Still the water de la japonaise Naomi Kawase est précédé de bonnes critiques et d'une réputation solide puisqu'il se dit que ce film a bien failli récolter la palme d'or à Cannes (1) .
Sur l'île d'Amami (une île dont est originaire la cinéaste, au sud du Japon à mi-chemin d'Okinawa), les habitants vivent en harmonie avec la nature omniprésente : luxuriance tropicale (une forêt digne de Miyazaki), océan pas si Pacifique que cela, alizés et typhons, volcans et tremblements de terre, les japonais n'ont guère d'autre option que la communion avec les esprits naturels (chez nous, faute de spiritualité et d'élévation d'âme, on s'en prend généralement au bras séculier des pouvoirs publics).
On retrouve donc avec plaisir sur Amami toute la spiritualité et le chamanisme que l'on avait découverts récemment sur Okinawa grâce à la BD Mabui qui fut pour nous une belle introduction au film de Naomi Kawase.
Sur l'île, deux adolescents, deux familles. Les ados devront quitter le giron maternel et accéder à l'âge adulte : un passage difficile, un typhon émotionnel, après lequel il n'est pas aisé de retrouver son équilibre et une nouvelle harmonie.
Le titre original est Futatsume no mado, La seconde fenêtre.
Malheureusement, à force d'explications pesantes et de répétitions appuyées, le film s'avère un peu trop lent, trop long (2h) et trop contemplatif : cela explique sans doute sa diffusion en salles quasi confidentielle qui aura accentué l'exclusion de tout un public potentiel.
Donc bienheureux ceux qui comme nous, auront franchi ces obstacles : ils seront finalement touchés par la grâce et pourront assister à quelques scènes qui relèvent tout simplement de la pure magie du cinéma.
Les balades en vélo des deux jeunes gens, les chants qui accompagnent la mère, le repas familial où les parents asticotent gentiment leur fille amoureuse, sont autant de moments vraiment superbes de naturel, d'humanité et d'émotion.
L'occasion aussi de (re-)découvrir un Japon méconnu, une spiritualité étonnante et de retrouver la forte empreinte de la nature tropicale.
On y découvre également une lumineuse jeune femme Jun Yoshinaga (la jeune fille) et surtout un acteur superbe Tetta Sugimoto (le père de la jeune fille) au visage tout aussi lumineux, transparent dans ses émotions qui nous donne réellement l'impression de 'voir' à travers lui.
Difficile de 'noter' ce film dont certaines scènes méritent au moins le 10/10 alors que l'ensemble ne vaut pas tout cela.

(1) - après Winter sleep, ce film aurait pu être titré Autumn sleep ! Décidément les jurés cannois avaient le sommeil facile cette année.
BMR
6
Écrit par

Créée

le 6 oct. 2014

Critique lue 418 fois

BMR

Écrit par

Critique lue 418 fois

D'autres avis sur Still the Water

Still the Water
Sabri_Collignon
10

Still The Beauty!

Il y 'aurait tant à dire sur cet époustouflant hommage à la beauté plurielle,qui nous offre en à peine deux heures un concentré d'émotion rarement atteint ces dernières années.Naomie Kawase possède...

le 2 oct. 2014

20 j'aime

8

Still the Water
Marianne_Robiduc
7

Comme la fin d'une vague

On ne va pas voir ce film par hasard. On ne se fie pas à la bande annonce quand on connait Naomi Kawase. Et pourtant, j'ai plongé dans ce film en novice, captivée par le trailer. Pendant deux heures,...

le 12 oct. 2014

14 j'aime

6

Still the Water
mikeopuvty
2

"Hum" : la réponse à tout.

La Poésie est une affaire délicate, éthérée, une brise d'automne qui glisse entre les doigts. C'est le territoire des plus grands cinéastes qui de par le monde ont su la filmer où elle se trouvait.....

le 12 oct. 2014

12 j'aime

2

Du même critique

A War
BMR
8

Quelque chose de pourri dans notre royaume du Danemark.

Encore un film de guerre en Afghanistan ? Bof ... Oui, mais c'est un film danois. Ah ? Oui, un film de Tobias Lindholm. Attends, ça me dit quelque chose ... Ah purée, c'est celui de Hijacking ...

Par

le 5 juin 2016

10 j'aime

2

The Two Faces of January
BMR
4

La femme ou la valise ?

Premier film de Hossein Amini, le scénariste de Drive, The two faces of January, est un polar un peu mollasson qui veut reproduire le charme, le ton, les ambiances, les couleurs, des films noirs...

Par

le 23 juin 2014

10 j'aime

Les bottes suédoises
BMR
6

[...] Je ne suis pas hypocondriaque, mais je préfère être tranquille.

C'est évidemment avec un petit pincement au cœur que l'on ouvre le paquet contenant Les bottes suédoises, dernier roman du regretté Henning Mankell disparu fin 2015. C'est par fidélité au suédois et...

Par

le 10 oct. 2016

9 j'aime

1