Touché par la grâce et bercé par le bruit des vagues.

Naomi Kawase est une réalisatrice qui aime filmer avec amour son Japon natal. Sublimer les paysages naturels de l’archipel est son plaisir et sa force. Comme on pouvait l’espérer au vu de la bande-annonce, « Still the water » est un régal pour les yeux. Les vagues, le vent qui prend dans les arbres, les étendues verdoyantes... tant de décors qui laisseront bouche-bée les amoureux de la nature. « Still the water » est tout aussi plaisant à écouter. On se laisse emporter avec délectation par les bruissements du vent et des vagues qui se font continuellement entendre en arrière-plan.

Les musiques de Hasiken sont également très jolies, tout comme les chants traditionnels japonais qui subliment l’œuvre tout en lui apportant une infinie douceur.

Comparé aux images mises en boîte par Naomi Kawase, deux des trois thèmes abordés renvoient nettement moins à la douceur. Trois axes sont ainsi développés durant le film : l’histoire d’amour naissante entre Kyoko et Kaito, la lente agonie de la mère de la jeune fille, et la découverte d’un cadavre ramené par les flots. Le problème est qu’en s’éparpillant de la sorte, le film dévoile trois portions de vie sans exploiter en profondeur aucune d’elles. Alors, sauf peut-être la romance entre Kyoko et Kaito qui bénéficie du temps nécessaire pour se mettre en œuvre, le reste est bâclé. J’aurais voulu plus d’informations sur la nature chamaniste de la mère de Kyoko, en savoir plus sur ses rituels et ses liens mystiques. J’aurais apprécié que la découverte du cadavre ait un réel impact sur la population de l’île d’Amami. A l’inverse, je pense que les disputes entre Kaito et sa mère, et la façon dont celle-ci est reliée aux évènements, auraient pu nous être épargnés.

De même, certaines scènes sont incompréhensibles et n’apportent rien à l’ensemble, notamment la scène où l’ancien compare Kyoko à son arrière-grand-mère. « Still the water » prend donc tout son temps pour traiter différents aspects, ce qui entraîne des longueurs, et donc l’ennui.

Certes, le film est beau, mais les plans de caméra de la réalisatrice empêchent régulièrement de profiter pleinement de cette beauté. En effet, Kawase semble prendre plaisir à faire trembloter sa caméra, même lors des moments contemplatifs. Ceux-ci auraient gagné à être fixes afin de donner le temps au regard de se poser sur tant de beauté sans rendre le spectateur nauséeux à cause des tremblements.

Quant aux performances des acteurs, il est surtout dommage de voir que Nijirô Murakami n’a pas le même niveau que la ravissante Jun Yoshinaga et que son père à l’écran, l’excellent Tetta Sugimoto.

« Still the water » est donc un beau film, mais qui comporte malheureusement trop de manques scénaristiques pour m’en laisser une impression positive. La beauté du Japon n’a cette fois pas réussi à me suffire.
mewnaru
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le 6 oct. 2014

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mewnaru

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