S'il vous plait, donnez-moi un autre Klendathu

Au 24e siècle l'humanité à bien évolué … ou pas. La planète Terre est dirigé par la "fédération", sorte d'ONU aux pouvoirs élargis et à l'efficacité prouvée. L'Homme maitrise enfin le voyage spatial et commence à coloniser d'autres planètes, entrainant des confrontations avec ce qui semble être l'unique espèce évoluée dans l'univers : les "arachnides", des insectes géants gouvernés par une "reine" dont l'humanité ne sait finalement pas grand chose.

Dans ce futur où la citoyenneté n'est pas un droit mais une récompense qui s'acquiert grâce au service militaire nous suivons les aventures du jeune naïf et idéaliste John Rico (Casper Van Dien), et de ses compagnons de régiment durant ce service militaire. Une séquence qui n'est pas sans rappeler les références du genre, "Full Metal Jacket" bien sur, mais plus particulièrement "Officier et Gentlmen". Avec ce sergent instructeur tyrannique et cruel, superbement interprété par Clancy Brown, qui s'avérera être le meilleur allié de Rico à deux moments clés du film.

Les arachnides lancent alors une attaque Pearl Harbourienne en détournant un astéroïde sur Buenos Aires, faisant du jeune Rico un orphelin. Symbole s'il en est du passage à l'âge adulte, renforcé par la fin de son entrainement et son incorporation dans l'armée de la fédération. Cette agression aussi violente qu'inattendu viens punir l'humanité de son arrogance. Cette race qui se croit sans cesse supérieur en tout point ne croyait pas les arachnides capables d'un tel exploit. Malgré cette scène au tout début du film où la professeure de biologie de Rico, aveugle de son état, met en garde contre les capacités insoupçonnées des arachnides. Figure récurrente de l'aveugle qui voit plus loin que les autres, et prédit certaines catastrophes (on peut citer Mac Beth par exemple).

Car en effet les catastrophes ne s'arrête pas ici. L'Homo Sapiens toujours aussi arrogant, trop confiant et mal préparé, attaque la planète Klendathu, centre de la civilisation arachnides. Une bataille qui se soldera par un désastre et 100 000 morts. La leçon étant cette fois retenu la fédération change de stratégie et de sky marshall (chef d'état major) car "personne ne veut d'un autre Klendathu".

Au travers de ce film Paul Verhoeven critique ouvertement ses congénères, mais aussi l'impérialisme américain et le fascisme. L'histoire est entrecoupée par de délicieuse vidéos de propagande montrant des enfants participant à l'effort de guerre, ou nos valeureux soldats partant au combat la fleur au fusil. Comme à son habitude Verhoeven se moque aussi des codes du cinéma américain. Ainsi le personnage de Rico est un beau jeune homme fringant, quaterback de son équipe de football américain futuriste, et aux principes moraux admirables. Il ne manquait plus qu'il promène sa petite amie dans sa Chevrolet décapotable. Malheureusement sa petite amie (Denise Richards) est parti très tôt suivre une formation de pilote. Elle aussi est stéréotypée à l'extrême jusqu'à en devenir presque comique.

Enfin merci à Paul Verhoeven d'avoir détruit Buenos Aires. Non pas que j'éprouve quelques rancunes contre le peuple argentin, mais on avait tellement de fois vue la statue de la liberté le bec dans l'eau que ça en devenait lassant : "Independance Day", "La Planète des Singes", "La Guerre des Mondes", ou encore "Mars Attack!". Ce dernier se moquant lui même des codes, mais passons. Après tout nous sommes tous terriens alors quand les aliens nous attaquent pourquoi c'est toujours les américains qui prennent chère et nous sauvent la mise. Alors s'il vous plait, je veux revoir la destruction de Buenos Aires au cinéma, et je veux revoir un désastre de Klendathu.