Quand l'innocence se fâne
Je ne suis pas un grand fan de Park Chan-Wook. Sa trilogie de la vengeance ne m'a pas trop plu. J'ai par contre bien aimé JSA. J'avais donc de l'appréhension en abordant "Stoker" ; j'avais peur que ce soit bourré d'effets de style comme dl'auteur les affectionne.
Malheureusement, on n'y échappe. Des effets de style, y en a des masses. Et j'aime toujours pas. Alors oui, Park Chan-Wook réfléchit à ses mouvements, à ses plans, à son montage (qui rappelle du Peckinpah par ses nombreux flash forwards), mais souvent on se dit qu'il aurait pu faire plus simple, que ses mouvements sont surtout une façon d'en foutre plein les yeux. Sur le premier tier du film, où il ne se passe pas grand chose, c'est très irritant. Après quoi, la narration se densifie et prend le dessus, même s'il reste toujours ici et là des passages formels très techniques.
Puis j'ai beau trouver son travail de la caméra un peu prétentieux, il faut tout de même bien avouer qu'il reste le digne successeur des chef op' des années 40 : un jeu d'ombre, un jeu de mise au point, des travelling qui paraissent louds (la caméra n'est pas virevoltante comme dans un Terrance Malick). Et tout ça, c'est beau. C'est horriblement chiant au niveau de l'histoire, au niveau du rythme, mais pris à part, c'est juste beau.
L'histoire est intéressante. Je n'en attendais pas autant de la petite vedette de Prison Break. Il y a tout d emême quelques points faibles : une histoire qui démarre trop tardivement, un flash back un peu maladroit et une fin un peu trop adolescente. Pour un peu, je me suis dit qu'avec "Stoker", il n'était plus nécessaire de remaker "Carrie". Autrement dit, durant les 2/3 du film, il règne une ambiance un peu fantastique ; le retour à la vie réelle passe difficilement (quand je disais que le flash back était maladroit) ; la fin qui annonce à nouveau un basculement dans le fantastique amène un sentiment de non assumé ou bien de cul entre deux chaises.
Bref, "Stoker" souffre de quelques effets visuels de trop ainsi que de quelques scènes maladroites dans l'écriture, mais globalement c'est beau, c'est intriguant et la métaphore sur le passage à la vie adulte marche plutôt bien.
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