnages apportent de l’ampleur à cette revisite de l’épisode V et les différents clins d’œil et remises en question apporte de la fraîcheur. La mythologie Star Wars prend de l’épaisseur, en racontant un conte initiatique depuis l’épisode précédent, avec des symboles forts, qu’ils soient astraux ou spirituels, et avec également des acteurs performants, une musique toujours magique, des effets spéciaux et une intrigue connue mais agréable. Une nouvelle réussite qui donne envie de voir la conclusion (?) dans l’épisode IX.

Créée

le 13 déc. 2017

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Fiuza

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