Barbie et Ken vs Tarantula ! (ou presque)

Ah ! Quel plaisir de redécouvrir ce film injustement mésestimé (en tout cas à l'époque de sa sortie en salles en 1997) et ô combien jubilatoire que constitue "Starship troopers".

A l'époque, celui que l'on surnomme le "hollandais violent", le sulfureux et provocateur Paul Verhoeven voit ses relations avec Hollywood battre dangereusement de l'aile suite au gros échec critique et public de "Showgirls". C'est donc histoire de jouer sa dernière carte que Verhoeven accepte de s'attaquer à "Starship troopers", adaptation d'un petit roman de S-F, "Etoiles, garde à vous !".
Vendu comme un gros blockbuster gonflé aux dollars et aux nouvelles jeunes belles gueules hollywoodiennes du moment (Casper Van Dien, Denise Richards, Dina Meyer, Neil Patrick Harris), Verhoeven décide pourtant de prendre tout le monde à contre-pied avec ce film, ce qui lui vaudra d'ailleurs d'énormes soucis avec les studios mais aussi et surtout avec (une partie de) la critique, le taxant ni plus ni moins de néo-nazi, ayant réalisé un film prônant la propagande nazie et l'extrême droite.

Le plus paradoxal dans toute cette histoire, c'est qu'il n'en est RIEN ! "Starship troopers" est tout sauf un objet teinté de fascination nazie, bien au contraire, le film se présente comme un pamphlet à la fois provocateur, culotté et surtout très drôle contre les régimes totalitaires.
Comme dans son célèbre "RoboCop", Verhoeven donne à voir au spectateur un bulletin d'information hors-film relatant la progression des terribles monstres arachnéens contre lesquels doivent lutter nos jeunes, beaux, courageux et forts soldats ainsi que leurs diverses batailles.

Mais la meilleure trouvaille du film réside dans le fait que le "hollandais violent" ait construit son film (ou du moins la première partie se déroulant dans un lycée on ne peut plus américain) comme une véritable sitcom. Ainsi, Johnny-Carmen (Casper Van Dien et Denise Richards), le couple-vedette du film n'est rien moins que la métaphore à peine voilée de Ken et Barbie dans l'espace, sans même parler de l'interprétation (volontaire ou pas) surjouée de Denise Richards, optant pendant quasi tout le film pour un sourire "colgate" typique de n'importe quelle figurine Barbie. Idem pour les autres comédiens, incarnant rien moins que des stéréotypes de sitcom (le beau gosse aux gros bras meilleur ami de l'intello coincé du bahut, l'autre fille canon épris d'un désir d'amour torride pour le héros) avec en prime, ce qui rend le film d'autant plus drôle (dans le bon sens du terme), un 1er degré assez désarmant.

Ceci dit, malgré son statut évident de pamphlet ironique et diaboliquement cynique, "Starship troopers" n'en reste pas moins un thriller de S-F très spectaculaire, ponctué de scènes d'action crues, violentes et parfois même terriblement réalistes (Verhoeven n'étant pas surnommé le "hollandais violent" pour rien) de par son traitement gore. Niveau hectolitres de sang, on doit pas être très loin de la centaine.

En deux mots, ce film de S-F vraiment pas comme les autres constitue donc un joyaux injustement incompris, pris pour ce qu'il n'était pas et qui mérite assurément (même si ça a déjà été un peu le cas, merci les Cahiers du Cinéma) d'être réhabilté et surtout ré-estimé.

Un film à voir et, si vous l'appréciez, à savourer sans modération !