Rappelez-vous Mr. Oizo, ce petit bonhomme jaune en peluche qui fumait des cigares dans un fauteuil de ministre. On était à la toute fin des années 90. Celui qui lui a donné vie n'est autre que Quentin Dupieux, le réalisateur de Steak.
Je parle de son passé en tant que créateur musical non sans raison. Car après avoir visionné ce film, je me dis que ce mec est quand même bien barré; et pas seulement avec Flat Eric.
Pour endosser à l'écran ses personnages loufoques et déjantés, il a choisi d'associer le duo Eric/Ramzy qui est loin d'en être à son coup d'essai (La tour Montparnasse infernale, Les Dalton, Double zéro).

Perso j'ai eu beaucoup de réticences à (encore) une fois mater un film de ces deux gais-lurons. Humour potache est souvent le maître-mot qui revient quasi à chaque fois. Et je suis tombé sur un type sur Youtube qui en a fait la critique. Ça m'a finalement donné envie de le visionner.
Le film est court (1h15) mais foutrement addictif et bourré de clins d’œil à UN film : A Clockwork Orange. Enfin je dirais plutôt hommage en quelque sorte. J'y reviendrai.

"La nouvelle comédie d'Eric & Ramzy". Ne vous fiez absolument pas à l'affiche du film car ça ne retranscrit en rien le contenu. Primo ce n'est pas une comédie, en tout cas pas tel que je l'entends, et deuzio c'est trompeur car les mectons qui ont concocté cette fameuse affiche l'ont faite dans un souci purement commercial pour les fans du duo. Or, c'est pas ça du tout. On s'attend évidemment à une comédie bateau comme il en existe des milliers, mais très rapidement on se rend compte que ça va méchamment partir en couille. Et c'est effectivement le cas.
Je parlais un peu plus haut de Orange Mécanique. Comment ne pas le citer ? Impossible. Le film est truffé de symboles y faisant directement référence. Pêle-mêle: le lait, le clan des Chivers, les codes vestimentaires, la violence (certes beaucoup plus light ici, mais violence quand même), les décors, la folie, les masques, la déviance, etc, etc. Voilà grosso modo tous les traits principaux que l'on retrouvent dans Steak et dans Orange Mécanique de Kubrick. Même les fonds sonores y font directement penser ; lesquels instaurent les mêmes malaises, accentuant par-là même la tension.

Point de comparaison. Je m'en garderais bien. A l'instar de Quentin Tarantino qui pioche ça-et-là dans sa grande culture cinématographique, Quentin Dupieux semble avoir jeté son dévolu chez l'un des maîtres du cinéma. Est-ce propre aux "Quentin" ? L'astrologie peut-elle nous répondre ?

Ce film est absurde, dans le sens cinématographique bien entendu. Il mélange le réel et la fiction, secoue l'imaginaire, fait appel à notre déraison, agite nos maxillaires et zygomatiques, déconstruit nos habitudes et les met à mal. Et comme le fit Orange Mécanique à son époque, il provoque des réactions, des questionnements, des stupeurs.
La trame se passe aux États-Unis dans une bourgade paumée. L'époque n'est pas définie mais il existe des mélanges de genres vestimentaires (les fameux Chivers qui portent le type de blousons qui étaient à la mode dans les années 50/60 sur les campus US chez les joueurs de football) avec une mode beaucoup plus récente chez les autres personnages.

Si je devais résumer ce film, je dirais qu'à la base il ne présente ni queue ni tête. Mais après l'avoir bien digéré, je me dis qu'il met également en exergue ce que Kubrick avait déjà fait en 1971 avec son œuvre. La sociabilisation clanique, les codes s'y attachant, la folie et l'internement, l'oisiveté, la recherche de reconnaissance, le rejet.

Je le conseille à tous ceux qui souhaitent voir se mélanger humour décalé et absurdité.
lehibououzbek
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le 4 juil. 2014

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lehibououzbek

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