Il y a des retours auxquels on ne croyait plus. Johnny Depp. L'homme derrière les traits de nombreux personnages fantasques, du mutique Edward aux mains d'argent au pirate excentrique Jack Sparrow. Mais depuis quelques temps, le comédien fétiche de Tim Burton semble s'être fourvoyé. Qui aurait cru qu'il retrouverait la grâce en campant l'un des plus dangereux criminels des États-Unis ?
Années 70. Boston. James « Whitey » Bulger est un caïd irlandais qui étend lentement mais sûrement son emprise sur la ville. Une ascension qui va s'accélérer lorsque Bulger est contacté par l'un de ses anciens amis d'enfance devenu agent du FBI. Une collaboration dangereuse qui permettra au mafieux d'écraser la concurrence sans se salir les mains.
Psychopathe dans l'âme, « Whitey » Bulger a déjà inspiré les truands de The Town ou Les Inflitrés. Le réalisateur Scott Cooper réussi la passe de trois, après Crazy Heart et Les brasiers de la colère, en en faisait la figure centrale de son dernier film. Véritable génie du mal, Bulger apparaît aussi méprisable que fascinant. Et ce n'est rien comparée à la prestation que livre Johnny Depp, peu habitué aux rôles de méchant. L'acteur s'efface totalement derrière les yeux bleu acier de son personnage. Il domine un casting de haute volée, composé entre autre d'un Joel Edgerton, lui aussi en grande forme.
Avec son jeu tout en retenue, Depp se retrouve aux antipodes de ses rôles haut en couleurs, où il en faisait, il faut le dire, des caisses. Cette sobriété, qui s'accorde au ton général du film, ne fait que renforcer la peur qui se dégage de Bulger. L'homme se plaît à faire peur et Depp se plaît à la retranscrire. Plus qu'un excellent polar, c'est la sensation de retrouver un acteur qu'on pensait perdu qui l'emporte. Pourvu que ça dure !