Précurseur spirituel de Detroit, et véritable oeuvre à deux têtes, Strange Days est un film qui ressemble autant à sa réalisatrice Kathryn Bigelow (subversion des clichés virils du cinéma d'action, personnages damnés, mise en scène "à l'épaule" estomaquante) qu'à son co-scénariste et producteur James Cameron (collusion entre haute technologie et sentimentalisme, photo bleutée, femmes d'action instantanément cultes). Autant dire que 23 ans après sa sortie, le film est toujours aussi passionnant, malgré et grâce à ses stigmates stylistiques typiques des années 90. Avec le recul, le casting est encore plus impressionnant qu'à l'époque (Fiennes a rarement été meilleur), la réalité virtuelle - qui est en fait tout sauf virtuelle, malgré ce que les clients de Lenny voudraient bien croire - est abordée avant même la démocratisation d'Internet de manière visionnaire, les images de la fiesta apocalyptique du nouveau millénaire sont incroyables…
Et un sentiment d'urgence, d'imminence de l'explosion des communautés dans un grand raout de violence aveugle indistincte électrise tout du long ce néo-noir encore parfaitement d'actualité.