Le sarcasme pour les nuls

Je pourrais commencer cette critique en comparant ce film avec le livre original. En tant qu'adaptation, celle de Paul Verhoeven ne respecte pas grand chose.
Mais ça ne serait pas très pertinent.

Je déplore bien sûr la perte de parties intéressantes de l'histoire, notamment lors du boot camp. Je regrette également que l'on ai pas eu de soldats équipés de power suits - outre le facteur d'awesomeness supplémentaire que cela aurait représenté, voir des pauvres soldats à pieds combattre les Insectes, ça a quelque chose de ridicule. Globalement, on ne retrouve pas un nombre de choses qui ont fait de Starship Troopers une brique fondatrice de la science-fiction militaire.

Mais je n'en pense pas moins du film pour autant.
Starship Troopers, le livre, introduit plus un univers qu'une histoire - en plus de servir d'essai déguisé à son auteur. Une adaptation appelle donc plus à la réappropriation qu'à la fidélité.

Le problème que j'ai avec ce film se situe ailleurs.
Verhoeven fait de son Starship Troopers une sorte de parodie grotesque de l'armée et d'un état manipulateur, avec sa propagande, son camp d'entraînement, ses soldats. Mais trop grotesque, c'est trop. Il n'y a pas une once de subtilité dans le message envoyé, la débilisation des soldats et du gouvernement est étalée partout sur l'écran. Ça n'est que du sarcasme facile.
Ce qui, au passage, rend les 20 premières minutes et la fin du film terriblement nulles.
L'idée de prendre un livre de science-fiction militaire, rempli d'idées pro-militaristes, et d'en faire une parodie extrême anti-militaire, n'est clairement pas dénuée d'intérêt. Le message existe. Mais il paraît simpliste et en vient à nuire au reste du film: cela rejette en bloc la part de glorification du courage et du sacrifice que l'on y voit, alors qu'elle aurait mérité d'être plus nuancée.

Il n'en reste pas moins un certain nombre de qualités. Le film reste une oeuvre de science-fiction militaire, cruelle et violente, avec parfois une note d'épique. On y voit les horreurs de la guerre, on y sent l'idée d'une humanité luttant contre son extinction. Le coté légèrement série B pas très fine ressort d'autant plus que rien n'est très subtil ici, ce qui donne un coté de divertissement jubilatoire très blockbuster à la chose.
Tout ceci aidé bien sûr par la bande-son tout simplement géniale de Basil Poledouris, qui fait des merveilles pour rendre le tragique et l'épique, et dont les tonalités continue d'inspirer la musique liée à la science-fiction militaire.
Le fait est que passé le mauvais commencement, on ne s'ennuie pas devant ce film.

Un film dont je n'apprécie pas la façon de faire passer un message trop peu nuancé, mais loin d'être dénué de qualités.